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3,43

sur 191 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« La musique adoucit les moeurs », et les quatre personnages principaux de ce « Quatuor » en ont bien besoin. Musiciens amateurs de bon niveau, les quatre amis se réunissent régulièrement pour noyer dans la musique classique leurs difficultés personnelles et professionnelles. Il y a Hugo, directeur d'un centre culturel sur le point de sombrer corps et âme faute de subsides. Heleen, sa cousine, est une infirmière dévouée qui ne pense qu'à aider les autres au risque de s'oublier elle-même. Quant à Caroline, médecin généraliste, et son époux Jochem, luthier, ils partagent un deuil immense qui menace de fissurer leur couple. A la périphérie de ce quatuor, gravite un cinquième personnage, Reinier, ancien violoncelliste virtuose et ancien professeur de Caroline et Hugo, désormais cloîtré chez lui par un genou arthritique et surtout par une paranoïa tragi-comique à l'égard du monde extérieur.

Il ne se passe pas grand-chose de joyeux dans ce roman légèrement dystopique, situé dans une ville qui semble le sosie d'Amsterdam. L'avenir qui s'y dessine est peu réjouissant : la culture, ce luxe inutile et élitiste, n'est plus subventionnée par les pouvoirs publics, et les personnes âgées, lorsqu'elles ne sont plus autonomes, sont parquées, parce que c'est budgétairement plus rentable, dans des mouroirs qui ne disent pas leur nom. Même l'altruisme et le bénévolat semblent ici tourner en bourrique, lorsqu'on comprend qu'ils sont à l'origine de l'épisode final, aussi explosif qu'absurde, causant de violents « dommages collatéraux » aux personnages, dont on ne saura pas comment ils s'en relèveront.

Déshumanisation, course au profit et à l'efficacité, corruption, incurie, égoïsme, Anna Enquist annonce et dénonce les maux d'une société moins futuriste qu'il n'y paraît. Inquiétant et pessimiste, Quatuor brasse les thèmes du deuil, de la vieillesse et du règne de l'argent, et leur oppose l'amitié, la compassion et la douceur de la musique, mais celles-ci ne font guère le poids. Ce roman est intelligemment construit, écrit avec sobriété et élégance, à la fois psychologique et poétique. Touchant et désespérant, quelques grammes de finesse dans un monde cruel.
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Par curiosité, je suis revenue en arrière dans une progression de lecture, et j'ai emprunté à la médiathèque la première partie de "Quand la nuit s'approche" (qui m'a dernièrement captivée), avant que nos quatre amis ne soient frappés par l'attentat terroriste et la prise d'otages...

la musique est le fil omniprésent de la vie de quatre amis, qui se débattent comme tout un chacun, avec les difficultés de la vie...Ils se retrouvent

pour jouer ensemble... Cette complicité musicale est le ciment de leur amitié...

"Comment a-t-on fait pour se désintéresser autant de la musique ? Elle-même ne peut se passer de musique "classique". Si elle ne pouvait pas pratiquer, elle serait perdue, c'est sûr. Dans sa tête, il y a toujours un thème ou une ligne d'accords, même quand elle est au travail. Les mots la fatiguent, la musique lui apporte le repos." (p. 19)

Nous faisons connaissance , en premier, avec le vieux professeur de musique de Caroline, vivant dans une grande solitude, depuis l'arrêt de ses leçons de musique et le décès de sa femme. Caroline, son élève préférée, devenue médecin généraliste, continue à lui
rendre visite, à s'exercer
avec lui. La musique est devenue doublement un refuge... depuis qu'elle a perdu ses deux fils dans un accident de car scolaire...Musique qu'elle exerce avec deux amis ainsi que son mari,Jochem, luthier
de profession...

Hugo qui se débat avec un bâtiment de la ville où il était responsable des concerts et des festivals musicaux...se retrouve licencié, les subventions
devenant "peau de chagrin"...la culture, et la musique devenant "fantomatiques", secondaires, car non rentables !!!

Heleen, infirmière, qui travaille au même centre médical que Caroline, altruiste jusqu'au-boutiste, en plus de son métier, de sa famille, des répétitions musicales, correspond avec des prisonniers ! [ ce qui
provoquera un événement ultérieur bouleversant... je n'en dirai pas plus ! ]

"On se comprenait tous les quatre sans avoir besoin de parler. C'est bête, mais je me suis sentie entourée, intégrée, soutenue. Et je n'avais pas honte. Peut-être parce qu'on était nous aussi en train de jouer, d'apporter quelque chose à l'ensemble ? Dans ce cas, on a moins de raisons de se sentir nuls. "
(...) Ce n'est jamais bien , pense-t-il. Ni quand on parle, ni quand on se tait. Mais après tout, c'est comme ça dans la vie, on ne fait vraiment jamais bien. "(p. 157)

Dans cet opus, hormis le cordon directeur de la musique...deux autres grands thèmes sont abondamment traités: le grand âge et l'épreuve du deuil, vécue et supportée de façon unique, pour chaque individu... Ce qui sous-entend parallèlement, le regard et le déni fréquemment de la société face à la vieillesse comme face à la mort, et aux personnes endeuillées qui dérangent !!


"Les autres font de leur mieux pour nous aider. ça ne sert à rien de se fâcher. C'est juste que j'ai du mal à supporter toutes ces conneries sur le deuil, ça me donne l'impression qu'il faut se dépêcher, comme si c'était juste un boulot qu'il fallait avoir terminé au bout d'un certain temps. Mais ça ne marche pas comme ça." (p. 191)

Un jeune garçon, Djamil, va aider le vieux professeur de musique, lui faire ses courses, l'aider dans son quotidien; en échange il lui donnera des leçons de musique... et malgré son refus de se faire payer, le professeur lui fera une "cagnotte" ... Cette affection grandissante entre le vieux musicien célèbre et l' adolescent est l'une des très belles lumières d'espérance de ce roman...

Cette auteure semble très concernée par les deuils violents qui tombent sur les personnes; Comment survivre, surmonter le chagrin, la culpabilité ? La solitude extrême de chacun [mais en étant en couple ] face au deuil, l'épreuve du temps et du vieillissement !

De bien nombreuses thématiques jalonnent le roman d'Anna Enquist, englobant l'individu et son degré variable d'adaptation à la société dans laquelle il évolue, et le monde alentour ! Les agressions, la violence, l'insécurité grandissante, généralisée, la corruption des gouvernants, le mépris pour la Culture, la musique, les Arts, le Mal, le délaissement de nos "anciens "!...

En quelques mots... Comment faire face au dur métier de vivre ?

Excellent moment de lecture... je m'immerge avec enthousiasme dans le monde d'Anna Enquist... Il faut juste choisir la bonne période pour la lire, c'est--à-dire, une période où se sent "vaillant"... Car les sujets traités, analysés en profondeur restent des sujets graves , perturbants, nous interpellant de plein fouet...!!!
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Pianiste et psychothérapeute, la romancière néerlandaise Anna Enquist a connu une vie marquée par une tragédie : la perte d'un enfant. Ses livres tournent souvent autour de ce dernier thème, comme Quatuor, avec l'importance de la musique, susceptible de guérir ou au moins d'atténuer le chagrin. Chacun des membres de ce groupe de musiciens souffre d'un manque et surtout d'une perte, notamment un couple (elle est médecin, il est luthier) dont les deux garçons sont morts dans un accident de car scolaire. L'ambiance n'est donc franchement pas à la gaieté dans Quatuor hormis quand les musiciens répètent des pièces de Schubert ou de Bach. A ces quatre-là, s'ajoute un autre personnage, sorte de mentor, que l'âge avancé empêche de sortir et qui a développé une paranoïa du monde extérieur. Anna Enquist a situé son roman dans un futur très proche, à Amsterdam, dans une société qui ne se soucie plus guère de culture et qui se "débarrasse" de ses vieux dans des mouroirs. le tableau est sombre et si la romancière est incomparable dans la description des maux intimes de ses "patients", son ouvrage est aussi résolument politique appuyant sur l'incurie et la corruption ambiantes. Si les 2/3 du livre adoptent le registre de la musique de chambre, sa dernière partie surprend, devenant une espèce de thriller quasi absurde à l'image d'un champ social dévasté acculturé. Très fin du point de vue psychologique et remarquablement écrit, Quatuor peut paraître exigeant et désespéré. Il l'est mais jusqu'à un certain point. Si l'on se laisse prendre par sa petite musique et sa construction brillante, il prend une résonance toute particulière et se révèle extrêmement sensible et émouvant.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Ils sont 4. Il y a Caroline, médecin. Jochem, luthier. Heleen, infirmère. Hugo, directeur d'un centre culturel. Un quatuor. Qui se débattent contre le quotidien qui fait mal. Qui tentent d'aller bien. L'amour commun de la musique. le fait d'en jouer. de vibrer avec elle. L'amitié. Qui les aident à vivre. Qui les aident à s'en sortir. La musique est partout dans ce livre. C'est beau, ça écorche. Une très belle lecture, tout en douceur.
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D'une idée que j'ai trouvé originale ( histoire de 4 musiciens partageant bien plus que de jouer ensemble dans un quatuor) il en est sorti une lecture que j'ai trouvé parfois pénible , longue , fastidieuse. La fin est décevante. Pour autant , la réflexion sur les milles manieres de vivre le deuil au quotidien est séduisante. Chacun vit différemment cela et ces différences ne sont pas toujours compris par les autres....
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Un livre puissant. L'amitié mise à mal part les aléas de la vie: la routine d'un couple, les deuils, le travail, la vieillesse, le sauve qui peut face à la violence, mais une amitié qui peut rester cimentée par la musique. Comme une thérapie, une fenêtre ouverte sur l'ailleurs, les autres, le partage dans une société qui évolue vers toujours plus d'individualisme, de méfiance, de corruption et de solitudes.
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Une très bonne découverte, j'ai beaucoup aimé l'écriture talentueuse de l'auteur, sa délicatesse et ses descriptions touche par touche des failles de chaque personnage et qui trouveront un apaisement à leurs blessures, leurs chagrins grace à la musique et à l'amitié. Un très beau livre mais avec une fin qui m'a toutefois désarçonnée par sa chute inattendue et explosive.
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4 musiciens amateurs se retrouvent régulièrement autour de leurs instruments à corde pour oublier la vie, s'offrir une parenthèse et vivre leur passion.

Heleen est médecin elle travaille avec Caroline et Daniel, est mariée à Jochem, luthier et ami de toujours avec Hugo, directeur d'un centre culturel en déroute. Peu à peu on comprend qu'Heleen est en période de reconstruction suite à un drame qui nous est dévoilé peu à peu. Nous croisons aussi Reiner, un talentueux soliste, professeur d'Heleen, qui vit seul dans la peur de vieillir et d'être rattraper par les services sociaux.

Au delà de la passion de la musique qui allège les propos de ce roman, c'est tout un pan de la société Néerlandaise qui est dépeint ici : le désengagement politique face à la culture, les dysfonctionnements du systèmes de santé, la mauvaise prise en charge des personnes âgées et la médiatisation à outrances de la justice.

Un roman un peu plan plan qui finit de manière bien dynamique et surprenante.
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Quatre amis se rejoignent régulièrement pour jouer leur musique. C'est un moment important pour chacun d'eux, cela leur permet un instant d'oublier.
Heleen devient alors "quelqu'un", elle ne se sent plus inférieure, elle a sa place dans le quatuor.
Hugo ne pense plus à ses problèmes au travail. Il gère un centre culturel mais la mairie ne s'intéresse plus à la culture et ne l'aide pas. Seul l'argent compte.
Jochem et Caroline ont perdu leurs deux enfants dans un accident de car.
Les uns et les autres tentent de continuer à vivre en se donnant pleinement dans leur travail. Pourtant, seule la musique leur permet vraiment de revivre.
Un autre personnage a sa place dans le roman : Reinier, le professeur de Caroline, un vieil homme à la retraite qui vit dans la peur de finir ses jours dans une maison de retraite. La société a évolué et on a mis fin à l'aide à domicile pour placer les personnes âgées dans ces maisons. Personne ne sait ce qu'il s'y passe mais y entrer est généralement le signe d'une mort prochaine.
Enfin, un dernier personnage prend de l'importance à la fin du roman. C'est un prisonnier sans coeur et sans âme, avec lequel Heleen a correspondu, espérant de lui un renouveau. Il a réussi à s'évader de prison et se retrouve parmi le quatuor...
L'histoire est un peu tirée par les cheveux et la société est bien négative envers la culture et ses personnes âgées. Tout n'est qu'argent et corruption. Un regard pourtant souvent réaliste sur le vieillissement.
Un roman bien écrit et passionnant mais j'ai eu quelques difficultés à m'attacher aux personnages.
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A Amsterdam, dans un futur proche, la baisse des subventions a laissé la culture sinistrée et suite à la suppression des aides à domicile, les personnes âgées disparaissent silencieusement dans des mouroirs. Restent les bobos qui achètent des produits bio qu'ils transportent dans des sacs de jute et quelques individus, comme les cinq protagonistes de l'histoire, qui continuent à croire en la musique et à la pratiquer. Jochem,luthier, et sa femme Caroline, médecin généraliste, ont perdu leurs deux enfants dans un accident de car scolaire. Face à ce drame, ils font ce qu'ils peuvent pour continuer à vivre et la musique, qu'ils pratiquent au sein du quatuor, les aide à trouver une forme d'apaisement. Hugo est le directeur d'un centre culturel en crise, bientôt racheté par des Chinois par souci de rentabilité. Il élève en garde alternée sa fille. Heleen est infirmière, mariée, mère de trois garçons. Altruiste, elle participe à un atelier d'écriture dont les membres correspondent avec des détenus. Elle essaie d'inculquer à son correspondant l'amour de la musique classique, et en oublie certaines règles d'anonymat, ce qui ne sera pas sans conséquence, d'autant plus que dans les prisons aussi, on fait des économies au détriment de la sécurité. Enfin, Reinier, qui fut un brillant musicien, vit cloîtré chez lui, terrorisé à l'idée d'être envoyé dans un mouroir, si quelqu'un remarque qu'il est de moins en moins autonome, même s'il accepte peu à peu que Djamil, un jeune voisin,lui rende quelques services. J'ai beaucoup aimé ce livre, la colère qu'il recèle et sa mélancolie particulière. J'avoue avoir été surprise par la fin, "explosive", qui m'a fait penser au proverbe "combattre le mal par le mal" et dont le roman ne dit pas si elle aura, ou non, une vertu thérapeutique pour les différents protagonistes.
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