— Ouf! Bien joué, monsieur... Vous avez sauvez la mise de ce type...
— Gilda* Gilda* Oh* Gilda... où*?... Je l'ai vue... Je l'ai vue!
— On se calme, m'sieur!
Depuis 80 ans, l’immeuble se tenait à calofourchon à l’intersection de deux avenues principales. C’était un repère dont les murs survivaient aux pluies de larmes et aux averses de rire
RUSES DE RUE
En ville, les gens évitent tout contact visuel.
En ville, les gens gardent la main sur leurs affaires.
En ville, les gens évitent ceux qui sourient en public.
En ville, les gens ne s'arrêtent pas. L'élan protège de l'implication.
En ville, les gens apprennent vite la nécessité d'éviter tout contact corporel.
Les principaux facteurs environnementaux qui caractérisent la ville sont : le temps, l'odeur, le rythme et l'espace. Le temps de la ville a sa cadence propre. Il est affecté par la durée de vie limitée des évènements. L'odeur est une cacophonie résultant d'activités innombrables. Le rythme est un élément de vitesse qui dicte la façon dont les habitants vont négocier le mouvement. Et l'espace est la zone de vie limitée que leur concèdent les obstacles dans le labyrinthe de béton.
Le jeu du "spectateur bidon" vient peut-être moins d'une curiosité de badaud que de la sensation viscérale qu'il y a de la vie dans l'espace au-dessus de nos têtes.
Quand on vit depuis longtemps dans une grande ville, on acquiert la capacité de s'émerveiller de tous les événements inexpliqués et apparemment magiques qui s'y produisent.
Vivre dans une grande ville, c’est un peu comme vivre dans une jungle. L’individu s’intègre à son environnement. Il adopte instinctivement les rythmes et la chorégraphie, et avant longtemps, la conduite du citadin est aussi spécifique que celle des habitants de la jungle. Des talents de survie complexes et de subtils changements de personnalité viennent modifier le comportement.
L'ESPACE
Vivre dans une arène surpeuplée influe sur le mental.
Tous les jours à midi, il apparaissait à l'entrée de l'immeuble où, pendant quelques heures, il jouait pour les passants. La joie de jouer de la musique lui suffisait. Il n'acceptait pas d'argent, trouvant sa récompense dans le halo de plaisir et de bonheur que diffusait sa musique.