Tu dois tuer Bishop et nous donner le pouvoir.
Je ne regarde pas en arrière quand on me fait sortir de la maison. Dans mon dos, j'entends la voix de Bishop, qui ne cesse de protester, enragé. A l'extérieur, je suis calme, soigneusement neutre. A l'intérieur, dans mon sang, mes os, ma chair, tout crie pour lui. Mais je pose un pied devant l'autre, je me rappelle que chaque pas, le met plus en sécurité, même s'il m'éloigne de lui.
"Quoi que nous ayons pu dire sur le fait de ne pas être prêts, si nous ne nous arrêtons pas tout de suite, nous irons jusqu'au bout... Ce sera comme essayer d'éteindre les flammes de l'enfer avec un dés a coudre d'eau"
-Vérité.
J'ai chuchoté, car je ne fais pas confiance à ma voix.
-Est-ce que tu avais peur de moi, le premier soir ? me demande Bishop.
Sa question me surprend, tout comme son front plissé et son regard sérieux.
-Oui.
Aucune raison de mentir.
Tu es facile à déchiffrer, Ivy, mais ton livre est compliqué.
Lorsqu'on est conscient d'être manipulé, mais que ça fonctionne, peut-on encore appeler ça de la manipulation ?
Je pleure la fille que j'ai été, l'épouse que je n'ai jamais voulu être, la tueuse que j'ai refusé de devenir, la traîtresse que j'ai prétendu être.
Je ne suis aucune d'entre elles à présent. Je relève la tête et m'essuie les yeux. Fille. Épouse. Tueuse. Traîtresse. Ce sont toutes d'anciennes versions de moi. A partir de maintenant, je deviens une survivante.
La vie n'est qu'une plaisanterie de mauvais goût après une autre, je commence à le découvrir. Car c'est injuste de souffrir autant une fois qu'on a enfin obtenu ce qu'on souhaitait.
Pour la première fois, je me rends compte que les horreurs qui existent de l'autre côté de la barrière sont les mêmes que celles de l'intérieur. Les hommes. Et les atrocités que nous nous faisons subir les uns aux autres.
— Parce que je suis amoureux de toi, Ivy, chuchote-t-il. Te laisser tomber, ce n'est pas envisageable.