POLYDORE: Triste jouet des vagues agitées, je demeure étendu sur le rivage, privé de sépulture, privé des larmes des miens. Maintenant, pour voir Hécube, ma mère chérie, j'ai abandonné mon corps, et j'habite les régions supérieures, depuis trois jours que l'infortunée est arrivée de Troie sur la terre de la Chersonèse
La suprême gratitude naît aux mortels
de l'ombre et des philtres nocturnes.
[...]
et elle, ayant entendu la parole des maîtres,
saisissant ses voiles par l'épaule,
les déchira jusqu'à la hanche, à hauteur du nombril,
montra ses seins et son buste, comme d'une statue,
splendide, puis, ayant mis genou en terre,
elle tint ce discours, le plus héroïque en bravoure :
" Voici, jeune homme: si c'est mon buste
que tu désires frapper, frappe. Mais si c'est le cou,
ma gorge est là, prête, la voici."
Mère que j'aime, donne-moi plutôt ta main,
ta main très douce, et ta joue à presser sur ma joue.
Car plus jamais je ne verrai, et maintenant
pour la dernière fois, l'éclat et l'orbe du soleil.
Tu reçois là mes dernières paroles.
Ô mère, toi qui m'enfantas, je m'en vais sous la terre.