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Critique de Sokleine


Un essai autobiographique intéressant dans lequel l'auteur, philosophe, professeur d'université, mêle ses souvenirs personnels à des considérations sociologiques générales.

Alors qu'il ne cachait pas son homosexualité, Didier Eribon s'est longtemps efforcé de taire ses origines sociales qu'il exécrait et dont il avait honte. Ce n'est qu'après le décès de son père avec qui il était brouillé, (comme d'ailleurs avec le reste de sa famille), qu'il décida de revenir dans sa ville natale, Reims et d'avoir de longues conversations avec sa mère. Dans cet ouvrage il ose enfin dévoiler le milieu modeste dans lequel il a vécu jusqu'à ses vingt ans. Père manoeuvre porté sur la boisson, mère femme de ménage, frère garçon boucher, grand-mère concierge, habitat dans une cité HLM, l'auteur décrit froidement la vie d'une famille ouvrière pauvre et peu instruite, la sienne. Des conditions précaires et une classe sociale qui ne laissaient présager, pour lui, d'aucune ascension dans la société. Il n'a eu de cesse de s'en échapper afin de poursuivre ses ambitions.

L'auteur raconte toutes les étapes de son parcours personnel, les difficultés auxquelles il s'est heurté, sa résistance et sa combativité. Il y ajoute des réflexions sur les classes, le système scolaire, la fabrication des identités, les genres, la politique, les gouvernements, les dominations sous leurs différentes formes. Il cite et développe les théories de divers philosophes et sociologues qu'ils l'ont inspiré tels Michel Foucault, Pierre Bourdieu, Jean-Paul Sartre, Raymond Aron. J'avoue que certains passages sont parfois ardus et peu accessibles aux lecteurs non initiés.
Didier Eribon fait aussi référence aux récits intimistes, à l'ascension sociale et à la honte qu'a longtemps ressentie Annie Ernaux. Ces parcours peuvent être mis en parallèle tout comme celui d'Edouard Louis, pour lequel Retour à Reims reste une référence primordiale.

J'ai aimé le réalisme et le regard froid que l'auteur porte sur son milieu d'origine mais aussi son effort d'introspection et au final sa sincérité. Il découvre que son brillant parcours s'est construit sur le rejet de son origine sociale. Peut-être après coup éprouve-t-il quelques remords ou regrets...). Et même si je me suis parfois un peu perdue dans ses réflexions sociologiques, j'ai apprécié la lecture de cet ouvrage.

#Challenge illimité des départements français en lectures (51 - Marne)
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