Un fin crachin alourdissait l’atmosphère. Un Irlandais de souche n’en aurait même pas boutonné sa chemise, sans parler d’enfiler quelque chose par-dessus. Ce genre de pluie s’arrête au bout de quelques minutes… pour reprendre quelques minutes plus tard. On deviendrait cinglé si on devait y attacher de l’importance.
Andreas Eschbach, auteur du génial "Des milliards de tapis de cheveux" nous livre ici une fable sur la nature humaine. Duane Fitzgerald, cyborg retraité des Marines s'est réfugié en Irlande sur la terre de ses ancêtres afin d'y vivre en ermite. Il partage son temps entre ses lectures de Sénèque et la lutte constante pour gérer le vieillissement de son corps meurtrie par la fusion avec la machine, jusqu'au jour où un étrange asiatique va tout venir bouleversé.
Ici, Eschbach se situe dans l'anticipation, mais à l'instar de "Jesus Video" ou de "Station Solaire", il peine à décrire un univers contemporain crédible et saupoudré de SF. Le roman se lit bien, et se trouve bien mieux travaillé que le décevant "Station Solaire", il est vrai, oeuvre de commande ; mais il lui manque cette idée géniale qui fit de "Jésus Vidéo" un sommet de de la SF contemporaine. Un Eschbach mineur donc, mais néanmoins divertissant.
Le passé n’était pas révolu. Le passé n’était même pas passé. Il était juste sur le point de me rattraper.
L’espace d’un moment, je me sentis étrangement vulnérable, à la limite de la fragilité. La batterie oscillait à chacun de mes pas ; mon turbocoeur, résolument inutile, me paraissait lui aussi curieusement présent. Tout cet attirail semblait prêt à déserter mon organisme pour dégringoler à terre.