Les blessures cicatrisées ont de ces réveils imprévus.
Georges a laissé derrière lui sa collection de poètes. A se les répéter on a comme du miel sur une gorge en feu.. Mais aucun de leurs mots ne dénoue ces fils qui tissent les jours, d'arrière en avant et se ferment en boucle, (...) Circonvolutions, nœuds inextricables. Soi-même est-on autre chose qu'un pâle reflet de l'enchevêtrement universel ? Est-ce la complexité du monde qui se reproduit en chacun de nous ? Ce monde n'est-il que l'addition de nos chaos respectifs ?
Plus elle avançait dans la vie, plus elle tolérait les différences, cherchait à les comprendre, plus les rapports avec les autres devenaient malaisés. Illogique !
- Dis donc ! C'est beau là-bas !
Quelques minutes nous rêvions. "Habiter là. Tu te rends compte ! - Impossible, j'ai tout essayé depuis des années. Jamais rien obtenu sinon des promesses. Les couples sont prioritaires. Toi, peut-être ? - Avec un seul enfant ? Aucune chance ! Nous ne sommes pas en situation "légale". " - A travers les armatures où l'on coulait le béton, nous voyions jaillir l'eau chaude dans des baignoires blanches, nous entendions claquer la porte que l'on referme avec volupté sur sa chambre.
Fringale d'un ciel entier.Y enfouir nos rêves sans mesure.(p.33)
Passent dans le ciel,dans le ciel oui puisque je lève la tête pour les capter de fugitives, trop,violentes musiques entrées en moi sournoisement le matin; mon sang les a charriées tout le jour à mon insu,trimbalées de métro en vestiaire planning bureau, trimbalées ,oubliées et parce que d'avaler gloutonnement la nuit à grosses bouchées j'ai grandi jusqu'au toit des maisons-ma tête bientôt touchera le ciel- (p.44)
Gêne de ces instants où se matérialise un changement de l'existence. Charnières grinçantes, la porte tourne, je vais passer le seuil derrière moi,Milie vulnérable. Et sa fragilité me donne la mesure de mes forces intactes. (...)
Le goût savoureux de la solitude je n'y crois guère. Ce pain-là se mastique avec des larmes rentrées, j'en ai mangé,je veux l'oublier.(p.9)
Avoir du temps. Saveur oubliée. Saveur jamais connue,rectifie Milie sinon par accroc,les convalescences.Avoir du temps,avoir du temps.Nous nous décrivons l'une à l'autre cet avoir du temps.(p.64)