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EAN : 9782207281031
236 pages
Denoël (10/05/1971)
4.1/5   5 notes
Résumé :
Villaverda repousse la couverture, la vaisselle de plastique jaune roule sous ses pieds. Si seulement elle criait, il en finirait tout de suite. Il quitte sa veste, ses chaussures. Il la hait pour tout. Que représente-t-il pour elle ? Elle est chez elle, dans ses frontières, pas lui. Permis de séjour. Que sait-elle de cet arrachement sanglant entre une terre et soi-même, de l'espérance fêlée jour après jour? Elle le regarde gravement. Il a bu. Elle le juge, il ne lu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
En hommage à Claire Etcherelli qui n'est plus...



Ville de M., la municipalité aide à la création d'une pièce "Un homme fatigué", adaptation du roman "Clémence" de Gabrielle Fardoux, en mettant à disposition gracieusement le théâtre.

Adaptation qui sera peut-être centrée, encore davantage que le roman, sur les relations entre Clémence et Villaderda, un exilé espagnol qu'elle rencontre fortuitement un jour de drame dans un campement de réfugiés à la lisière de Paris.


Les années soixante, trente glorieuses pour certains, difficultés toujours plus lourdes pour d'autres, petits boulots pour gagner trois sous, de quoi se loger, manger et... rester en marge d'une vie qu'on regarde mais à laquelle on ne participe pas.
Période troublée, agitations, manifestations, portant des noms tristement célèbres comme Charonne qui disent les sentiments d'une société qui vacarme.


Clémence travaille dans un petit magasin libre-service, trois employées et la patronne, une ancienne employée qui a eu une promotion et qui ne se rappelle guère de son époque de petite main.
A côté de ce magasin, se trouve une zone sur laquelle un campement pousse ou plutôt s'enfonce tant les conditions de vie sont insalubres : tziganes, émigrés d'Afrique du Nord, réfugiés espagnols tentent de survivre dans un cloaque et un jour - pas si différent des autres - le feu, l'affolement... Clémence croise un homme plus âgé qu'elle, Villaderda, un regard, ou plutôt une désinvolture de la vie, elle s'accroche, il cède et lui accorde une petite place dans son existence...
Il ne veut pas vivre au campement et devient un "représentant sédentaire". Elle l'assistera, il feront tandem dans la vie professionnelle et intime.
Mais chacun d'eux a une histoire, des engagements au sein d'une cause il y a vingt-cinq ans pour l'un, engagements dont on sait peu de choses, sauf que Villaderda a appartenu au C.N.T., avant de le quitter pour devenir communiste, avant de tourner le dos à ces idées pour devenir… on ne le saura pas.

C'est un homme déchu, mais qui le nie, qui boit pour s'encourager mais que l'alcool transforme en un despote qui exploite Clémence, profitant sans vergogne de son amour et sa naïveté, qui trouve dans l'alcool le reflet d'une terre dont l'absence lui fait crier la souffrance du mot "exil".

Car Clémence, jeune femme à l'enfance fracassée entre une mère possessive mais portée sur la boisson et un père absent en actes et en pensées, cherche manifestement un point d'ancrage, un avenir, un destin et Villaderda semble incarner tout cela. Elle est sincèrement attachée à lui, lui pardonnant ses faiblesses, ses colères, ses jalousies.

C'est leur vie, ou plutôt ce qui est tu de ce qu'ils ont été, que raconte ce roman : pourquoi cette emprise de Villaderda sur Clémence, pourquoi les sentiments de cette dernière l'empêchent-ils de réagir ?
Une époque où tout semble possible mais où les élus sont peu nombreux, une époque de déflagrations, un pays agité par L Histoire, quand Celle de l'Espagne continue d'agoniser du sang de ses condamnés au garrot.


Et finalement Clémence n'est que le reflet de Gabrielle qui a connu, elle-aussi, un certain "Villaderda" même si le nom était autre. Gabrielle qui rencontre Simon, celui qui va interpréter le rôle de l'espagnol, acteur sans notoriété, sans talent, qui voudrait mieux connaître Gabrielle pour mieux comprendre Clémence mais qui n'a pas le courage de s'investir, la patience de donner de son temps et de sa sincérité pour recevoir les confidences que Gabrielle fait difficilement.

Deux "couples", deux histoires, deux silences maladroits qui ruinent la vie quand le passé des uns rend infirme l'avenir des autres...
Quand l'exil habite un homme dans sa plénitude, quand une cause qui l'a fait vivre s'éloigne petit à petit, que reste-t-il de ce qu'on peut partager avec l'Autre, quel avenir peut-on espérer construire ?


Un texte dur, bouleversant qui dit deux êtres qui ne savent finalement qu'habiter la solitude malgré leurs désirs de partages.
Une écriture personnelle, toujours un grand bonheur de lecture avec cette écrivaine, Claire Etcherelli.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les unes après les autres, les démocraties victorieuses avaient passé l’éponge et bouché leurs oreilles. Sur la terre des larmes, elles s’étaient arrangées, côté soleil, un jardin de délassement, une cour de jeux où ces humanitaires misaient leurs billes d’argent. Rien mieux que l’oppression ne protégeait les valeurs investies.
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Abritée derrière mon apparence, je demeure invisible à tous. Qui me connaît ?
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Le retour commence des voitures vers les cités. Elles ont des fleurs à la fenêtre arrière. Des fleurs de printemps qui vont tremper dans l’eau fraîche d’un vase.
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La passion d'amour n'est que le baume des vies creuses.
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Video de Claire Etcherelli (1) Voir plusAjouter une vidéo

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Sujet muet sur le Prix Femina attribué à "Élise ou la Vraie Vie" de Claire Etcherelli et le prix Medicis attribué à Claude SIMON pour son livre "Histoire".
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Qui chantait ceci en 1977? On a tous dans le coeur une petite fille oubliée Une jupe plissée, queue de cheval, à la sortie du lycée On a tous dans le cœur un morceau de ferraille usé Un vieux scooter de rêve pour faire le cirque dans le quartier Et la petite fille chantait (et la petite fille chantait) Et la petite fille chantait (et la petite fille chantait) Un truc qui me colle encore au cœur et au corps Everybody's doing a brand-new dance now Come on babe do the locomotion I know you gonna like it if you give it a chance now Come on babe do the locomotion

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