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4,13

sur 694 notes
Livre passionnant, que j'ai lu comme un roman. Il m'a permis de mieux connaître un auteur que j'avais eu l'occasion d'un peu approcher par la lecture de sa biographie de Michel FOULCAULT. Un livre aux multiples facette, renvoyant l'une à l'autre à travers l'itinéraire de l'auteur dans son "retour à Reims". Il m'a souvent renvoyé à moi-même, à mon propre itinéraire, bien différent et pourtant si proche (je pense à la dimension sociale).
J'espère vivement avoir l'occasion de découvrir le spectacle que Didier ERIBON en a tiré pour le théâtre. Je l'ai malheureusement "zappé" au début de cette saison théâtrale.
Reste une question qui me laisse perplexe : comment expliquer le maintien de sa rupture avec son milieu d’origine (frères, neveux, cousins...) quand on dispose de la lucidité, de la sensibilité et de l’engagement social dont témoigne l’auteur dans son écrit ?
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Didier Eribon me fait penser à l'enfant qu'auraient eut Annie Ernaux et Eric Zemmour. Je m'explique: à la mort de son père, beauf honni, Didier Eribon retourne à Reims et raconte comment et pourquoi il a quitté son milieu familial (ouvrier) qui lui faisait honte. Comme Annie Ernaux, Eribon mêle expérience personnelle et sociologie. Il analyse l'inappétence des jeunes des milieux populaires pour l'école, le vote front national, les goûts culturels... Et il est souvent très lucide. Mais il est surtout très méchant. Et c'est en cela qu'il me fait penser à Eric Zemmour tant on sent chez lui le frustré revanchard. C'est aussi pour cela que j'ai cessé ma lecture à la moitié. Je n'en pouvais plus de son mépris et de son ingratitude. J'ai eu honte pour lui d'avoir à ce point honte de son frère ou de son grand-père. J'ai eu honte pour lui de n'éprouver aucune reconnaissance au fait qu'il ait pu lire Marx et Lénine vautré dans sa chambre (qu'il n'avait pas à partager parce qu'il faisait des études) pendant que ses parents se tuaient littéralement à l'usine. On dirait la dernière scène de Ressources humaines sauf que la violence du petit con envers son père s'exprime de longue. Deux exemples qui m'ont ulcérée. le premier concerne l'école. Eribon ressasse cette théorie discutable selon laquelle l'école serait une machine à exclure. Il fait remarquer, non sans raison, que ce sont toujours parmi les classes populaires, que les jeunes n'aiment pas l'école. Mais il va plus loin: il prétend que la bourgeoisie agit à dessein, qu'un complot des possédants vise à supprimer toute possibilité, pour les pauvres, de s'élever dans l'échelle sociale. Cependant, une question se pose alors: et lui ? pourquoi et comment a-t-il aimé l'école ? N'est-ce pas par sa propre volonté qu'il a réussi ? N'aurait-il pas pu aider ses frères cadets ? - Ben non, bien sûr. Il avait tellement envie de les fuir qu'il préfère accuser la société. Tellement facile ! Autre malhonnêteté: il explique (très bien, quoi que dans un style ampoulé) que l'élection de François Mitterrand marque à la fois le sommet des aspirations de la classe ouvrière et le début de l'effondrement de celle-ci. Il explique comment les anciens étudiants bourgeois de mai 68 ont dénaturé les aspirations des ouvriers puis leur ont tourné le dos avant de les réduire au silence par leur mépris glacé. Mais il fait là son propre portrait !!! Celui d'un ex gauchiste bobo qui "ne serre pas la main à quelqu'un qui vote FN". Non, vraiment, je ne peux pas continuer. J'ai envie de le gifler.
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Un livre très riche, trop riche peut-être, ce qui le rend à la fois intéressant et confessant.
L'auteur aborde à la fois ses relations avec sa famille, sa vie entre le milieu intellectuel et ses origines ouvrières, l'évolution sur l'échiquier politique de se famille (et plus largement de la classe ouvrière), sa vie comme homosexuel, le hasard qui lui a permis de sortir de la condition ouvrière et toutes les chausse-trappes qu'il a du éviter pour rester dans un circuit de promotion, et j'en passe.

Bref, attendez-vous à une forme de journal dans lequel vous lirez ce qui vous intéresse et vous inspire.
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Mélange d'autobiographie et d'analyse sociale et politique. Ou comment les déterminismes sociaux et sexuelles s'imposent dans une vie. Excellent.
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La recherche d'identité, la fresque de famille et la réflexion sur le déterminisme social – tout cela donne à réfléchir. Sa haine de son origine sociale me semble déconcertante, elle ne suscite pas mon empathie.
Mais voilà, j'ai décroché sur le volet politique. Autre regret : l'analyse des mécanismes sociologiques m'a paru aride et sans intérêt. J'ai donc sauté des pages ; j'attendais un propos plus dense, compte tenu de la note hyper généreuse à mes yeux.
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Didier Eribon nous présente un mélange littéraire. Il y a des éléments autobiographiques, mais aussi des passages qui contiennent des réflexions sociologiques, politiques et psychologiques. L'auteur décrit comment il a réussi à s'émanciper du milieu de ses parents, du milieu de la classe ouvrière. Son homosexualité et sa prétention d'être - ou: de devenir - un intellectuel le séparent de plus en plus de toute sa famille. Didier Eribon a écrit un livre qui est impressionnant par sa sincérité, mais aussi par la présomption de l'auteur. Il dédaigne ses parents. Un peu de pitié, surtout de sa mère ? C'est une femme qui a travaillé dur pendant toute sa vie, sans récompense convenable et sans reconnaissance. Dans ce contexte, l'auteur montre une froideur qui fait frissonner.
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Voilà une lecture dont je sors avec un goût d'inachevé qui justifie les deux étoiles seulement.

Trois éléments m'ont rendu cette lecture difficile :
- le style de l'auteur que j'ai trouvé trop sentencieux, parfois presque lourd et emprunté,
- l'espèce de carcan idéologique au prisme duquel tout est passé y compris la simple humanité. Cela prive le récit d'une chaleur qui aurait pu faire naître la compassion,
- la douleur qui suinte de toutes les pages. En tout cas le manque de joie. le sujet est un sujet grave certes. Je ne suis pas certain que la dissection dont il fait l'objet serve réellement le propos.

Cela étant dit, cette étude sociologique car au-delà du prétexte autobiographique c'est de cela qu'il s'agit, est très intéressante. Elle éclaire bien certaines lignes de fracture de notre société même si, à mon sens, elle ne va pas toujours au bout des choses.

En filigrane, des thèmes qui me sont chers : la paternité, la transmission, la construction de l'individu, l'héritage.

La lecture de certaine critiques m'a peut être fait attendre un peu trop de cet ouvrage. Dommage.
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Un 31 décembre à minuit, Didier Eribon apprend par sa mère, au téléphone, que son père vient de mourir.

" Difficile de rendre compte de toute la réflexion et de toute l'émotion que suscite la lecture du livre, parcouru par les vibrations de révolte d'une mémoire humiliée, par une sorte particulière de mélancolie, analysée dans une très belle page, celle de l'être arraché à son premier monde " ( Annie Ernaux )

Ce livre m'a beaucoup touchée car je suis de la même génération que l'auteur, issue du même milieu social et comme lui, la seule " miraculée " scolaire de ma famille. J'ai moi aussi coupé les ponts avec ma famille d'origine, pour qui j'étais une sorte de mouton noir...
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Un livre vibrant, sensible sur un cheminement personnel. l'histoire aussi d'une ascension sociale...un tres beau livre où j'ai retrouvé dans la bouche des parents de l'auteur des remarques qui me furent faites à moi aussi dans l'enfance. En particulier la remarque sur la musique classique écoutée à la radio 😕...
Est ce Goethe qui a dit : "on est adulte quand on a pardonné à ses parents" ou quelque chose d'approchant ?
à lire absolument...
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Retour à Reims est une autobiographie sous forme d'essai mêlée d'éléments sociologiques. Il permet à son auteur de revenir sur son enfance et son parcours universitaire. Si en tant que sociologue, Didier Eribon s'est largement penché sur la question homosexuelle, celle des classes populaires est bien d'avantage au coeur de ce livre. Il y retrace les différentes étapes de sa vie, son propre transfert de classe et la manière dont il a été perçu par son entourage, la manière aussi dont il s'est distancié de sa famille. Son identité homosexuelle est abordée comme étant une des clés de son évolution intellectuelle et culturelle. A plusieurs reprises, il fait état du « mur de verre » auquel il a dû se heurter – et auquel toute personne faisant l'expérience d'un changement de groupe social se heurte – parce qu'il n'avait pas les codes de ce nouveau milieu. Il met en avant la manière dont les goûts sont modelés par l'environnement social : comment un fils d'ouvrier jugera presque systématiquement ridicule la représentation d'un opéra, summum du raffinement dans d'autres milieux. Avec recul et justesse, il revient sur son propre comportement, proche du snobisme, au début de sa vie étudiante lorsque, par exemple, il ne pouvait pas comprendre que ses camarades issus de classes aisées s'intéressent au football, sport largement répandu et apprécié dans les milieux ouvriers.

La force de Retour à Reims s'exprime dans l'absence de jugement, Didier Eribon – en bon scientifique – se contente d'observer à la fois ses propres réactions et celles de son entourage. Il constate l'existence de frontières psychologiques entre les différentes milieux sociaux et culturels, et par ce simple constat il fait à mon sens oeuvre de résistance en invitant le lecteur à la réflexion. Loin de toute naïveté, Didier Eribon n'enjolive pas à posteriori le milieu dont il est issu, il en reconnaît les incohérences, notamment politiques – du vote communiste à la montée de l'extrême-droite – et endosse la casquette du sociologue pour développer ces questions. Il travaille ainsi à décrire les mécanismes de domination de classes et leur influence sur l'individu et sur le groupe auquel il appartient.
Lien : https://synchroniciteetseren..
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