AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,93

sur 174 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce Michel Faber est décidément d'une grande finesse... D'une belle ambition aussi, à manipuler les genres de romans populaires, sans pour autant les dynamiter, mais d'en faire une matière indistincte, riche, pleine de sens pour ceux qui s'y penchent, tout en respectant certains canons. Il sait décevoir, probablement pour mieux questionner ensuite. Ses personnages sont souvent des prétextes, ce qui peut mal passer après de si longues lectures...

Donc, du roman victorien, il y a beaucoup...

(d'ailleurs, parle t-on de "victorien" pour désigner un réel style ? ou bien des écrits d'une époque ? je ne sais si la réponse existe de manière formelle.)

Mais prenez garde, les personnages échappent à une appréciation manichéenne, permettant ce vibrant plaidoyer contre les mensonges et les hypocrisies humaines. Car nous ne sommes là ni dans une réelle critique sociale, ni dans une histoire d'amour... En fait, c'est assez difficile à cerner ou résumer, et beaucoup plus riche qu'il n'y parait... Il est fin, je vous dis.

Avant d'écrire ce machin, j'ai comme chaque fois parcouru, ici et là, ce qui se dit, et lu l'avant-propos du livre bonus Les Contes de la Rose Pourpre, où l'auteur défend très bien sa fin, décriée, à des lecteurs l'invectivant à l'aide de cartes postales à chatons, tout en accédant de manière biaisée à leur demande avec cette suite qui n'en est pas une, même si juger de l'intention ici n'est pas chose exacte... Restons à notre place...

Enfin, oui ! lisez, si le coeur vous en commande, ce gros pavé, cruel, drôle, tendre, questionnant, équilibré, bref de la très bonne littérature cachée dans un "best-seller", dont l'adaptation en mini-série semble à première vue pas franchement réussie (là, je ne juge que sur une bande-annonce... heureux de changer d'avis.... mais le travail d'image semble assez moche...).

Allez, j'y retourne, retrouver Sugar et les autres; content, moi aussi, qu'il y en ait encore un peu dans le fiacre...
Commenter  J’apprécie          375
Voici un échantillon de la vie à Londres à l'ère victorienne, et il apparaît évident que l'auteur s'est très bien documenté et impregné de cette époque et de ce lieu. On visite toutes les couches de la société, des taudis sordides jusqu'aux quartiers de la ''bonne société'' en passant par le milieu de la prostitution. C'est avec Sugar que nous effectuons le plus gros de ce chemin, jeune prostituée tirée de sa précaire situation par William, l'héritier prometteur complètement séduit par elle. Les interactions entre les individus tiennent une grande place : aisés et démunis, maîtres et domestiques, adultes et enfants, religieux et profanes, etc. Les personnages sont remarquables. Sugar et William bien sûr, mais aussi le pieux, tourmenté et parfois désespérant Henry, les impayables Bodley et Ashwell, et plusieurs autres. Mais celui qui m'a le plus fasciné est Agnès, la femme de William, une lunatique quelque peu névrosée atteinte d'une condition qui dépasse amplement les compétences de la médecine de l'époque. Nous accompagnons tout ce beau monde éphémèrement pendant quelques 18 mois bien chargés en évènements et en développements. Très réussi.
Commenter  J’apprécie          70
En préambule, je précise que, bien que ce roman soit édité en 2 tomes (par les éditions Points), je rédigerai une seule et même critique puisque l'histoire ne connaît aucune interruption ni dans l'intrigue, ni dans le style entre ces deux tomes.

Mon résumé : Michel Faber nous invite à suivre le destin de Sugar, une jeune prostituée dans le Londres des années 1870 environ, qui va voir son avenir bouleversé suite à sa rencontre avec William Rackham riche héritier qui va vite succomber à ses charmes si particuliers. Sugar n'est pas la prostituée type, sa beauté est toute relative mais va pourtant happer William Rackham, tandis que sa culture est bien au-delà de la moyenne de ses « collègues », ce qui en fait un atout indéniable.
William Rackham, quant à lui, est mariée à une jeune femme que l'on pourrait qualifier de neurasthénique, et ne trouve aucun plaisir à être à ses côtés bien que l'amour et la tendresse soient toujours présents. C'est ainsi qu'il va vouloir s'attacher les « services » de Sugar dont il va tomber amoureux. Après quelques rencontres dans un lieu de perdition qu'est la maison close où vit Sugar, William va en demander l'exclusivité à sa mère maquerelle et va l'installer dans un appartement proche de son domicile afin de pouvoir l'avoir à sa disposition.
La belle idylle va-t-elle pouvoir perdurer malgré les moeurs si ancrées dans la bonne société bourgeoise Londonienne ? Quels sont les compromis et les sacrifices que chacun va devoir faire ?

Mon avis :
-> L'histoire : La rose pourpre et le lys est avant tout une histoire d'amour, certes inhabituelle, inattendue, mais réciproque et belle. Les féministes crieraient au scandale : Sugar va devenir en quelque sorte l'esclave de William Rackham pour que celui-ci puisse l'avoir à sa disposition quand bon lui semble. Elle va y perdre sa liberté de mouvement, restera enfermée des heures dans son « palais doré » à attendre son prince charmant, un Cendrillon des temps modernes ? Oui, mais quelle femme n'a jamais rêvé de pouvoir être entretenue si largement (vêtements, appartement luxueux, produits de soin à volonté) tout cela pour quelques heures de luxure dans la semaine, ponctuées de discussions relativement intellectualisées et de lectures enrichissantes ?
Sugar ne semble pas s'en plaindre, elle reproche seulement à son amant de ne pas la visiter plus souvent, ce qui va l'amener à prendre une décision qui va bouleverser complètement leur relation.
En entrant plus intimement dans la vie de William, elle va découvrir toute la face cachée de son monde, ses accès d'humeur, ses relations très complexes avec sa femme, avec son personnel etc...

-> le style : L'intrigue est bien menée, la trame est logique et malgré le nombre de pages [1180p. dans l'édition Points], l'auteur sait précisément où il veut amener ses héros et son lecteur. Malgré quelques passages crus, la vulgarité n'est jamais de mise.
L'auteur utilise le style si caractéristique de la littérature victorienne puisque l'intrigue se déroule à cette époque-là, ce qui permet de bien s'imprégner de l'ambiance de l'époque. On a un peu la sensation d'être dans le Londres de Dickens, ou de Jack l'éventreur, frémissante d'angoisse, et empreinte de moeurs légères par moments, et de grande bourgeoisie à la Brönté à d'autres moments.
A ce style d'écriture victorien, l'auteur lui attache un côté fort contemporain, avec des interpellations du lecteur, des notes très personnelles qui donnent l'impression de basculer dans le XXIe siècle d'un bond, sensation bizarre mais non désagréable. Cet aspect donne d'ailleurs un tour très original au roman qui m'a permis de vraiment rentrer dans l'histoire très rapidement.

Cela étant, malgré l'intérêt que j'ai pu trouver à ce roman, je lui ai trouvé un certain nombre de longueurs qui m'ont lassée. Les rebondissements tardent à venir et il m'a semblé que de nombreuses coupes auraient été nécessaires afin d'améliorer le rythme du roman et afin de ne pas lasser le lecteur.
De plus, la fin du roman semble avoir été tronquée. L'auteur lance un nouveau rebondissement sans le poursuivre, à nous, lecteurs, de nous imaginer ce qu'ont pu devenir les protagonistes de l'affaire... A moins que l'auteur se soit laissé une porte ouverte pour une éventuelle suite, je ne vois vraiment pas l'intérêt d'une telle fin ! Je me suis sentie un peu lésée, surtout après avoir subi tant de longueurs qui, au bout du compte, n'amène pas à un véritable final... Une vraie déception ! L'auteur s'en justifie d'ailleurs en épilogue en prétextant qu'il faut bien s'arrêter à un moment donné pour laisser vivre ses personnages... soit !*

Points positifs :
Le style, très original et habile mixe entre la littérature victorienne et contemporaine.
La belle histoire d'amour entre ces deux protagonistes que tout oppose et qui vont tenter de braver le monde à leur manière.
Points négatifs :
de très nombreuses longueurs dans le roman, qui donnent l'impression d'attendre en même temps que Sugar mais qui desservent le roman.
La fin... inexistante !
Commenter  J’apprécie          70
Livre très riche et enrichissant. Il y a parfois des moments de creux mais très vite, on est repris par l'intrigue, par tous ces personnages atypiques et par cette société victorienne si bien décrite.
Mais la fin est trop abrupte ! C'est quoi cette fin qui nous laisse sur notre faim, nous frustre, après 1100 pages, pendant lesquelles on a vécu aux côtés des différents personnages, en vibrant pour eux ? Quelle torture ! On veut des nouvelles de Sugar et de Sophie !
Commenter  J’apprécie          60
Dans l'Angleterre victorienne, une peinture des bas-fonds et la haute société vous font comprendre la condition féminine de l' époque. L'influence de l' éducation et du milieu sur la vie des femmes va jouer un rôle. Sugar la prostituée instruite pourra t-elle aider Agnès la femme de son amant bourgeoise névrosée. Un riche parfumeur qui pense qu'à lui comme le veut la tradition masculine!!

Commenter  J’apprécie          40
Londres, 1875. La prostituée Sugar va utiliser l'intérêt qu'a pour elle le riche William Rackham pour s'élever et donner un nouveau départ à sa vie.

Michel Faber nous emmène dans les quartiers mal-famés de Londres où les filles sont prostituées dès leur plus jeune âge. Il nous introduit dans les belles demeures de la haute bourgeoisie où les femmes sont élevées dans la négation du sexe et où la nuit de noce s'apparente à un viol. On est atterré de découvrir l'hypocrisie de cette société où les vices sont tolérés du moment qu'ils sont cachés.
Un bon livre.

Lien : http://monbiblioblog.revolub..
Commenter  J’apprécie          30
Ah, l'ère victorienne! Elle reste une époque d'inspiration pour les auteurs anglophones, et pas que pour eux. La misère des pauvres, la richesse des riches, et les grands écarts entre les deux, c'est vrai il y a de quoi écrire un roman là-dessus.
Celui de Michel Faber est une réussite. Quelques huit cents pages où l'auteur évoque superbement les deux mondes d'une jeune prostituée, Sugar, et d'un fabricant de parfums, William. Les deux mondes se trouvent liés quand William décide d'avoir Sugar pour lui tout seul et l'installe dans une maison près de chez lui. Un chez lui un peu particulier, avec une femme continuellement au bord des crises de nerfs, droguée de force, et une fille totalement négligée par les deux parents. Sugar s'approchera physiquement de plus en plus de son William, mais mentalement les différences se creuseront.
En plus des personnages principaux il y a des figurants intéressants, une femme bordélique qui essaie de 'sauver' les prostituées vivant dans le pêché (elles ne veulent pas être sauvées, d'ailleurs) ou encore deux copains d'école de William qui publient des livres semi-scabreux et invendables tout en visitant les dites prostituées (mais pas pour les sauver).
L'auteur en profite pour décrire aussi bien les maison closes et les rues répugnantes londoniennes que les soirées huppées mais parfois ennuyeuses de la haute société. Faber utilise un narrateur auctorial pour décrire le contexte socio-économique de 1874, où une classe d'ouvriers extrêmement pauvres affrontent les inventions techniques qui les remplaceront.
Ça m'a fait beaucoup penser à Sarah et le lieutenant français de John Fowles, qui utilise la même technique pour la même période. C'est juste que Fowles n'a besoin que de quatre cents pages pour y arriver. Faber, au contraire, est plutôt verbeux. Mais c'est un léger bémol, pour un livre qui pour le reste est tout à fait recommandable, spécialement pendant les vacances de Noël, à la place d'un classique de Dickens...

Commenter  J’apprécie          30
Je n'ai vu que très, très peu de billets sur ce roman. Dont celui de Gaëlle, toujours aussi intéressante car elle élargit bien sûr le sujet (le roman lui-même) vers l'écriture et le rapport de l'écrivain à son oeuvre, du lecteur à l'oeuvre etc. Elle aussi fut époustouflée (Gaëlle si je me trompe, tu me corriges) par ce roman pavé (quasiment 900 pages dans mon édition en VO grand format), qui nous plonge dans les bas-fonds du Londres des années 1874-1876, et nous emmène dans les salons feutrés où les apparences sont Loi, et l'odeur fétide du vice jamais bien loin derrière la senteur délicate des parfums de ces dames.

The Crimson petal… c'est l'histoire de personnages dont chacun est dans la lutte. Lutte contre soi-même, contre le Mal (imaginé ou réel), contre la Société, la fatalité, la folie. Sugar, prostituée célébrée dans un recueil guidant les « gentlemen » vers les plaisirs les plus variés à « déguster » dans Londres, est rongée par sa haine des hommes, et lorsqu'elle met la main sur William Rackham, dilettante et « would-be » écrivain, elle se dit qu'elle a trouvé la poule aux oeufs d'or qui la sortira de Church Lane et de la pauvreté. Pour cette femme si extraordinaire (au sens le plus littéral du terme), Rackham va enfin se décider à travailler, et à prendre la suite de son père à la tête d'une entreprise de parfumerie connaissant un petit mais prometteur succès. Car pour pouvoir se payer Sugar, s'en faire sa prostituée personnelle, il lui faudra une fortune. Ce qui n'est pas pour déplaire à sa femme Agnès, habituée à un train de vie bien supérieur. Agnès est un personnage étonnant, qui malgré son égocentrisme, s'attire irrémédiablement la sympathie du lecteur qui sait que sa « folie » n'est qu'un symptôme d'une maladie très grave et mortelle qui ne sera découverte par les médecins que des années plus tard. Agnès (qui peut bien être le « lys » du titre, quand Sugar la sulfureuse, la sensuelle est la rose pourpre) est catholique, persuadée que ses menstruations sont les manifestations d'attaques du Malin, elle n'a jamais pu accepter son statut de mère, et elle s'échappe en rêve vers un couvent fantasmé où tout serait parfait. Henry Rackham, le frère aîné de William, qui aurait dû succéder au père, s'il n'avait été aussi… religieux. Henry c'est l'exemple même de la lutte entre le corps et l'esprit, telle que se la représente la religion : corps impur, appétits animaux, face à un esprit qui aspire à la pureté et l'éternité, bla bla bla. Et Henry, pour son malheur, est attiré par Emmeline Fox, veuve très pieuse, qui oeuvre activement dans la Société du Secours pour « sauver » les prostituées et les ramener à des carrières plus « honnêtes ». le frère de William est donc en perpétuelle lutte contre son attirance charnelle pour Emmeline, alors même qu'il envisage de devenir pasteur.

Dans ce roman, il ne s'agit donc pas seulement de Sugar, mais bien de tous ces personnages, tous en quête de paix, d'identité, ou de pouvoir, de richesse, de sécurité matérielle et affective.
Lien : http://ya-dla-joie.over-blog..
Commenter  J’apprécie          20
J'ai beaucoup aimé ce portrait sans merci de la société anglaise du XIXème siècle. le récit est dynamique et riche même s'il semble un peu long parfois.
Commenter  J’apprécie          10
On est vite pris dans cette histoire, l'ascension d'une prostituée... jusqu'à sa chute !
J'ai par contre été déçue par la fin, j'ai l'impression que l'auteur ne savait pas comment finir ce roman... Quel dommage !
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (449) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3190 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}