Je l'aimais de tout mon vide.
Tout est difficile. Me dire, il est insignifiant intellectuellement,
personnalité conformiste, etc ... ne sert à rien
puisque ce n'est pas pour cela que je suis attachée à lui,
mais par ce lien de peau indéfinissable,
dont le manque est à crever.
Ce journal aura été un cri de passion et de douleur d'un bout à l'autre.
L'attendre avec plein de scénarios dans la tête (où faire l'amour, comment, etc.) et ne pas savoir s'il viendra. Ce gouffre - entre l'imaginaire, le désir et le réel - est invivable.
Qu'est ce qu'aimer un homme? Qu'il soit là, et faire l'amour, rêver, et il revient, il fait l'amour. Tout n'est qu'attente.
Enfin, moi je l'aime de tout mon vide.
Moi, je suis l'écrivain, la pute, l'étrangère, la femme libre aussi. Je ne suis pas le "bien" qu'on possède et qu'on exhibe, qui console. Je ne sais pas consoler.
Je ne supporte que deux choses au monde, l'amour et l'écriture, le reste est noir. Ce soir, je n'ai ni l'un ni l'autre.
Je n'ai jamais rien su de ses activités qui, officiellement, étaient d'ordre culturel. Je m'étonne aujourd'hui de ne pas lui avoir posé plus de questions. Je ne saurai jamais non plus ce que j'ai été pour lui. Son désir de moi est la seule chose dont je sois assurée. C'était, dans tous les sens du terme, l'amant de l'ombre.
Ce qui compte n'est donc pas la réalité de nos rapports, mais la perception que j'en avais : j'étais un peu malheureuse et je ne me souviens que du malheur.