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Critique de Sarindar


Philippe Erlanger a écrit ce livre pour démontrer que l'homme sous influence que fut Charles VII (1403-1461), commotionné par l'atmosphère sanguinaire qui entourait la longue querelle des Armagnacs et des Bourguignons, utilisé par les premiers, sauvé à grand- peine quand les pro-Bourguignons reprirent Paris et tuèrent Bernard d'Armagnac, se laissa d'abord dominer et tromper par des favoris comme le Camus de Beaulieu ou comme Pierre de Giac, bientôt remplacé par Georges de la Trémoïlle, à qui il laissa plus ou moins pendant un temps les rênes du pouvoir. Sa mère, Isabeau de Bavière, qui vivait à présent sous la protection du duc de Bourgogne, consentit à Troyes, en 1420, cinq ans après la défaite des Français à Azincourt devant le roi d'Angleterre Henry V, à donner sa fille en mariage à ce dernier, de sorte que la couronne de France devait revenir, à la mort de son époux, Charles VI, à Henry V ou à l'enfant que ce dernier devait avoir avec Catherine, la fille de Charles VI et d'Isabeau justement, et ce fut Henry VI. En conséquence, Isabeau déshérita le Dauphin Charles en lui contestant ses droits à régner un jour sur le royaume de France.

Le propos de Philippe Erlanger fut de démontrer qu'il ne savait pas se diriger lui-même et qu'il subit l'ascendant de certains conseillers et celui de quelques femmes : Jeanne d'Arc, qui vint le secouer, en 1429, écarter la menace anglaise sur le royaume de Bourges et les bords de Loire, où il vivait, et qui le conduisit jusqu'à Reims pour qu'il y fût oint et couronné ; la belle- mère de Charles et sa protectrice, Yolande d'Aragon, duchesse d'Anjou qui aurait fait venir, avec la complicité de son fils René, duc de Bar, la Pucelle à la cour et qui aurait aidé par la suite à la réconciliation du connétable Arthur de Richemont avec le roi, pour mettre fin à une brouille préjudiciable que ce dernier avait avec La Trémoïlle qui devait entrer en disgrâce ; enfin Agnès Sorel, une jeune femme qui aurait séduit le roi et lui aurait soufflé les recettes pour obtenir de bons résultats dans tout ce qu'il entreprendrait et qui aurait placé à ses côtés une kyrielle de bons conseillers, dont Pierre de Brézé.
Erlanger eut sans doute raison de dépoussiérer L Histoire, mais ce faisant il toucha un peu au mythe de Jeanne d'Arc en disant qu'elle n'avait été pendant un moment que la créature de Yolande d'Aragon, ce qui attira à l'historien les foudres de Régine Pernoud, qui voulait maintenir la légende d'une jeune fille qui ne devait rien à personne, sauf à Dieu et aux voix qu'elle entendait.
On nuancerait tout cela aujourd'hui, car Jeanne fut bien, de toute façon, une prophétesse en action, mais elle perdit son pouvoir quand le roi, ses conseillers et Yolande s'entendirent pour que l'on passât des accords avec Phlippe le Bon, duc de Bourgogne, au grand dam de la Pucelle qui voulait obtenir la soumission de ce dernier au roi après qu'elle l'aurait vaincu.
On sait que le roi fut bien secondé et "bien servi" par la suite. Il put reconquérir son royaume, réformer l'armée, repenser les impôts. Mais il dut affronter des frondes seigneuriales, avec Jean d Alençon, le "gentil duc" de Jeanne, et avec le
Dauphin Louis, le futur Louis XI, qui devait trouver le règne de son père beaucoup trop long.
Erlanger a fait de la bonne histoire (une faiblesse : trop peu de chronologie). Son livre est cependant un peu dépassé. Les travaux de Philippe Bully et de Georges Minois ont depuis fait avancer le débat autour de la question : Charles VII fut-il le roi falot décrit dans beaucoup d'ouvrages antérieurs ?
François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)


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