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Critique de migdal


« Trois amis ont pris la route.
Ils ont fait leurs études dans la belle ville de Paris, partagé espoirs, rêves et secrets. Lorsque la guerre a éclaté, tous trois ont rencontré un homme étrange et riche.
Le premier a pris la tête des affaires de l'homme étrange. Il a bâti un empire.
Le deuxième a épousé sa fille. Il est devenu l'homme le plus prospère du pays.
Le troisième a gagné l'appui de cet homme et a obtenu le trône de France. »

L'incipit d'une «Une histoire sans fard. L'Oréal, des années sombres au boycott arabe» de Michel Bar-Zohar, m'est revenu en mémoire en lisant « La gloire des maudits » où Etienne Licht (Eugène Schueller) est « un homme étrange et riche », Roger Verneuil « a pris la tête des affaires et épousé sa fille » et Morland « obtenu le trône de France ». le pacte des trois mousquetaires François Dalle, André Bettencourt, François Mitterrand et Pierre de Bénouville, tous collaborateurs d'Eugène Schueller chez L'Oréal, est d'ailleurs repris dans l'enquête «  En bande organisée : Mitterrand, le pacte secret » que Sébastien le Fol vient de publier chez Albin Michel.

Dans la IV° république de René Coty, la romancière Sidonie Porel règne sur le Paris intellectuel et artistique et préside l'académie Goncourt. Son oeuvre est aussi connue que sa vie personnelle méconnue … Gabrielle Valoria, fille d'un ex de Sidonie, incitée par Léon Drameille à enquêter sur le passé de la reine des lettres, la convainc de lui confier la rédaction de sa « biographie autorisée ».

L'enquête débute et nous plonge dans le monde littéraire des années cinquante où croassent et grenouillent résistants et collaborateurs et se préparent les carrières politiques sponsorisées par des investisseurs qui ont souvent largement profités de l'occupation, comme Etienne Licht.

Nicolas d'Estienne d'Orves, exécuteur testamentaire de Lucien Rubatet, possède deux inédits de l'écrivain collaborationniste (son journal d'après guerre et le roman La Lutte finale) qui lui fournissent les acteurs de la tragédie, Paul Morand, René de Chambrun et son épouse (fille de Pierre Laval), Jacques Benoist-Méchin, Arletty, Jean Cocteau, Louise de Vilmorin, etc. et peignent des décors parfois aussi glauques que ceux du Marcel Proust de Sodome et Gomorrhe .

Le romancier maitrise (malgré de vénielles incohérences) les règles du mélodrame où l'ambition (mais Mitterrand n'était pas ministre de février 1955 à janvier 1956), l'amour, l'argent (d'où Léon sort il son fric ?), les secrets de famille (comment un enfant né de père inconnu est il inscrit à l'état civil sous le nom paternel ?) et les crimes de Big Pharma forment un cocktail sanglant mais, comme dans ses précédents romans, rate la conclusion (à mon humble avis la dernière partie « l'ombre » n'éclaire pas grand chose) d'une intrigue qui dévoile les connivences éditoriales et les ombres de l'Oréal.

Ce roman apprend beaucoup sur le retour en grâce des maudits et la lecture est aiguillonnée par le jeu des devinettes … Ramon Fernandez a-t-il inspiré Enrique Valoria ?

PS : A noter l'anachronisme (page 186) évoquant l'ORTF (créée le 27 juin 1964) et la rupture Morland (Mitterand) Jacqueline Huet (présentatrice)… mais l'auteur né en 1974, n'a pas vu la naissance d'Oscar rejoignant en 1964 le trio Rémi, Toto, Fanfan (RTF) dans « Bonne nuit les petits » et est donc pardonnable !

PS : Les fidélités successives :
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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