Dans une sorte d'auto-psychanalyse,
Didier Eribon règle ses problèmes, et il en a beaucoup. "
Retour à Reims" correspond à sa réconciliation avec son milieu d'origine, sa famille, ce qui n'a pu être possible qu'à la mort de son père. le simple fait d'envisager de faire des études a été un facteur de séparation avec ses parents, ouvriers "de gauche". Il lui a fallu se reconstruire, accepter son homosexualité, se recréer une identité, accéder à la culture, apprendre à devenir un intellectuel... et donc se couper de ses origines. Tous cela est raconté avec pudeur, et le récit personnel est théorisé et assorti de citations et de réflexions sociologiques sur des sujets aussi divers que : l'influence du milieu familial et de l'origine sociale, le racisme ordinaire, la violence conjugale, l'homophobie, la domination sociale des élites bourgeoises, le marxisme et la lutte des classes, l'utilité ou l'inutilité des diplômes, pourquoi et comment, dans les milieux populaires traditionnellement situés à gauche, devient-on un électeur du Front national, peut-on finalement échapper à ses racines, et à quel prix. Pour ma part, j'ai préféré dans ce livre la description du parcours personnel et emblématique de l'auteur, à la tentative de théorisation sociale, qui semble être un alibi à l'écriture du livre, voire une démonstration revancharde (mais bien légitime, convenons-en) de l'appartenance à une autre élite que celle des bourgeois, l'élite intellectuelle.