Un livre court, tranchant, oppressant.
On sort de là avec des envies d'aller courir dans un champ de fleurs, ou de visiter un musée avec du beau. du beau qui ne sert à rien. J'entends par là : qui n'est pas associé à une recherche de profit, d'efficacité. Qui se contente d'être.
Parce que ce roman lui, taille un costard à cette recherche de l'efficacité 100%. Dans une entreprise, cela peut déjà aliéner les êtres...mais quand cela est associé aux processus d'exterminations nazis, c'est au delà du soutenable : l'inhumanité à l'état pur.
Les personnages souffrent d'aridité extrême du sens de leur vie. C'est triste, sombre, déprimant, comme une vieille salle de réunion sans élégance, dont la moquette murale a pris la teinte grise du malheur et l'odeur de mort des cigarettes nerveuses.
Alors, faut-il le lire ?
Oui. Avec un risque assez important de froid dans le dos et d'envie d'évasion pour élever des chèvres dans le Larzac ou peindre de jolies toiles colorées.
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Le point positif réside dans le suspens latent qui guide ce court roman. Néanmoins, je m'interroge sur les motivations réelles de cet ouvrage. Que veut-on nous dire vraiment? Que le langage technocratique a toujours forgé les dictatures (celle du nazisme comme celle du monde de l'entreprise)? Que les fantômes du passé peuvent ressurgir sous une forme plus policée? Que les trahisons et autres manipulations sont légion dans le monde professionnel?
Un peu tout ça sans doute mais je n'ai pas accroché à cette histoire, la faute à des personnages froids et sans "chair" (ambiance d'ailleurs bien retranscrite dans le film) et un style trop neutre de la part de l'auteur. J'ai l'impression qu'il s'agit d'une énième livraison pour ne jamais oublier "les heures les plus sombres".
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Mathias Jüst, dirigeant d'une multinationale, inflexible, rigoureux, perd totalement pied mis face aux fantômes du passé : orchestrant une vengeance minutieuse, un ancien collaborateur licencié le renvoie à son père, collaborateur d'un autre genre, impliqué dans la shoah, avec la mise à jour implacable de l'identité de terminologies et de méthodes employés dans le management industriel contemporain et dans la shoah. Simon, psychologue d'entreprise, est chargé d'enquêter sur le vacillement du directeur par son second, à la loyauté discutable.
De ce récit, plus nouvelle que roman, j'ai aimé les idées soulevées et quelques fulgurances, plus que la réalisation. Un postulat l'anime : les mots sont importants. Instillant une atmosphère oppressante, il provoque la réflexion, non sans provocation. Malheureusement, les comparaisons et les analogies entre le monde du travail et la shoah supposent un doigté et une finesse que ne se permet pas un texte court et choc.
Je voulais voir le film, mais m'interdis toujours de voir une adaptation à l'écran sans avoir lu le roman auparavant. Finalement, je l'ai laissé dans ma "pile de films à voir" (à peu près aussi haute que ma "pile de livres à lire") pour l'instant.
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