Citations sur Les oiseaux de bois (19)
A chaque mot, ma folie augmentait, se détachait de moi, échappait à mon contrôle. J'écrivais sur des bouts de papier comme on commet un crime. D'ailleurs l'écriture ne me protégeait plus de la folie, de la mort, de moi-même.
"UNE VISITE SURGIE DU PASSE"
"Schizophrénie paranoïde". J'ai aimé l'étiquette qu'ils m'ont collée, car l'être humain aime tout ce qui lui appartient. Et j'ai pensé que toutes ces choses - les guerres, les prisons, les femmes battues, etc. etc. - n'étaient qu'hallucinations. Donc, ce n'était pas le monde qui était en cause, mais mon imagination débridée.
JOURNAL D'UNE FOLLE.
Il devait bien avoir quelque part une conviction, un rêve, un être pour lesquels la vie valait d'être vécue. C'est toujours avec cette nostalgie, cette conviction naïve et dangereuse que j'ai couru d'une rue à l'autre, d'un livre à l'autre, d'un regard à un autre. J'ai traversé le monde pas à pas et, tendant les mains, j'ai fouillé avec soin ...
UNE VISITE SURGIE DU PASSE
Je comprenais maintenant que ma vie avait toujours était pleine de la peur de voir les choses disparaître. Ce sentiment confus de perte est accablant et beaucoup plus douloureux qu'une perte véritable, car je n'avais aucune idée de ce que je perdais ni de ce que je cherchais.
Où que j'allasse dans le vaste monde, ils me retrouvaient. Les morts m'écrivaient, m'expliquaient les choses que je n'avais pas encore pu déchiffrer, me rappelaient vers un lieu où je finirais toujours par revenir. Si d'aventure je sortais de mon récit, ils me mettaient en garde contre la vie. Ils savaient que la seule chose à faire était de déchiffrer l'avenir et le passé où je m'étais réfugiée. Le seul, l'éternel visiteur de ma cellule, de mes ténèbres intérieures, était le spectre dépaysé de mon passé. Il m'attendait...
On trouve toujours les moyens d'adoucir les catastrophes, les morts, les destructions, pour se blottir entre les murs étroits de la vie quotidienne, mais cela ne sert à rien. La douleur est toujours là, elle persiste. C'est peut-être parce qu'on ne peut pas supporter d'être ce que l'on est. Et parce qu'on veut remplir le temps qui passe sans jamais s'arrêter.
En se croisant sans échanger un regard, par milliers, par dizaine de milliers, ils allaient mêler leurs destins, leurs désirs, leurs aspirations et leur rêves, tissant brin par brin un filet aux mailles serrées. Pour tenir un rôle dans une pièce écrite par d'autres, ils allaient se battre sans pitié, prendre part aux marchandages et aux disputes, se démener pour arracher au monde la part de butin qui leur était attribuée depuis longtemps. Ils ne laisseraient derrière eux que des mouchoirs de papier froissé que le vent disperse. (P. 98)
Secoue un peu la poupée, époussette-la et mets-la devant un miroir. Débarrasse ses yeux de ses traces de larmes, mets-lui son masque de jour, rends-la séduisante. Aie soin de cacher sa pâleur sous plusieurs couches de Rimmel et de fard si tu veux pouvoir l'insinuer dans le monde des humains
Je partais pour un long voyage sans but, qui ne menait nulle part, je me mettais en route pour partir loin de moi et ne plus revenir.
On trouve toujours un moyen d'adoucir les catastrophes, les morts, les destructions, pour se blottir entrebles murs étroits de la vie quotidienne, mais cela ne sert à rien. La douleur est toujours là, elle persiste. C'est peut-être parce qu'on ne peut pas supporter d'être ce que l'on est. Et parce qu'on veut remplir le temps qui passe sans jamais s'arrêter.