AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,98

sur 1794 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
INCOMPARABLE

J'avais lu qu'il y avait plusieurs écoles pour ce roman : le lire sans rien en savoir, l'attaquer de front sans avoir pris connaissance des analyses du texte, ou s'informer au préalable pour mieux appréhender l'histoire.
Téméraire, j'ai opté pour la première option.
Après une cinquantaine de pages, j'ai écrit texto à ma soeur : " Je lis un bouquin là j'ai l'impression d'être soûle, je pige pas grand chose, je suis infoutue de dire de quoi ça parle pourtant j'arrive pas à le reposer."
Car pour attaquer ce monument de la littérature américaine il faut s'affranchir des codes de la narration, de la chronologie voire de la typographie.
Le roman se divise en quatre parties avec quatre narrateurs différents, chacun ayant sa propre voix. Quatre jours différents : 7 avril 1928, 2 juin 1910, 6 et 8 avril 1928. Au sein d'une partie on passe également d'une époque à l'autre, y compris dans une même phrase.
Bref, j'étais complètement paumée.
Et, pourtant, vient au bout d'un certain temps comme un déclic qui permet de remettre toutes les pièces du puzzle narratif ensemble et, ainsi, de reconstruire l'histoire et sa temporalité.
Sans raconter l'histoire, je ne peux que conseiller de s'accrocher lors de la première partie, la plus confuse (y compris dans les prénoms) et compliquée, afin de plonger dans cette histoire de famille du Vieux Sud des Etats-Unis sur le déclin.
Un drame familial.
Une héroïne racontée par quatre membres de sa famille.
Une virtuosité dans l'écriture qui, et à raison, risque d'en rebuter plus d'un.
Je l'ai relu après avoir décortiqué des analyses (car j'étais effectivement passée à côté de quelques détails très subtils) et j'ai succombé une seconde fois.

Un classique, un chef d'oeuvre.
(Mais à ne pas lire les jours de grande fatigue. Ni après un apéro.)
Commenter  J’apprécie          142
Je viens de lire dernièrement et pour la seconde fois, le bruit et la fureur. A ma première lecture, je m'étais noyé (sans l'aide des fers à repasser) lors de ces deux première parties, où la narration est éclatée, ballotée en tout sens par les sensations des personnages (Benjy et Quentin) qui à force de rebonds, se perdent dans le temps, comme une caillasse jetée d'une falaise et cognant le chaos géologique s'étendant bien plus bas. fasciné par ces éclats, j'avais alors un peu délaissé les deux dernières parties moins enfouies dans les sensations des êtres, plus objectives, dans les actes et l'action, plus ancrées dans la réalité de ce Sud qui se décrépit.

Ma seconde lecture fut un peu différente. Sachant à quoi m'attendre sur cette première partie, je m'y suis de toute façon perdu un peu encore. Je pense que c'est peut être bien là le but de Faulkner, le ton du livre ne permet pas le "jeu" du labyrinthe, ou la satisfaction de la victoire sur le piège intellectuel. Cela m'aurait ôté la saveur du livre que de suivre avec une généalogie ou une chronologie l'intérieur des parties. Il s'agit bien des sensations en mouvement, du tragique à l'oeuvre, ces choses qui se passent au-dessous de la couche conceptuel, plus profondément dans les êtres. Concentré cette fois aussi sur la deuxième partie, j'ai vu la tragédie intérieur des êtres laisser place aux drames humains ; cela m'a fait l'effet d'un livre essentiel, évoquant avec une grande puissance le chaos potentiels de l'âme, dont les battements intérieurs se chevauchent inexplicablement au désordre du monde dans lequel elle s'incarne.
Commenter  J’apprécie          130
À l'origine ce roman ne devait être qu'une nouvelle. William Faulkner cet homme de génie effacé et solitaire, avait songé qu'il serait intéressant d'imaginer les pensées d'un groupe d'enfants, le jour de l'enterrement de leur grand-mère dont on a caché la mort. Leur curiosité devant l'agitation de la maison, leurs efforts pour percer le mystère, les suppositions qui leurs viennent à l'esprit. L'auteur a conçu l'idée d'un être qui serait plus qu'un enfant, un être qui pourrait résoudre le problème, une sorte d'idiot qui n'aurait pas à son service un cerveau normalement constitué. C'est ainsi que Benjy est né, et que le romancier lui-même s'est épris de Caddy dans la puissance sombre de la folie et de la haine.
Commenter  J’apprécie          111
Quel livre!! Que de risques… j'ai failli lacher au second chapitre puis je me suis aventurée dans la préface, qui disait « Faites confiance à Faulkner, vous ne le regretterez pas ». Eh bien Dieu que je ne regrette pas. Un immense livre, d'un grand monsieur.

PS : lisez bien la préface de cette édition avant de commencer votre lecture, grâce à elle vous apprécierez chaque mot, l'intrigue sera claire et vous en ferez une lecture pacifiée et passionnante.
Commenter  J’apprécie          101
Sur une île, j'emporterai aussi « le bruit et la fureur » de William Faulkner comme ça je serai moins seule avec tous ses personnages qui me feront cheminer dans des profils complexes, changeants et particuliers. Et les différentes écritures me laisseront croire que j'ai emporté plein d'auteurs. Enfin, le temps dans ce roman est mobile et peut-être que ça jouera sur mon propre temps de solitude, d'attente ?
Commenter  J’apprécie          90
Un classique, une oeuvre que je voulais absolument lire.
Après avoir terminé le livre Un jardin de sable de Earl Thompson me voilà replongé au coeur de l'Amérique!
Un monument difficile a cerné au départ! Une écriture brute de décoffrage, une chronologie bouleversée. Des personnages possédant le même prénom! Une famille endeuillé, un fils handicapé, un fils amoureux de sa soeur. Une mère désemparée, un père mort de l'alcool.
Une famille pleine de secret, des serviteurs d'une humanité folle.
Une lecture choc.
Commenter  J’apprécie          91
Faulkner c'est un boxeur fou qui ne cesse de vous assener des droites , et le pire c'est que vous y revenez . Ce livre est un pur Olni ! Un style hallucinant , une force terrible qui vous frappe dés les premiéres lignes . Certes ce n'est pas pour tout public , et la lecture banale est à proscrire . Mais que ce chef d'oeuvre est bon !!
Commenter  J’apprécie          90
Ce livre a été mon premier choc littéraire quand je l'ai lu à 16 ans: j'ai découvert qu'un écrivain est celui qui trouve une autre manière de raconter les histoires, déroutante chaotique parfois mais qui construit l'émotion d'une façon neuve et forte. J'ai compris ce qu'était le style: les sensations confuses de Benjy et sa manière lancinante de répéter le prénom de Caddy , la morbidité du frère suicidaire, la haine de Jason et l'odeur du chèvrefeuille. 22 ans plus tard les impressions sont encore si vives que je repousse encore le moment de la relecture. Plongez, vous ne vous en remettrez pas!
Commenter  J’apprécie          91
Vraisemblablement le roman le plus complexe de Faulkner, tant par la trame narrative, le style et l'histoire en elle même. le personnage principal c'est Caddy la soeur, soit haïe soit déifiée mais racontée par ses frères, Benjy, l'idiot, Quentin l'étudiant amoureux incestueux de sa soeur et Jason frère méchant plein de colère et de ressentiment qui voit en Caddy la raison de ses malheurs. Si l'histoire se passe en théorie sur trois jours les retours en arrière nous entraînent sur des dizaines d'années. Lecture superbe mais particulièrement exigeante.
Commenter  J’apprécie          80
En quatre parties et de quatre points de vue différents, Faulkner entraîne le lecteur dans une histoire de la famille Compson « racontée par un idiot » dans le sud profond des Etats-Unis.
Bien sûr la première narration, celle de l'idiot, Benjy, grand dadais de 33 ans promené par un jeune garçon noir, Luster semble la plus déroutante. Il faut savoir que Benjy n'a pas de parole – hormis un constant gémissement plus ou moins modulé, plus ou moins intense, qui agace ses proches – ni de discernement du temps, si bien que, dès qu'il est à un endroit le présent peut se faire instantanément passé, d'une ligne à l'autre. Il faut donc persévérer dans sa lecture jusqu'à la deuxième partie, point de vue de Quentin, le fils incestueux, obsédé lui aussi par le temps- il commence par détruire les aiguilles de sa montre- dont le passé trouble ressurgit sous forme de monologues intérieurs souvent notés en italiques ou sous forme de dialogues non ponctués, et qui s'insèrent dans sa « réalité » d'étudiant de Harvard. Il se retrouve avec une petite fille perdue dont les yeux fixes et noirs doivent appuyer sur son remords ou lui rappeler sa soeur Candace, « Caddy » que Benjy au début confond avec l'appel des golfeurs. Cette partie se déroule 18 ans avant l'histoire de Benjy.
Sur ces quatre parties, seule la deuxième se passe en 1910. Les autres parties se déroulent en avril 1928 sur trois jours mais qui ne se suivent pas exactement. On a le 7 avril (Benjy) ; le 6 avril (Jason) et l e 8 avril, les Noirs sous une narration plus classique et la transcription orale que fait Faulkner de leur parler et de leur accent.
Jason, le fils dont la mère est fière, celui qui fait bouillir la marmite, poursuit de sa sévérité, sa nièce Quentin qui s'enfuit avec un artiste forain tandis qu'il peste contre « ces juifs Newyorkais qui font la pluie et le beau temps à la bourse. " Alors Jason thésaurise l'argent que lui donne Caddy pour sa fille et fait sans cesse montre de son autorité, de sa fureur, considérant sa nièce comme le diable puisque née d'un amour défendu : « Once a bitch, always a bitch… » (Salope un jour, salope toujours…) est son leitmotiv.
Enfin il y a toute la communauté noire représentée par la présence tellurique de Dilsey, la servante au grand coeur et ses enfants Luster, Frony et T.P. Dilsey semble servir de tampon à toutes les passions et les drames de la famille Compson : le fils idiot, la fille perdue, le suicidé, le petit chef… dont elle exprime le chagrin lors de l'office du dimanche sous la voix convaincante du pasteur qui au départ faisait rire par sa ressemblance avec un petit singe. Chez Faulkner, la religion reste affaire de gens simples et qui en ont besoin , d'innocents en quelque sorte.
de nombreux thèmes s'entrecroisent dans ce roman, outre les scandales et les tabous familiaux, il reste bien sûr la condition des noirs dont l'émancipation est à peine perceptible dans les petites insolences de Luster ou leurs capacités à conduire des automobiles. Car c'est dans les détails que Faulkner construit ce roman a-priori décousu, au détour d'une phrase, d'un mot, d'une chose vue par un personnage que tout se révèle. Au lecteur de reconstruire le puzzle au fur et à mesure de ces révélations pour mieux restituer l'ensemble de l'histoire.
On peut aussi avancer les thèmes antagonistes des paysans et de la ville (Les rednecks et ceux qui boursicotent), les noirs et les blancs, la famille et l'individu, l'idiotie (Benjy) et la capacité intellectuelle (Quentin) avec pour point commun, la folie, la cupidité , l'égoïsme de chacun des personnages dans cette histoire « pleine de bruit et de fureur et qui ne signifie rien. »
The clock tick-tocked, solemn and profound. It might have been the dry pulse of the decaying house itself; after a while it whirred and cleared its throat and struck six times.
(On entendait le tictac de l'horloge, solennel et profond. On aurait dit le pouls sec à l'intérieur de la maison délabrée ; après un moment elle bourdonna, éclaircit sa voix et sonna six fois.)
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (7306) Voir plus



Quiz Voir plus

Les titres des œuvres de William Faulkner

Quel est le titre correct ?

Le Bruit et l'Odeur
Le Bruit et la Peur
Le Bruit et la Fureur
Le Bruit et la Clameur

12 questions
174 lecteurs ont répondu
Thème : William FaulknerCréer un quiz sur ce livre

{* *}