« Pied droit... Pied gauche... Pied droit... Et un nouveau mètre de franchi. Combien au total, depuis le départ ? Sept ? Huit ? Dix ?
Ne te pose pas cette question. Tu peux compter les pas à partir de maintenant, un par un, mais interdiction de penser aux précédents. C'est pourtant élémentaire. « EN ARRIÈRE, TU NE REGARDERAS POINT. » L es deux commandements du funambule. » p.36
« La peur, en revanche, ne se dissipe pas. Elle s'englue, solidement amarrée dans les replis de mes viscères, les alvéoles de mes organes, les pores de ma peau. C'est peut-être une chance, ces papillons dans l'estomac, le cœur qui pompe, incisif, le sang qui pulse dru. C'est peut être parce que tout à l'heure j'avais oublié la peur que j'ai frôlé la catastrophe.
Quand on perd la peur, on perd le danger, et alors on risque l'accident. C'est la peur qui maintient vivant. » p. 34
« Ne plus le regarder, ne plus faire attention à lui, me concentrer. La séparation est en route. Le compte à rebours est engagé.
Plus rien ne doit compter que moi, mon corps, mon souffle, ma sphère. Je, je, et encore je.
Dans quelques instants, je m'élancerai. Dans quelques instants, je serai ailleurs, dans une autre dimension.
Je dois respirer lentement, profondément, gonfler la poche tout en bas de mon ventre. Dans quelques instants, je serai libre. Je serai vivant. Vivant et si proche de la mort... » p.13