Dans ma première critique tapée il y a maintenant un petit paquet d'années, je n'avais pas été tendre du tout avec «
Comment se débarrasser d'un vampire amoureux ». Il faut dire qu'il avait été dégotté au rayon fantasy, coincé sous «
Les aventuriers de la mer » de
Robin Hobb, et que son résumé faisait croire à une parodie de romance vampirique bien acide... sauf que pas de bol, il ne s'agit pas d'une parodie, mais bien d'une vraie paranormal romance pur jus. Autant dire que la déception de tomber précisément sur ce que je n'avais *pas* envie de lire à ce moment-là m'avait plutôt fait voir les choses en noir.
Huit ans plus tard, le désir de le relire s'est manifesté. Sauf que cette fois, je savais précisément à quoi m'attendre. Et curieusement, ça change pas mal de choses.
Pourtant, certains des défauts évoqués à l'époque sont toujours là. L'univers vampirique est à peine évoqué, ça nous parle de guerre des clans et d'Aïeux mais on ne nous explique rien ou presque. Et c'est vrai que l'ensemble manque cruellement de suspense et s'avère prévisible d'un bout à l'autre. Maiiiiis bon. C'est une romance, le chemin compte davantage que la destination. Et de ce côté-là, il faut reconnaître que j'avais été très sévère avec la première fois. Et même bien trop.
Parce que «
Comment se débarrasser d'un vampire amoureux » ne manque pas de qualités qui le font sortir du lot.
Alors d'accord, il n'y a pas beaucoup de rebondissements là-dedans et on les voit venir à des kilomètres (quand on vous dit qu'un cheval a spécifiquement peur des cravaches, surtout dans un récit qui ne s'attarde pas sur les détails, vous vous doutez qu'un truc va forcément mal finir à un moment donné). Mais la tournure générale de l'intrigue évite néanmoins les sentiers battus. Par exemple, on n'échappe pas au classique « je-t'aime-moi-non-plus », sauf que plot twist, les choses ne sont pas aussi simples et il ne suffira pas que les sentiments de Jessica évoluent pour résoudre les problèmes.
D'un côté, il y a donc Jessica, adoptée et élevée depuis son plus jeune âge par des parents américains très bobo-écolo-bio. de l'autre, Lucius, élevé à la dure dans le but de régner. Et le fossé culturel qui les sépare constitue le coeur de l'histoire. Car si au début, il n'y a rien d'autre dans la vie de Jess que sa jument, son voisin sexy et sa meilleure amie délurée, Lucius, lui, n'a tout simplement même pas conscience de ce qu'est la frivolité. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ses lettres décrivant la société américaine de son point de vue ne manquent pas de piquant (le piquant, il y en a d'ailleurs partout, en particulier dans les dialogues. Jess n'a pas sa langue dans sa poche et c'est parfois très drôle). le côté sceptique et terre-à-terre de Jess comme le côté trop sérieux de Lucius sont particulièrement rafraîchissants, surtout quand ils se confrontent directement. Leur évolution dans des directions opposées (la première renouant avec ses racines, le second s'en affranchissant) se fait très naturellement, et même si certaines ficelles scénaristiques manquent parfois de crédibilité, globalement, tout se tient, même s'il faut reconnaître qu'en dehors de l'histoire de Jess et Lucius, il ne se passe... rien. Il n'y a ici aucune intrigue secondaire, mais ce n'est pas gênant au final.
Donc, «
Comment se débarrasser d'un vampire amoureux », contrairement à ce que j'en ai pensé de manière pas très objective à l'époque, c'est en fin de compte plutôt bon et plus encore « dans son genre », en tournant en dérision certains de ses clichés. Certains seulement. Pas assez pour convertir un réfractaire donc, mais suffisamment pour séduire les autres.