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EAN : 9782330137014
240 pages
Actes Sud (03/06/2020)
4.1/5   40 notes
Résumé :
L'étude de la dictature a acquis, en Occident, une dimension presque exotique. Mais les régimes autoritaires restent une réalité douloureuse pour des milliards de gens. Ceux dont les libertés et les droits sont bafoués. Ceux qui subissent arrestations arbitraires, corruption, injustice.
Quelle est la nature de la dictature ? Comment s'implante-t-elle ? Quelles sont les conditions et les circonstances qui favorisent son épanouissement ? Et comment les dictate... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
J'ai eu la sensation de m'être fait broyer les os en refermant ce livre. Je ne sais pas comment l'expliquer, je ne sais pas comment cela se fait mais lors du dernier paragraphe, j'ai eu la chaire de poule, les jambes coupées et le souffle court. Pourtant c'est un essai et non un polar gore !

Alors pourquoi ? Pourquoi j'ai pris un uppercut ? Pourquoi j'ai eu cette impression ? Tout simplement parce que je ne conçois pas qu'un homme puisse prendre un tel ascendant sur des millions d'autres, à son seul profit !

Ce qui m'a le plus épaté dans la démonstration de l'auteur sur le sujet de la dictature, c'est sa capacité à disséquer son sujet comme un véritable cadavre. En effet, Alaa El Aswany n'hésite pas à décortiquer chaque aspect, chaque recoin, chaque circonstance, chaque complication de la dictature. A la manière d'un médecin légiste, il nous livre ici une brillante autopsie de la dictature.

Bien que ce livre soit une critique de la dictature égyptienne, on brosse toute la carte du monde avec des exemples que nous ne connaissons pas… Par exemple, vous saviez que Bokassa admirait tellement Napoléon qu'il s'est fait sacrer empereur avec l'aide des français – grassement payés – pour avoir un sacre du même acabit que celui de Bonaparte ?

Ce que l'on apprend dans ce livre fait peur… Car certes la dictature est une maladie mais pour qu'elle s'installe, il faut que le peuple l'accepte et renonce à ses droits et à la liberté ! L'auteur maitrise tellement son sujet qu'il n'hésite pas à réemployer les thèses de la Boétie et à venir appuyer le fait que les peuples se sentent en danger et attendent donc un héros pour se protéger – le dictateur.

C'est captivant mais flippant, c'est simple à lire mais en même temps nos neurones chauffent. Bref c'est un essai qu'il faut absolument lire car c'est un cri d'alerte mais également d'espoir que l'on ouvre tous les yeux…

Si jamais je t'ai perdu en route, ami lecteur, et que tu n'es pas convaincu par ma chronique, peut-être seras tu davantage sensible à Monsieur Gérard Collard, alors regarde donc ceci : https://youtu.be/sUdNnWkOmLs !
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Il faut des livres pour rappeler à ceux qui comme nous, en France, vivent en démocratie, n'en déplaise à certains, que la dictature existe. Malgré que le livre soit écrit par un Egyptien, elle ne touche pas que les pays musulmans. La plus part des dictateurs du 20ème et 21ème siècle figurent dans le livre à un moment où à un autre qu'ils se réclament d'une religion, d'une idéologie politique, où qu'ils soient militaires . Alaa El Aswany démontre avec brio, les mécanismes, ce qu'il appelle le syndrome. Après une préface dans laquelle il rappelle comment est né ce livre, lui qui a dû s'exilé de son pays à cause des menaces qui pèsent sur lui. Il explique ce que signifie l'expression syndrome de la dictature, quels sont les symptômes, les différences de comportements entre un dictateur et un dirigeant en démocratie en prenant en exemple Nasser et Churchill. Il montre comment la dictature corrompt la société, la presse, les arts, le milieu médical, judiciaire et politique. La violence dans une dictature a pour but de créer une barrière de la peur, qui fait que le bon citoyen craint le régime, accepte son sort et s'oppose à ceux qui veulent renverser le dictateur. Il accorde un long chapitre à la théorie du complot dont use et abuse le dictateur, l'exemple du « Protocole des Sages de Sion » est très intéressant . Par sa démonstration on comprend parfaitement le comportement de certains dirigeants actuels, où en devenir, et de ceux qui soutiennent cette néfaste théorie du complot. L'esprit fasciste se propage par la manipulation de la presse, des médias qui ne diffusent plus de l'information mais de la propagande sur le rôle du dictateur pour tenir tête aux ennemis supposés du pays. le chapitre sur les intellectuels face aux dictatures est passionnant, partagés entre ceux qui résistent, ceux qui apportent leur soutien, ceux qui s'accommodent. On y croise sans révéler dans quelles catégories ils sont : Thomas Mann, Gabriel Garcia Marquez, Alexandre Soljenitsyne, Pablo Neruda, Frédérico Garcia Lorca, Naguib Mahfouz, Boris Pasternak... Puis, il en vient à démontrer combien les extrémismes religieux servent les dictatures. Ensuite il aborde le développement du syndrome, décrit depuis l'enfance jusqu'à sa chute, pourquoi, comment résonne et agit le dictateur. En conclusion l'auteur revient sur le rôle des religions, sur la différence entre patriotisme et chauvinisme et surtout il appuie sur le théorie du complot dont il rappelle combien il faut s'en méfier.
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Alaa El Aswany est selon moi le plus grand écrivain égyptien contemporain. le succès de "l'immeuble Yacoubian" qui dénonce les travers d'une société égyptienne corrompue est à l'origine de sa notoriété. Mais ce roman publié en 2002 avait posé pas mal de désagréments à l'auteur. Ce dernier avait néanmoins pu rester vivre en Égypte. le printemps arabe de 2011 puis l'arrivée des islamistes au pouvoir, détrônés rapidement par une dictature militaire ont changé la donne et l'auteur a dû comme de nombreux intellectuels intègres prendre le chemin de l'exil.
Son dernier essai s'avère être un parfait manuel pour décrypter les syndromes et les pathologies des dictateurs. Les dictatures sont par ailleurs pérennes grâce à l'émergence des "bons citoyens", qui sont ces personnes qui refusent de mettre en danger leur avenir professionnel et de risquer la prison et la torture pour des concepts de démocratie et de liberté.
Bravo monsieur El Asswany pour cet essai limpide.
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Petit livre d'explication sur les ressorts d'une dictature fardée de religiosité. Et d'échecs économiques en échecs politiques qui conduisent un pays à se renfermer sur lui-même.

Ce roman s'applique hélas à de nombreux pays bien que l'auteur parle principalement de sa patrie.

Cette lecture prolonge la vision du film noir Cairo Confidential.
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Si le syndrome de la dictature est un concept nouveau, les éléments qui le composent se retrouvent pour la plupart déjà dans les ouvrages sur le thème qui ont précédé ce livre. On en apprend un peu plus sur le régime de Nasser et dorénavant de Sissi, mais l'analyse des mécanismes et ressorts d'un système autoritaire reste un peu trop plane.
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critiques presse (3)
NonFiction
03 juillet 2020
Un essai incisif du grand écrivain égyptien sur le thème de la servitude volontaire qui renoue avec l'inspiration de La Boétie.
Lire la critique sur le site : NonFiction
LesEchos
22 juin 2020
En grande partie autobiographique, le livre revient sur les années égyptiennes de l'auteur. Mais son propos se veut aussi plus général, s'interrogeant sur la nature de la dictature en la disséquant comme on le ferait d'un corps malade.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeMonde
04 juin 2020
L’écrivain égyptien, auteur de « L’Immeuble Yacoubian », signe aujourd’hui un livre entre réflexion et observation sur les ressorts des régimes tyranniques. Percutant.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Nous devons également reconnaître avec tristesse que la plupart des gens, à l’image des « bons citoyens » (personnes ordinaires dont leur monde est tout entier centré sur leur petite famille et leur travail) ne sont pas opposés à la dictature par principe et qu’ils la rejettent seulement si elle tourne mal et nuit au leurs intérêts personnels. Si la vie des gens s’améliore à l’ombre de l’autoritarisme, si les offres d’emploi augmentent dans des proportions raisonnables, si l’éducation et les soins de santé sont accessibles gratuitement ou à faible coût et si les autorités se contentent de s’en prendre aux autres, alors la plupart des gens donnent leur appui à la dictature. L’histoire enseigne que ceux qui considèrent que la liberté est plus importante que le reste sont généralement une minorité de la population tandis que la majorité des citoyens considèrent que la possibilité de gagner sa vie est beaucoup plus importante que la liberté. ( page 130)
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Cette foi émotionnelle engendrée par la religion est également un phénomène propre à la dictature. Écoutez le discours de n’importe quel dictateur de l’ère moderne et vous n’y trouverez pas un seul argument logique. Un dictateur ne parle jamais à l’intelligence, il s’adresse aux émotions des masses qui s’abandonnent totalement à leurs sentiments, qui n’engagent pas leur intelligence mais au contraire s’identifient au dictateur. Ils le voient comme quelqu’un qui représente leur volonté, qui est leur héros et leur sauveur, dont ils soutiendront chaque décision. Les millions de personnes qui sont restées des heures debout, criant à tue-tête, applaudissant à tout rompre Adolf Hitler ou Benito Mussolini, n’étaient pas des gens stupides à la tête creuse. Ils avaient été subjugués par le magnétisme du dictateur et se trouvaient possédés par un état émotionnel qui avait annihilé leur conscience et leur volonté. Il s’agit là d’une forme d’hypnose de masse. (Pages 108 et 109)
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Seuls deux types de croyants choisissent leur foi : ceux qui vivaient au temps des prophètes et décidèrent de les croire, et ceux qui se convertissent à une religion différente, qu’ils jugent avoir plus de sens que celle dans laquelle ils sont nés. A part ces deux types de personnes, nous héritons de nos parents notre religion - où notre manque de foi. Nous y croyons depuis notre petite enfance, nous lui devenons émotionnellement attachés et, au bout d’un certain temps, la religion devient une partie fondamentale de nos souvenirs et de nos consciences. Nous n’utilisons jamais l’intelligence pour adhérer à une religion, bien que nous le fassions pour la défendre.
Ainsi la religion est une croyance complètement héritée et instinctive. (Pages 107 et 108)
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Une recherche publiée en 2017 par Freedom House sur la base de la Déclaration universelle des droits de l’homme montre que, sur les 195 États couverts par cette étude, l’on compte 87 pays libres, 49 non libres et 59 partiellement libres. Sur une population mondiale de 7,4 milliards d’habitants, seulement 39% jouissent d’une complète liberté, alors que 36% sont privés de libertés et 25% bénéficient d’une liberté partielle.
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À ce titre, un dictateur trouve dans la religion l'arme la plus létale qu'il puisse utiliser pour conserver indéfiniment son pouvoir, car la religion, en plus d'étouffer la pensée critique des croyants, les encourage à vivre dans l'injustice, en leur enseignant de regarder plutôt vers la parfaite justice qui gnant n'existe que dans l'au-delà. La séparation de la religion et de l'État est une condition essentielle pour prévenir la dictature.
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Videos de Alaa El Aswany (42) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alaa El Aswany
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