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Citations sur Le vin de la jeunesse (22)

Je vous salue Marie pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni. O sainte Vierge Marie, je suis maintenant à Hollywood, en Californie, au carrefour de Franklin et d'Argyle, dans une maison où je loue une chambre à six dollars la semaine. Rappelez-vous, O Sainte Vierge, rappelez-vous le soir, il y a vingt ans, dans le Colorado, où mon père est entré à l'hôpital pour se faire opérer ; j'ai obligé tous mes frères et sœurs à s'agenouiller dans notre chambre, et je leur ai dit : "Maintenant, bon sang, priez ! Papa est malade, et vous, les enfants, vous devez prier." Et pour prier, nous avons prié ! Nous vous avons suppliée, sainte Vierge Marie, douce Marie, et mon sang s'est mis à chanter, et l'émotion a failli faire éclater ma poitrine, j'ai senti le frémissement de l'électricité, la puissance de la foi glacée, puis nous nous sommes tous relevés pour rejoindre différentes parties de la maison, Je me suis assis dans la cuisine et i'ai ricanė. A l'hôpital, ils avaient dit que papa allait mourir ; personne ne le savait, sauf moi, Mamma et Vous, douce Marie, mais nous avions prié et, immobile sur ma chaise, je ricanais et me moquais de la mort, car nous avions prié et je savais que nous avions fait ce qu'il fallait pour papa, et qu'il vivrait.
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incipit :
Il y avait une vieille malle dans la chambre de ma mère. Je n'ai jamais vu une malle aussi vieille. C'était une de ces malles à couvercle rond aussi gros que la bedaine d'un obèse. Tout au fond, sous des vêtements de mariage qu'on n'utilisait jamais parce que c'étaient des vêtements de mariage, sous de l'argenterie qui ne servait jamais parce que c'était un cadeau de mariage, sous une kyrielle de rubans fantaisie, de boutons, de certificats de naissance, sous ce fouillis se trouvait une boîte qui contenait les photos de famille. Ma mère ne permettait à personne d'ouvrir cette malle, dont elle cachait la clef. Mais un jour j'ai découvert la clef. Elle était caché sous un angle du tapis.
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"Dieu est partout, alors pourquoi devrais-je aller le voir dans une église ? Il est aussi ici, dans cette maison, dans cette pièce. Il est dans ma main. Regarde." Il ouvrait et fermait le poing. "Il est là, sur ma paume. Et dans mes yeux, dans ma bouche, mes oreilles, mon sang. Alors à quoi bon parcourir huit blocs dans la neige, quand il me suffit de rester confortablement ici à côté de Dieu, dans ma propre maison."
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"Je t'aime tellement', elle a dit.
Combien de fois avait-elle répété cela, et pourtant je n'avais jamais eu assez de talent pour la croire ! Je trouvais cela parfaitement invraisemblable. Elle était l'instrument de mon péché ; mon seul talent avec elle consistait à croire qu'elle m'avait séduit et entraîné quelques temps sur les terres stériles du mal, mais pas très loin des avant-postes de mon renouveau spirituel.
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Quand elle a saisi ma main et l'a serrée entre ses longs doigts doux, quand les lourds bracelets d'or ont tinté comme des cloches à ses poignets, j'ai été si bouleversé que j'ai ricané bêtement.
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« Ils sont bons, ces choux », a dit papa. « Tu as mis du laurier dedans ? »
« Un peu », a répondu Mamma, « Personnellement, je ne suis pas d'avis de mettre beaucoup de laurier. Je préfère le romarin. Mais il faut être extrêmement prudente avec le romarin. Parfois, quand on en met trop, ça gâche complètement le plat. Je l'ai constaté à plusieurs reprises. »
« Tu as raison », a dit papa. « Absolument. Tu sais ce que j'aime ? Je vais te dire. » Il a approché son pouce et son index pour signifier une toute petite quantité. « J'aime l'origan. Juste une pincée. Je crois qu'un jour tu devrais essayer I'origan. C'est une épice délicieuse. »
« Mais, Guido ! Je ne savais pas que tu aimais l'origan ! Enfin, tu aurais dû me le dire ! Ça alors, voilà qui est drôle ! Moi qui ai de l'origan à ne plus savoir qu'en faire, Guido. J'en ai plein. »
« Une épice merveilleuse. Dans le temps, au pays, on s'en servait tout le temps. »
« Vraiment, Guido ? Dire que j'en ai une boite pleine dans le garde-manger. »
Papa était stupéfait, médusé.
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Ces hivers du Colorado étaient impitoyables. Chaque jour, la neige tombait du ciel, et le soir le soleil était un déprimant disque rouge qui descendait de l'autre côté des Rocheuses. Le brouillard drapait les montagnes, si bas que nos boules de neige l'atteignaient. Ce déluge blanc n'accordait aucun répit aux arbres. Le vent balayait la neige en grosses congères mortes contre les clôtures et les cabanes à charbon.
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Un mois durant, les nonnes nous avaient chapitrés à propos de la liturgie solennelle du confessionnal, Aller à confesse pour la première fois serait l'événement le plus important de notre vie, car ensuite nous aurions toujours conscience d'être des pécheurs. Nous saurions discerner le bien du mal.
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Alors, tous en même temps, nous avons senti ça dans notre dos, et avant de nous retourner pour la regarder nous avons compris toute la souffrance accumulée derrière nous, qui nous submergeait, et nous nous sommes retournés en même temps, et elle était là qui nous regardait, elle semblait âgée d'un million d'années, Mamma, notre mère, et nous ses enfants avons senti son cœur brisé, elle était debout sur le seuil de la cuisine, son tablier masquant la douleur de ses mains usées, des petits ruisseaux de beauté évanouie descendant lamentablement ses joues ravagées ...
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Je regarderai mon père par dessus le bord de mon verre de vin. Je me verrai moi-même. Regardant mon père, je reconnaîtrai la cruauté et la traîtrise que je porte en moi. Quand je regarderai les mains de mon père, un rouage se mettra en branle dans mon esprit, car mon père porte toujours en lui la graine de la grandeur, mais cette graine s'est étiolée à cause de la cruauté et de la traîtrise que je connais si bien, et qui - je m'en aperçois toujours tard - se développent aussi en moi.
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