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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Etant donné la vision que l'auteur donne de l'Egypte actuelle, il n'y a rien d'étonnant à ce que ce roman y soit interdit de publication !
Alaa el Aswany retrace avec précision les événements de 2011 et emmène le lecteur Place Tahrir pour le faire assister en première loge aux manifestations qui ont entraîné la chute de Hosni Moubarak et ce qui s'en est suivi.
Cette révolution, commencée dans la joie et l'enthousiasme par des jeunes qui veulent voir changer leur pays va vite leur être volée par l'armée et s'achever non seulement dans la déconvenue, mais dans la violence et la terreur !

Et l'auteur de pleurer sur son pays dont les élans démocratiques vont se solder par un cuisant échec.
Car, le Conseil suprême des forces armées, aidé par la police, avec les frères musulmans en sous-main, va faire tout son possible pour étouffer dans l'oeuf cet élan libertaire.
Et tous les moyens à sa disposition seront mis en oeuvre pour parvenir à ses fins : intimidation, faux rapports, meurtres et tortures ; sans oublier l'utilisation des médias pour défigurer l'image de la révolution, faire passer les révolutionnaires pour des suppôts de puissances étrangères et inspirer au peuple la haine de ces jeunes gens qui vont être assimilés à des traîtres à leur pays.
Ainsi, la révolution en Egypte n'aurait été qu'un complot financé par les services secrets américains aidés par leurs confrères israéliens du Mossad !

Alaa el Aswany fustige également l'hypocrisie religieuse et à ce titre le patelin cheikh Chamel (comparable au Tartufe de Molière) et la présentatrice de télé Nourhane, répugnante de fausse ingénuité, stigmatisent parfaitement les pratiques honteuses d'un certain Islam qui apparaît ici particulièrement répulsif.
Et grâce à des émissions télévisées du style "Avec Nourhane" diffusant "la liste noire" destinée à discréditer auprès des égyptiens des personnalités trop connues à l'étranger, qu'il n'est donc pas possible d'arrêter, la révolution va rapidement être jugulée, les séditieux matés ou emprisonnés et les égyptiens remis dans le droit chemin afin que les militaires puissent accaparer le pouvoir.

Il n'y a de Dieu que Dieu ....... et Mohamed est son prophète !

La vision de l'auteur correspond-elle à la réalité ? En tout cas c'est ainsi qu'il voit l'Egypte : un pays gangrené par la corruption et l'hypocrisie, où les possédants n'auront de cesse de protéger leurs fortunes et éventuellement prêts à tuer un million d'égyptiens pour garder le pouvoir !

Il est regrettable que sa démonstration soit entachée par une relation un peu brouillonne des faits et l'utilisation de ficelles narratives grossières destinées à tenir en haleine, ce qui a abouti, pour moi, à l'effet inverse : lasser le lecteur.
Dommage ..... vu l'intérêt de conter ce "printemps arabe" vibrant d'espoir qui s'est transformé en automne de la désillusion.
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Alaa El Aswani relate la genèse de la révolution de 2011 et les événements de la Place Tahrir à travers une galerie de personnages représentatifs de la société égyptienne dans sa variété (population urbaine, cairote, précisé-je). Il dépeint des hommes et femmes satisfaits d'un immobilisme rassurant, d'un fatalisme culturel sûrement, qui approuvent le régime et qui se heurtent à d'autres dont la volonté est d'assister à un changement. 

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J'ai apprécié la fluidité et la facilité de la lecture. J'ai aimé trouver une variété de personnages. 
Toutefois la forme choisie par l'auteur ne m'a pas plu. J'ai vraiment peiné dès les 99 premières pages. A chaque chapitre apparait un personnage différent, que l'on ne retrouve d'ailleurs pas au chapitre suivant et que l'on ne peut pas lier aux autres (sauf Asma et Mazen). Visuellement, j'étais comme un cameraman qui se serait saisi d'instants de vie, les aurait mis bout à bout sans rien connaître des protagonistes. le problème est que sur autant de pages, cela lasse et vu l'absence de lien, cela faisait "catalogue" et fut préjudiciable à l'appréciation de ma lecture pendant un quart du roman. Il n'y a que lorsque les liens familiaux, amicaux ont enfin été livrés que cela est allé mieux.
L'autre point qui m'a gênée fut l'incursion de six témoignages de victimes de la place Tahrir au milieu du roman (l'auteur a toutefois changé les noms). Autant cela me semble naturel dans un texte autre qu'un roman : un article, un essai...mais d'avoir ces témoignages au sein même du roman j'ai trouvé que cela n'avait pas sa place. 

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Pour terminer, je dirais que cette lecture a soulevé beaucoup de questions (de façon positive). L'auteur met bien en avant la difficulté pour tous ces personnages d'adhérer à un bouleversement. On peut se demander comment toutes ces strates d'un peuple vont d'un commun accord impulser un changement. Quid de celles et ceux qui vivent loin des pôles citadins et de personnes décisionnaires ou influentes ? (sans forcément envisager de façon claire à court et long terme qui serait l'homme providentiel et sa troupe qui pourraient relever le défi). 
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Ce roman, qui est interdit en Egypte, revient sur la révolution de 2011 au Caire et sur la façon dont les frères musulmans et le pouvoir ont réussi à prendre la main sur la révolte.

Les manifestants sont de tous ordres :

- Khaled, étudiant en médecine, vient d'un milieu social modeste,

- Dania, elle aussi étudiante en médecine, a son père qui est général, en charge de ce qui s'apparente aux services secrets,

- Mazen est ingénieur. Il travaille dans une cimenterie et est syndicaliste et représentant du personnel,

- Asma est enseignante, révoltée par le système de cours particuliers qui plombent les élèves sans ressource,

- Achraf est un acteur de seconde zone dont les fenêtres donnent sur la place Tahrir.

Face à eux, il y a, implacable, le général Alouani, pieux et tortionnaire, et sa meute de lieutenants, officiers et soldats mais aussi Nourhane, présentatrice télé aux dents longues prête à présenter de faux témoignages pour discréditer la révolution, sans oublier le cheikh Chamel ou le guide des frères musulmans qui, au nom de Dieu, se rangent du côté du pouvoir et parviennent à prendre le contrôle des institutions.

J'ai trouvé le début et la mise en place des personnages très long et j'ai même failli abandonner. Vos bonnes notes m'ont convaincu de continuer.

Et on se trouve enfin dans le vif du sujet. La place Tahrir se rempli de monde, des égyptiens de tous âges et toutes conditions épris de liberté. On sent monter la ferveur de toute une partie de la population qui rêve d'une Egypte démocratique. Un idéal auquel ils croient quand la chute de Moubarak est annoncée. Mais en sous-main, on voit les tractations entre le pouvoir et les frères musulmans, les ficelles qui sont tirées pour discréditer cette révolution. Ainsi, les médias, les personnalités et les hommes d'affaires qui risquent de perdre leurs avantages, sont appelés à présenter la révolution comme étant une menace américaine et sioniste. Des prisonniers de droits communs sont libérés pour qu'ils se mélangent aux manifestants ...

C'est un monde de manipulation et de corruption dans lequel on plonge. Et on voit bien que les manifestants n'ont aucune chance face à l'iniquité d'une justice achetée et l'impunité de l'armée qui torture et assassine. Chacun tient son rôle, les manifestants en continuant à défendre leurs convictions et à dénoncer la corruption, la dictature en continuant à jouer avec la peur, la lâcheté et l'ambition.

Cela ne peut se terminer que dans une répression sanglante.

J'ai beaucoup apprécié d'être au centre de la place et en même temps au coeur des manipulations.

Un livre intense et humain qui nous ouvre les yeux sur cette révolution arabe qui n'a pas eu l'effet escompté. Mais malgré le grand intérêt historique de ce roman, j'ai été lassée par les histoires romanesques un peu balourdes et par des longueurs qui m'ont souvent découragées.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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Dans un style totalement différent de l'immeuble Yacoubian, l'auteur nous dépeint cette fois la tentative de révolution égyptienne en 2011 à travers des personnages tour à tour passionnés, corrompus, abattus, résignés voire torturés. L' ouvrage a davantage une dimension historique ou militante que romanesque et c'est ce qui en fait la réussite. Pour autant l'oeuvre brute peut manquer de relief au regard du chef d'oeuvre précédemment cité et comporte donc forcément un petit caractere deceptif.
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Terriblement réaliste, presque documentaire, j'ai eu du mal à suivre les expériences de torture que subissent les protagonistes... J'aime sa narration ses personnages ses histoires je continuerai lire cet auteur.
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Les événements de la place Tahrir de 2011 vécus par des acteurs réels ou imaginés.
Une des merveille du Coran et de ses innombrables Hadith(s) c'est qu'il n'y aucun détail de la vie d'un musulman qui n'y est pas détaillé. Jusqu'à votre façon de faire pipi et mieux encore. La série "Pour les nuls" aurait sans doute dû commencer ces oeuvres sur le sujet. (hum)
Voilà qui rend l'histoire un peu rébarbative pour le lecteur européen. L'égyptien est d'une nature paisible et soumise. le rôle de FACEBOOK et TWITTER n'est pas négligeable dans la période d'incubation de l'oeuf.
Le régime ne s'est pas rendu, il a coupé internet, vendu Hosni Moubarak pour le bûcher afin de garder ses privilèges et s'en est donné à coeur joie pour mater la révolte.
Voilà donc la belle histoire d'une révolution. Non elle n'est pas belle cette histoire. La barbarie de l'Islam permet ces actes horribles, ces assassinats, ces tortures, ces viols au nom d'une religion qui dit tout et son contraire.
Soyez bénis vous qui donnèrent votre vie pour défendre un idéal. S'il reste encore des survivants avec des idées intègres qu'ils viennent bien vite nous donner des cours. Ici il n'y a plus que des défenseurs au jour le jour d'un système qui doit assurer de jolies voitures, des télés, des smartphones et une vie facile à ceux qui votent.

Ce livre est un plaidoyer romancé. Construit sans grande prétention littéraire pour délivrer un message qui se lit (et se vend). A mon sens pour donner une vraie valeur au texte il aurait fallut présenter les choses autrement.
En clair le message est intéressant, constructif mais la partie romanesque et tissée au fil de fer.











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Triste constat des médias égyptiennes !!!
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J'adore cet auteur. J'aime ce livre mais trop de personnages, pas assez introduits, trop bombardés. J'ai du mal à les reconnaitre, à les suivre. D'autant que le roman est choral. Dommage. J'apprends des choses. le sujet me passionne. le ton et la puissance d'Ali al Aaswany sont présentes et m'emballent mais je passe un peu à côté. Je le commence sur Kobo. je le continue sur volume emprunté à Bib Chedid. Je l'achète sur Price Minister. Je le revends chez Gibert.
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Je pense que je m'en souviendrai comme d'un livre sur la foi, opposée à la religiosité. La sincérité du sentiment contre la vanité de l'apparence ...
Parce que c'est ce dont il s'agit, tout au long du roman, à travers les différents portraits de personnages qui nous sont présentés.
Des jeunes (et moins jeunes!) qui ont "foi" en un mouvement qui doit leur permettre un avenir meilleur, et qui à défaut de réussir politiquement, les rend eux-mêmes meilleurs, les pousse à se conformer à leur idéal de vertu ... opposés à des conformistes, qui pratiquent bien tous (tous ceux qui les intéressent) les commandements de leur religion, mais sont ensuite capable de torturer, d'humilier, etc.

A ce titre, je pense que le portrait qui m'aura paru le plus savoureux est celui de Nourhane, la présentatrice TV ... L'écriture pour son personnage est particulièrement ironique, et vient appuyer la grossièreté de ces faux-semblants.
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Quitte à jeter un pavé dans la mare, je ne partage pas les appréciations laudatives des lecteurs que j'estime largement surfaites.

J'estime en effet que l'auteur tombe dans la facilité et n'arrive pas à éviter un écueil pourtant visible.

Sous couvert de rendre compte de la réalité vécue il y a peu par ses compatriotes, il tombe dans le piège du reportage qui nous accable de précisions et d'anecdotes qui nuisent à l'unité d'ensemble et ne ressortissent pas à la littérature. Bref, il ne prend pas assez ses distances avec les événements historiques récents et bien des pages auraient plus leur place dans un article rédigé par un envoyé spécial que dans un roman.

Par ailleurs, les ficelles narratives et structurelles sont toujours les mêmes d'un roman à l'autre, et paraissent usées jusqu'à la corde. Terminer ses chapitres en créant régulièrement du suspense relève d'un procédé romanesque convenu, proche du page turner et indigne de la bonne littérature. Faire se croiser et s'entrecroiser des destinées le temps d'un roman ne relève guère de ce qu'on appelle roman polyphonique, en raison de la trop évidente sympathie pour les couches sociales populaires idéalisées dans leurs amours comme dans leurs choix politiques. On dirait par moments d'un roman à thèse au manichéisme évident où le méchant est forcément hypocrite et... obsédé sexuel.
Autant L'immeuble Yacoubian est un chef-d'oeuvre et Automobile club d'Egypte un livre plaisant à lire, autant J'ai couru vers le Nil est une oeuvre qui n'est pas à la hauteur de ses ambitions. L'abîme côtoie toujours le sommet.
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