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Gilles Gauthier (II) (Traducteur)
EAN : 9782742780815
200 pages
Actes Sud (03/02/2009)
3.46/5   162 notes
Résumé :

" Si je n'étais pas né égyptien, j'aurais voulu être égyptien ", la célèbre citation de Mustapha Kamel donne le ton de ce recueil : voici l'Egypte placée sous le feu d'un écrivain amoureux de son pays, qui, par le détour de la fiction, fait apparaître les turpitudes et les contradictions d'une société à la dérive. Interdit de publication par l'Office du livre pour cause d'insulte &... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
3,46

sur 162 notes
Mustapha Kamel, un militant nationaliste égyptien du début du XXe siècle, a dit : « Si je n'étais pas né Égyptien, j'aurais voulu être égyptien. » (Évidemment, on parle ici des Égyptiens modernes, pas ceux des pharaons et des pyramides.) L'auteur Alaa El Aswany (qu'on connaît grâce à son roman « L'immeuble Yacoubian ») se demande pour quelles raisons l'on voudrait être égyptien. Quelles seraient les qualités du peuple égyptien ? Qu'a-t-il fait qui soit digne de mention ? En quoi se distingue-t-il ? C'est le point de départ de son recueil de nouvelles « J'aurais voulu être égyptien ». Il y présente le vrai visage de son peuple. Pas l'image polissée, mensongère que plusieurs essaient de faire croire. Par exemple, Issam Abd el Ati, qui souhaite devenir dessinateur dans un monde où les arts et la culture sont dénigrés ou, du moins, peu pris au sérieux, considérés comme un passe-temps, se butte contre des portes closes et un travail de crève-faim alors que, parfous en Occident, les caricaturistes et autres dessinateurs peuvent gagner leur vie en faisant ce métier qu'ils aiment. La culture n'est pas assez valorisée en Égypte.

Dans cette nouvelle et les autres, El Aswany raconte de destin de laissés-pour-compte, le quotidien des petites gens. Ceux qui subissent et, en même temps, ceux qui font subir. Ces chefs (pas exclusivement ceux à la tête de l'États, aussi les petits chefs de services qui se croient importants mais qui sont plutôt incompétents, même les chefs religieux intransigeants et vivant dans le passé) qui abusent de leur pouvoir. Parfois, même les formules pieuses et joliement tournées peuvent laisser transpirer des préoccupations égoïstes, comme dans « Ma chère soeur Makarem ».

Mais les petites gens ne sont pas innocents non plus, s'il le faut, ils sont prêts à voler leur prochain pour une bouchée de pain, un emploi. Ils sont prêts à tout, en fait. Ils sont souvent jeunes et ambitieux. le meilleur exemple est Hicham, le jeune étudiant en médecine dans « le factorum »,. Qu'a-t-il proposé à au professeur Bassiouni, le chef du département de chirurgie, pour obtenir son poste ? Surement rien de très honnête… Bref, ces jeunes qui dénoncent un système sont près à jouer le jeu quand cela fait leur affaire. Ainsi, ils perpétuent le système… Et pas seulement les jeunes. Tout le monde finit par se laisser corrompre. Dans « Une décision administrative », Mohamed Ibrahim, un brave homme employé au service de nettoyage d'un hôpital, se voit affecté contre son gré au poste d'agent de sécurité et devient un homme dur, intransigeant, méchant.

Petite parenthèse : j'ai beaucoup apprécié la nouvelle « Dans l'attente du guide », elle m'a replongé dans l'atmosphère de la Trilogie du Caire, de Naguib Mahfouz, que j'ai adoré.

Donc, « J'aurais voulu être égyptien » est un ouvrage très contestataire. D'ailleurs, il s'est attiré beaucoup de reproches, allant de l'anti-nationaliste à… bien d'autres choses. Mais cela m'importe peu, et à l'auteur également. Toutefois, ce style si incisif, si critique peut parfois sembler rébarbatif. Il y manque un peu de douceur à mon goût. On y retrouve des visages baignés de larmes (et même de sang), des visages ravagés par la honte et le désespoir. Sinon la cupidité. Des gens qui courbent l'échine. Et qui malgré tout sont fiers d'être égyptien ? Peut-être y a-t-il un peu de rancoeur de la part de El Aswany. Dans tous les cas, comme on dit, on ne peut faire une omelette sans casser d'oeufs… le message est lancé, aux Égyptiens à y voir. En attendant, pour les lecteurs, c'est un moment de lecteur appréciable et intéressant.
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Dès la première nouvelle le ton est donné. C'est évidemment tout sauf égyptien – il ne trouve à son peuple aucune qualité – qu'Issam aurait voulu être, étranger parmi les siens, et éprouvant pour l'Occident une dangereuse fascination…Frustration, fantasmes, folie et le piège va se refermer sur celui qui ose mettre en question la fausse gloire d'un régime rongé par la gangrène et qui comme toutes les dictatures n'a pour seule réponse que la répression.

Les autres nouvelles sont de la même veine, qu'elles dénoncent l'hypocrisie de la religion, la corruption du monde médical, la cruauté des enfants, la lourdeur des liens familiaux, l'injustice sociale, la lâcheté de ceux qui veulent réussir à tout prix, bref, une société qui ne fait pas rêver et offre peu de place au talent, à l'humour, à la jeunesse.

Ces textes ont été censurés car trop critiques à l'égard de l'Égypte même si c'est une oeuvre artistique et qui pour cette raison doit être prise au second degré…La censure est malheureusement vieille comme le monde et la liberté d'expression un bien précieux qui mérite d'être défendu ! Cela dit j'ai préféré les romans d'Alaa El Aswany, plus aboutis, bien qu'on retrouve déjà son humour et sa lucidité sous sa plume profondément humaine.
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Ce recueil de nouvelles est paru peu après "L'immeuble Yacoubian", qui a rendu célèbre Alaa El Aswany. Les dix textes présentés sont de longueur très variable, mais tous donnent une image sans complaisance de l'Egypte contemporaine. Je n'ai pas la prétention de connaitre le peuple égyptien, mais je sens bien l'authenticité de ces tableaux de la vie quotidienne dans ce pays. Avec des mots le plus souvent mesurés, l'auteur décrit avec réalisme ses concitoyens : leur mesquinerie, leurs obsessions sexuelles, leur religiosité hypocrite et les impitoyables rapports de force. Cruauté et compassion alternent dans ces nouvelles. J'ai particulièrement apprécié les (courtes) nouvelles "La séance de gymnastique" et "Un regard sur le visage de Nagui" (dont les héros sont des enfants), et aussi "Le factotum" (qui met en scène un jeune adulte).
Mais le texte le plus remarquable est le premier, intitulé "Celui qui s'est approché et qui a vu". C'est une nouvelle particulièrement longue et ambitieuse. Dès les premières lignes, le narrateur Issam Abd-el Ati n'y va pas de main morte: « Je défie qui que ce soit de me citer une seule vertu égyptienne. La lâcheté, l'hypocrisie, la méchanceté, la servilité, la paresse, la malveillance, voici les qualités des Egyptiens ». On comprend sans peine que ce texte ait été interdit dans le pays ! de fait, Issam Abd-el Ati décrit avec virulence la petitesse de ses concitoyens, qui le rejettent et qu'il méprise. Il s'isole dans la tour d'ivoire qu'il s'est construite… jusqu'à une rencontre presque miraculeuse, que je ne me sens pas le droit de révéler ici. J'ai compris que, en fait, le héros est un peu (ou beaucoup) fou; son rejet de la société égyptienne ne relève pas d'une vérité objective. Mais Alaa El Aswany utilise habilement ce personnage atypique pour exprimer ses critiques personnelles à l'encontre d‘un peuple asservi constamment et mal dans sa peau. Ce texte me semble beaucoup plus subtil que ne le laisserait croire une première lecture trop rapide.
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"Plus notre vision se précise, plus apparaissent les rides" affirme Issam, l'un des personnages principaux de J'aurais voulu être égyptien, recueil de nouvelles de Alaa El Aswany ( dentiste et écrivain engagé dont le célèbre L'Immeuble Yacoubian a été adapté au cinéma) qui étudie les défauts des Egyptiens à la loupe (ce qui a fait interdire ce livre par l'Office du livre).
Un titre ironique (car on attend le si) issu de l'affirmation tronquée de Mustapha Kamal: "Si je n'étais pas né égytien, j'aurais voulu être égyptien".
Evidemment ce sont les personnages qui parlent, se défend en préface Alaa El Aswani.Toujours est-il qu'au fil des pages l'Egyptien est parfois et tour à tour décrit comme "un simple larbin", est capable de harcèlement sexuel, use et abuse de son statut de chef,est un malade égoïste dont la vie passe avant celle des autres, peut être haineux dans une famille haineuse,aime fumer du haschisch dans les réunions amicales,appartient à une "civilisation morte", porte le poids des traditions, a des à priori concernant la sexualité, disjoncte facilement, est avare sauf pour la dot car là c'est la promise qui est cupide...Bref, une caricature impitoyable!!!!
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Avec son humour corrosif, loin des clichés touristiques, l'auteur nous emmène dans les coulisses d'un pays très secret, l'Égypte. Ce recueil rassemble des textes non publiés ou peu connus d'Alaa El Aswany. Il s'ouvre par une longue nouvelle (ou un court roman au choix), intitulée bizarrement "Celui qui s'est approché et qui a vu", reprenant pour l'essentiel "Les feuillets d'Issam Abd El Ati" qui ont valu tant de déboires auprès de la censure égyptienne au futur auteur de "L'immeuble Yacoubian". Les autres nouvelles, plus courtes, sont tout aussi savoureuses. Elles dépeignent sans pudeur et sans complaisance les diverses facettes de l'âme égyptienne. Quel curieux mélange de roublardise et de finesse que l'esprit égyptien d'aujourd'hui, façonné par des siècles de servitude après avoir dominé le monde "civilisé" ! J'ai particulièrement apprécié la nouvelle intitulée "Le factotum", où l'on voit Hicham, un brillant étudiant en médecine, tout innocent dans sa candeur juvénile, se hisser d'un puissant coup d'épaules dans la hiérarchie du département de chirurgie d'un grand hôpital du Caire. On ne saura pas quel stratagème il a utilisé pour se faire valoir auprès du grand patron, mais ce n'est sans doute pas joli joli... Cela se passe pourtant ainsi dans notre pays, non ? À travers l'égyptien, c'est bien l'homme qu'Alaa El Aswany dépeint. Balzac n'est pas loin...
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critiques presse (1)
LesEchos
22 septembre 2011
Pamphlet politique au spectre large -fustigeant la dictature, la corruption, la récupération de l'islam -« Chicago » est aussi et avant tout un drame psychologique et un thriller sentimental, truffé de personnages à haute tension.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Par quoi donc se distinguent les Egyptiens ? Quels sont leurs mérites ? Je défie qui que ce soit de me citer une seule vertu égyptienne. La lâcheté, l'hypocrisie, la méchanceté, la servilité, la paresse, la malveillance, voilà les qualités des Egyptiens et c'est parce que nous connaissons notre vraie nature que nous l'occultons derrière des clameurs et des mensonges, des slogans ronflants et creux que nous ressassons jour et nuit sur notre "sublime" peuple égyptien. Le plus triste c'est que, à force de répéter ces mensonges, nous finissons par y croire et, ce qui est vraiment stupéfiant, par en faire des chansons et des hymnes.
Connaissez-vous un seul peuple au monde qui se comporte de cette façon ? Est-ce que, par exemple les Anglais disent : "O Angleterre, ma patrie, ta terre est du marbre et ta poussière du musc et de l'ambre ?" De quelles façon impudique nous étalons nos spécificités nationales ! Imaginez-vous que j'ai lu la phrase suivante dans un livre de lecture du cours élémentaire : "Dieu aime l'Egypte qui est citée dans son Livre sacré. C'est pourquoi il l'a doté d'un bon climat tempéré en hiver comme en été et la protège des agissements de ses ennemis !" Voyez l'accumulation de mensonges dont on bourre la tête de nos enfants. "Ce beau climat tempéré" qui est le nôtre est un véritable enfer pendant six mois, de mars à octobre. Une chaleur torride brûle la peau, les animaux se terrent, la fournaise fait fondre le goudron des routes, et nous continuons à remercier Dieu pour notre climat tempéré. Si Dieu avait protégé l'Egypte des agissements de ses ennemis comme ils le disent, alors pourquoi aurions-nous été envahis par tous les peuples de la terre ? En réalité, l'histoire de l'Egypte n'est rien d'autre qu'une succession ininterrompue de défaites que tous nous ont infligées, à commencer par les Romains et à terminer par les juifs.
(page 24)
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Les héros ne sont pas, comme les gens ordinaires, victimes d'événements communs et fugaces. Tout ce qui leur arrive est magnifié et porte forcément la marque du destin.
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Dès ses plus jeunes années il aima dessiner : les visages des gens, les arbres, les voitures dans la rue, tout ce que percevait son regard s'imprimait avec précision dans son petit cerveau, puis les lignes couraient sur le papier pour redonner aux choses la forme sous laquelle il aimait les voir. A quinze ans, son amour du dessin devint un problème, tant il négligeait ses études. Tous les matins, il manquait la classe et achetait avec son argent de poche des couleurs et un cahier de dessin puis allait au jardin de la mairie de Zagazig s'asseoir tout seul sur une chaise vide et se mettait à dessiner. Son père le réprimandait sévèrement, le battait. Souvent, il lui cachait ses couleurs et déchirait ses papiers, mais tout cela en vain. L'amour du dessin était le plus fort.
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Ce pantin, c'est moi. La boîte de carton, c'est ma vie et la grande main, c'est celle du destin. Le destin décide de notre sort, de la même façon que la main dirige la marionnette d'une poigne solide, rigoureuse, inéluctable. Il se joue de nos facultés, de nos espoirs, il se joue de nous, poussé seulement par l'amour du jeu. Ni bien, ni justice, ni vérité, il n'en a rien à faire. S'il se rendait compte seulement une fois des malheurs dont il est la cause, des souffrances qu'il nous inflige, il se cacherait de honte.
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Il était resté célibataire, considérant que le mariage était un malheur et que le malheur faisait venir plus vite la mort.
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