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EAN : 9781781087787
64 pages
2000 AD Graphic Novels (27/04/2021)
5/5   1 notes
Résumé :
Midsommar meets The Wicker Man in this break-out original folk-horror graphic novel from the pages of 2000 AD!

Britain, 2019. The secluded rural village of Harrowvale holds a dark past—that years earlier, on a farm bordering the vast tracts of woodland, it hosted a cult that was seeking to escape civilisation and find purity in the old ways, namely worshipping an ancient deity called Thistlebone. Led by the charismatic Jasper Hillman, their pagan beli... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, qui se suffit à elle-même. Il regroupe les chapitres parus dans les numéros 2135 à 2144 du magazine hebdomadaire 2000AD, en 2019, écrits par T.C. Eglington, et illustrés par Simon Davis. Il contient également les 2 couvertures réalisées par l'artiste pour le magazine, ainsi que 6 pages à l'état d'esquisse couleur, puis l'étape encrée correspondante. La dernière page annonce un deuxième tome dont la sérialisation doit débuter dans 2000AD au printemps 2021.

Il y a de cela vingt ans, un groupe d'individus s'était formé en une communauté dans une ferme à l'écart de la petite ville de Harrowvale dans la campagne britannique. Jasper Hillman, leur chef spirituel, prônait une forme de retour à la terre, et le culte d'une divinité appelée Thistlebone, évoquant à la fois un lièvre, un loup et un cerf. Ils avaient retenu captive Avril Eason, celle-ci ayant bien décelé la similitude avec une communauté comme celle de Charles Manson. En 2019, vingt ans plus tard, Avril répond aux questions de la journaliste qui prépare un article sur le sujet. Elle évoque les cérémonies et les croyances de ce culte, des rituels nocturnes. C'est la première fois qu'elle en parle ouvertement à quelqu'un qui n'est pas un thérapeute. Elle évoque leurs chants rituels dans un langage fabriqué de toute pièce, mais hypnotisant, dans lequel elle avait l'impression de finir par distinguer des mots intelligibles. Elle était détenue dans une pièce à part, dans une grange, attachée à un pilier. Un soir, Mairi Burns est venue la trouver avec un couteau et l'a détaché, lui indiquant qu'elle devait fuir en courant, et que cela devait laisser penser qu'elle s'était échappée toute seule.

Avril Eason s'était mise à s'enfuir, dans les bois en pleine nuit, toujours affamée, ayant l'impression de voir devant elle le spectre gigantesque d'un lièvre, d'un loup et d'un cerf. Elle avait fini par croire à leur dieu et à voir apparaître son spectre au milieu des autres. La journaliste lui rappelle que ses geôliers avaient drogué sa nourriture ce qui explique ses hallucinations. Avril ajoute qu'ainsi ils avaient également l'assurance qu'elle ne serait pas assez vaillante pour leur échapper. Pourtant elle avait réussi à le faire, et Seema ajoute que c'est grâce à ça que Jasper Hillman et sa clique ont fini en prison. Avril explique qu'elle n'a dû son salut qu'à la chance. Elle avait vu un garçon au lycée mettre le feu au gymnase, ce qui lui avait donné l'idée de récupérer la cire des bougies utilisées par le culte pendant ses rituels, et récupérer la boîte d'allumettes qui était auparavant hors de sa portée quand elle était attachée. Ainsi elle avait pu provoquer l'incendie de la grange, ce qui avait détourné l'attention de ses poursuivants, la fameuse nuit du rituel. Elle avait été retrouvée en train d'errer sur la route, et identifiée grâce aux avis de recherche parus dans la presse. Mais la semaine dernière, elle avait commencé à recevoir des lettres et des paquets inquiétants avec le sigil du culte.

Bon an, mal an, le magazine 2000AD continue de proposer de bonnes histoires de Judge Dredd et des histoires qui sortent de l'ordinaire. le lecteur relève tout de suite le nom de l'artiste, car il a illustré des histoires marquantes comme Sinister Dexter, Black Siddha (avec Pat Mills), Ampney Crucis investigates: Vile Bodies (avec Ian Edginton), et une extraordinaire saison de Sláine : The Brutania Chronicles avec Pat Mills. le lecteur retrouve d'entrée de jeu les caractéristiques de ses illustrations : des planches essentiellement en couleur directe, des cases parfois sans bordure, et pour l'usage parfois expressionniste des couleurs avec parcimonie. le scénariste est un habitué de 2000AD pour lequel il a écrit des histoires de Judge Dredd, et des histoires courtes. Il commence son récit en douceur, évoquant sa source d'inspiration (Charles Manson et sa communauté) et faisant évoquer des faits passés par son personnage principal. le lecteur comprend à demi-mots que Avril Eason était destinée à être sacrifiée lors d'un rituel, et elle indique explicitement comment elle s'en est sortie à la journaliste qui l'interroge 20 ans après les faits. Les cases montrent des êtres humains normaux qui n'ont pas l'air d'illuminés, mais aussi des faits avérés comme celui de la détention d'Avril en lui donnant une étrange couleur bleutée à sa peau.

S'il a déjà lu un récit de ce genre, le lecteur apprécie que les auteurs prennent leur temps pour immerger progressivement Avril et la journaliste Seema dans les lieux où s'est déroulée l'affaire vingt ans auparavant. Dans le même temps, il relève, sans grande surprise, les éléments attendus : la communauté isolée, la victime traumatisée, la journaliste sympathique, les croyances païennes classiques de la communauté, mis à part la pratique d'une cérémonie sacrificielle, et au temps présent les gens du coin un peu bizarres. Cette facette du récit évite de sombrer dans les banalités convenues, et de ne susciter qu'un désintérêt poli du lecteur que grâce à la narration visuelle. Simon Davis n'a rien perdu de sa personnalité graphique ce qui fait toute la différence. D'un côté, il sait utiliser les conventions visuelles du genre : ferme isolée, illuminés dans des robes à capuche en train de danser en rond, couteau sacrificiel et masques d'animaux, forêt aux arbres impossiblement hauts, apparitions spectrales proprement fantomatiques avec une touche cosmique. Ces images sont à l'opposé de visuels en carton-pâte génériques et sans âme. Cela fait toute la différence entre un récit sans beaucoup d'imagination produit industriellement à la chaîne, et un récit qui importe réellement à ses auteurs. Cela rend palpable le traumatisme durable d'Avril et sème le doute dans l'esprit du lecteur sur la réalité de ce qu'elle a vu, hallucination ou quelque chose d'ancien ? C'est ainsi que l'illustrateur installe l'ambiguïté, plus que le scénariste, sans oublier la teinte bleue-grise de la peau d'Avril, vraiment surprenante par rapport au reste de la mise en couleurs qui est naturaliste.

Du coup, la narration visuelle est entremêlée à l'intrigue de manière indissoluble, apportant son lot d'informations descriptives, mais aussi psychologiques. Durant la première séquence, les auteurs montrent les événements vécus par Avril Eason au premier degré, sous-entendant que le lecteur doit en faire de même et que le récit comprend une composante surnaturelle avérée. Ils donnent à voir les membres de la communauté en train de psalmodier un chant dans une langue vraisemblablement découlant d'un culte antique et oublié par les manuels d'histoire, les membres dans la grange formant un cercle autour de la pauvre Avril, continuant à psalmodier, et elle proche d'une transe qu'elle n'a pas cherchée et qu'elle ne maîtrise pas, jusqu'à l'apparition de la trinité animale païenne dans sa fuite nocturne dans les bois. Puis le récit revient dans l'instant présent, avec le voyage en voiture, l'arrivée dans une bourgade très ordinaire et banale, et Avril semble victime d'hallucinations visuelles et auditives, de faible ampleur. Les auteurs suggèrent alors que ces événements surnaturels étaient surtout dans l'oeil de celle qui les a contemplés, sous l'emprise d'un produit psychotrope qu'elle ne savait pas qu'on lui avait fait prendre. La teinte bleue grisâtre de sa peau fait alors sens : elle est toujours déséquilibrée, n'ayant pas réussi à surmonter le syndrome de stress post traumatique. le scénariste alterne alors le mouvement de balancier laissant le lecteur libre de choisir la version qui satisfait le plus ses biais : surnaturel, ou trouble psychologique.

Les auteurs ne se limitent pas à cette alternance en guise d'intrigue. Une jeune femme est enlevée. le taxidermiste Malcolm Kinniburgh a un comportement bien étrange. Seema Chaudry s'interroge sur les balades en solitaire d'Avril Eason et ce qu'elle peut bien faire pendant ce temps-là. Quelqu'un lui a-t-il vraiment envoyé des paquets ou est-ce qu'elle a tout manigancé par déséquilibre mental ou pour attirer l'attention, ou les deux ? Et d'ailleurs, Avril s'interroge également sur l'intérêt que lui porte la journaliste, et des coïncidences troublantes entre sa présence et certains événements. Indépendamment de l'hypothèse qu'il privilégie, le lecteur ressent un autre thème sous-jacent. Que le surnaturel existe ou non, les membres de la communauté se comportent comme s'il existe, et Avril également. Ils vivent ces moments de leur vie comme s'il existe bel et bien une entité divine appelée Thistlebone, et ce faisant valident son existence qu'elle soit réelle ou non. Ce choix influe sur leur vie pendant les événements qui se sont déroulés vingt ans auparavant, et les répercussions durent jusqu'au temps présent, y compris sur des individus qui n'étaient pas présents au moment des faits, à commencer par la journaliste. Les auteurs ont alors largement dépassé le stade du jeu si le surnaturel existe ou non, pour établir que les croyances ou la représentation que les uns et les autres se font du monde dictent leur comportement, indépendamment des faits observables.

C'est un vrai plaisir que de retrouver Simon Davis en pleine forme, faisant sienne la narration visuelle, y apportant de nombreux éléments narratifs qui nourrissent le récit au point de l'élever à un stade supérieur. le scénariste donne l'impression de se contenter d'un schéma très classique dans ce type de récit : jouer sur l'ambiguïté de la réalité des phénomènes surnaturels. le lecteur se laisse emmener dans le confort de ce schéma narratif qu'il connaît bien, sans forcément se rendre compte que très progressivement, le récit acquiert plus de substance et de profondeur.
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