Bigoterie, consanguinité, misère, brutalité et alcoolisme congénital : difficile de faire son trou quand on naît à Baker, bourgade minière de la Corn Belt où sport scolaire et bibine sont religions officielles.
Surdoué, multipliant les poulets à la ferme familiale dès ses 8 ans, John Kaltenbrunner est un exclu de cet atavisme de l'Amérique profonde. Mais après s'être saoulé du sang des dindes dont il arrache le cou sur la chaîne de l'abattoir local, le jeune homme fomente l'anarchie avec ses collègues éboueurs.
Talent fulgurant, suicidé à 35 ans après trois
romans,
Tristan Egolf est découvert à 23 ans par
Patrick Modiano, dont la fille fréquente le poète écrivain à Paris.
«
Le Seigneur des porcheries» parait en 1998. Dans un style unique, entre longues prophéties cataclysmiques, argot des montagnes et ironie désabusée,
Egolf fait planer sur ses « rats de rivières » et « rats d'usines » ce déterminisme social implacable face auquel les « white trash», laissés pour compte de l'Amérique actuelle, semblent complètement désarmés.