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3,98

sur 1794 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Au commencement était Faulkner"…
Le livre entier vibre de bruit et de fureur, pas de message pour servir une noble cause mais juste une porte qui s'ouvre sur l'enfer.
Une composition d'ordre musical avec des thèmes multiples qui s'amorcent et disparaissent pour revenir enfin éclater dans toute leur plénitude.
La lecture de Faulkner est en elle-même une petite science tant l'écriture en est complexe.
La puissance de ce roman en fait une des oeuvres maîtresses de la littérature américaine.
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Je referme « le bruit et la fureur » éreintée et pantelante, hébétée. Si un livre peut être qualifié de complexe, c'est bien celui-ci ! Je ne crois pas de ma vie avoir autant lutté pour comprendre un texte ! Nombre de fois j'ai failli abandonner, mais ma précédente expérience Faulkner me soufflait que ça valait la peine de s'accrocher. Et bien m'en a pris, ce roman est une véritable tornade de sentiments, un ouragan de douleurs et de violences. du bruit et beaucoup de fureur !

Difficile de résumer un livre qui s'approche plus d'une sensation que d'un récit. J'ai l'impression d'avoir épié l'histoire par le trou d'une serrure. Au travers d'un ballet de silhouettes floues qui se mêlent et se confondent, la trame se révèle petit à petit, sombre, dramatique. Blancs déchus et serviteurs noirs, trois générations gravitent autour de Caddy, personnage central tout à la fois omniprésente et fantomatique. William Faulkner sait immerger son lecteur : le bruit résonne à ses oreilles tandis que la fureur s'immisce dans son coeur. Et la cruauté humaine se révèle.

Roman de société porté par une prose labyrinthique et viscérale, on est assurément devant un monument littéraire. Si le génie de Faulkner peut faire peur, il mérite pourtant d'être découvert, à tête (très) reposée et armé d'un tube d'aspirine... ou d'une bouteille de whisky !
Lien : http://www.labiblidekoko.clu..
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Difficile d'ajouter une énième critique élogieuse à propos de ce roman, dont la réputation de chef d'oeuvre n'est plus à faire. Ce qui met le lecteur à l'épreuve et lui oppose bien souvent des difficultés presque insurmontables est aussi ce qui lui donne paradoxalement un plaisir augmenté par l'intensité de l'effort à fournir. Chacun des personnages pris successivement comme point de vue focal des événements relatés se construit sous nos yeux, de l'intérieur, à travers une perception le plus souvent kaléidoscopique et sensorielle de ce qui l'entoure. Aucune voix narrative artificielle - qui dans de trop nombreux romans sent le trucage - ne vient ici guider le lecteur et le prendre par la main, pour le conduire là où il sait, ou prétend savoir où il faudrait le conduire. Dans "Le Bruit et la fureur", la seule force du texte l'emporte comme l'eau d'un torrent en période de crue. le texte et rien d'autre. TL
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C'est un monument, mais aussi un livre très ardu à lire, l'auteur s'amusant à donner le même nom à plusieurs personnages et à changer de point de vue constamment sans l'indiquer. Il raconte la déchéance d'une famille sudiste, dans un style volontairement obscur, tortueux et nécessite plusieurs lectures avant de pouvoir ne serait-ce qu'en effleurer le sens.
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Une amie a commencé la lecture d'un roman de William Faulkner, le bruit et la fureur, le titre est un écho qui résonne dans mon être entier, comme si, il m'était familier, alors dans une humeur passionnée de curiosité, je vais dans ma bibliothèque, du côté littérature américaine, et après une recherche rapide, le livre que je recherchais, se tient au bout de mes doigts, le Graal du moment, alors sans réfléchir, je l'ouvre et lis la préface de Maurice Edgar Coindreau, coup fatale à l'attraction naturelle de ma curiosité de plaisir littéraire, j'adopte le bruit et la fureur pour une lecture approfondit de ce chef-d'oeuvre de la littérature américaine. Dans cette préface, l'auteur américain explique la naissance de ce roman comme si c'était inéluctable à lui-même, une nouvelle que l'on décide d'écrire, un personnage auquel on s'attache et le livre prend naissance, comme une évidence, le titre en devient encore plus, lorsque William Faulkner découvre dans Mc Beth de William Shakespeare cette réplique dans l'acte 5, scène 5, La vie […] : une fable Racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, Et qui ne signifie rien. Ce roman est publié l'année de la Grande Dépression, mettant en scène, un de ces thèmes de prédiction, la calamité Sudiste, comme peut le dire Gregory Mion de son analyse dans le blog littéraire indépendant de Juan Asensio, au titre révélateur STALKER - Dissection du cadavre de la littérature, je vous invite à le visiter et surtout âme sensible, abstenez-vous ! Plongeons dans ce livre complexe de cette érudition littéraire fabuleuse de William Faulkner et cette symphonie prosaïque, comme nous le dit dans sa préface Maurice Edgar Coindreau, c'est une oeuvre musicale, composées de thèmes.
Certains lecteurs se sont laissés bouleverser par le roman sans faire de recherche préalable sur l'histoire, pour se laisser happer par la tornade prosaïque et la construction complexe de l'intrigue, c'est vraiment un périple tumultueux, lorsque les mots forment un chemin de traverse aux multiples ramifications entre le passé, le présent et les pensées du narrateur, ces bulles personnelles se greffent dans les scènes vécues, comme un nouveau rouage, alimentant ainsi de suite une avalanche d'informations inextricables aux lecteurs novices, c'est comme être sur un fil au-dessus du vide dans une atmosphère de brouillard, où surgit du fond de la nuit des éclairs de lumière guidant notre aventure de lecture, mais quelquefois William Faulkner rompt la phrase comme si elle était interrompue par une absence quelconque pour laisser place à une autre phrase, cette césure désarçonne, William Faulkner entrecoupe les scènes dans les deux premiers chapitres avec un chassé-croisé diaboliquement morcelées, la pensée du narrateur vagabonde dans une chanson musicale aux saveurs de la nature, comme le parfum des bois qui embaume les narines du premier narrateur du roman, lorsque sa soeur est proche de lui, dans le second chapitre c'est le souvenir des chèvrefeuilles qui caressent le passé proche du second narrateur. Les trois voix masculines de la fratrie de la famille sont la parole de ces trois chapitres, chacun raconte une journée précise, avec tous les détails, le récit est assez trouble par la façon dont William Faulkner le pose dans un enchevêtrement de pensées diverses, utilisant des analepses, des digressions, c'est le récit du désordre et du chaos, comme je vous l'ai dit prudemment, le lecteur qui aborde ce roman sans le connaitre glisse lentement dans un chaos sans noms pour comprendre l'intrigue avec surtout la malice de l'auteur en mêlant à ce désordre l'incohérence d'avoir donné le même prénom à différents personnages, comme pour nous punir de notre lâcheté de lecture. Il faut arpenter le livre avec beaucoup de précision, et lorsque vous lisez le dernier mot, votre premier réflexe et de relire les deux premiers chapitres, les plus obscures à mon avis.

Sans dévoiler l'intrigue, William Faulkner raconte la saga d'une famille du sud des États-Unis, sur quatre journées, chaque chapitre correspond à une date bien précise, dont trois qui se suivent dans un désordre, William Faulkner créer un chaos dans sa façon de présenter la structure de son roman, un puzzle à reconstituer, ce labyrinthe se dessine progressivement au fil de la lecture, laissant le lecteur découvrir le drame de cette famille en perdition, trois générations, deux familles, les blancs et les noirs, ceux qui sont dans le déclin et les serviteurs devenant plus autonomes dans leur choix de vivre face à leur patron "blanc", deux femmes, l'une maitresse de maison Mrs Compson, de son prénom Caroline, toujours malade, alitée, se plaignant sans cesse, mère de quatre enfants, une fille déchue Caddie, un fils maudit Quentin puis l'idiot Ben et le dernier Jason, aigri et pilier de la maison et cette femme noire, au service de la famille Compson, Disley est une femme remarquable par sa façon de diriger la maison de ces maitres, elle est la pierre centrale de la maison, s'occupant des deux familles, la sienne composée de son mari Roskus, que l'on voit rarement, et ces trois enfants, Versh et T.P les deux fils et sa fille Frony, qui peu présente aussi dans le roman à un fils Luster, cette lignée noire prend beaucoup de place dans l'histoire, cette famille afro-américaine jouit de la reconnaissance grandissante de cette communauté aux États-Unis. Il y a presque une passation de pouvoir entre ces deux familles, c'est la chute de la maison Compson.

Il m'est difficile de pénétrer au coeur de ce roman sans dévoiler, des faits importants, ce que je ne veux pas faire, le trouble est dans la structure et la composition de ce livre, les trois voix masculines de la lignée blanche, ces trois enfants aux caractères divers, Ben, cet attardé mentale, sans parole, gémissant tout le temps, pleurant, hurlant, ce premier chapitre est son regard sans parole, ces émotions qui éclairent ou assombris la narration, ce personnage est touchant par sa nature, seule les femmes ont de l'affection pour ce garçon attardé, cette âme perdu dans l'inhumanité de ces hommes, ce chapitre aura été une torture personnelle, la lecture est ardue, William Faulkner a réussi à faire parler cet ange de Dieu par, des sensations d'émotion, des odeurs, de regard, Ben a une sensibilité à fleur de peau, il sait ressentir l'insondable comme la pureté de sa soeur. Quentin, le fils ainé de cette fratrie Compson, est la voix du deuxième chapitre, il est le seul qui n'est pas dans le temps avec les trois autres, il est dans ce passé où cette maison glisse dans l'effroi du malheur, cette année 1910, les autres sont en 1928, s'articulant sur ces trois jours, six, sept et huit avril 1928. L'ainé est parti étudier à Hardware, racontant cette journée du deux juin dans cette ville où il vagabonde dans les dédales des rues se laissant happer par ces souvenirs, toutes ces choses qu'il n'oublie pas, toutes ses émotions qui le pèsent au plus loin de son être, comme un poids qui l'engloutit dans une nuit sombre sans étoile, perdu dans ce néant, il est l'artisan de sa mélancolie, le poids de sa famille repose sur lui, il doit redonner le fleuron à cette famille en perdition, lui coule dans les eaux troubles qui l'obsède, comme sa soeur Caddy, c'est presque incestueux… Ce chèvrefeuille lui murmure sa destinée. La dernière voix est celle du monologue intérieur de Jason, il est plus clair, moins torturé, cet homme a le costume trop grand de chef de famille, il n'a pas eu la chance de son grand frère de faire des études payées par la vente d'un terrain, l'imputant d'une part d'héritage, beaucoup de rancoeur habite cet homme, coincé dans cette ville, un travail forcé par sa famille pour subvenir au besoin de celle-ci, le laissant grisé par le marché de la bourse et du cours du coton, ayant un regard amer sur les changements de la société de cette époque, les noirs, les juifs et lui combattant l'héritage familial le faisant vaciller sans avoir comme ces deux frères une pensée sinueuse, elle est plus directe, comme le récit de cette partie. La dernière est sans narrateur interne, c'est presque un regard neutre qui constate la chute, ou Disley est très présente, dans sa force de l'âge, toujours debout, là à faire vivre ces deux familles, la sienne plus forte, à travers son petit-fils Luster, cet enfant avec beaucoup d'énergie, et un caractère propre à la liberté.

Il y a d'autres personnages comme L'oncle Maury, le frère de Caroline, un être mesquin, manipulateur vivant au croché de sa soeur et la famille, Jason Compson, père, est peu présent, ermite de son alcoolisme, ce qui est peu perturbé le lecteur, c'est la non-voix de Caddy, elle est présente par les autres, la voix des femmes est silencieuse, elle est reportée par ces trois hommes et ce narrateur anonyme, est-ce de la part de William Faulkner un choix légitime, représentant cette Amérique masculine ou la femme est encore sous la domination masculine. Caddy et sa fille Quentin sont les héroïnes de ce roman par le destin et leur envie de s'émanciper et cette indépendante d'être libre. Quentin va-t-elle réussir à vivre sa vie de femme libre alors que sa mère a échoué, rattrapé par la maison Compson et sa réputation.



Un classique de la littérature américaine à lire une fois dans sa vie. (Deux lectures sont primordiales)



Bonne lecture à vous
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Lu il y a longtemps... Je me souviens du choc, de la stupéfaction, de l'incroyable rencontre avec cet auteur. Comment ? On peut écrire comme ça ? Il reste LE et MON Faulkner je n'ai jamais retrouvé le même souffle dans ceux que j'ai lu ensuite que ce soient Sartoris, Lumière d'août, Tandis que j'agonise ou les Palmiers sauvages. Un des livres de ma vie, indiscutablement.
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j'adore Faulkner!
on ouvre ce livre et on tombe dans quelque chose sans -peut-être- trop savoir quoi? on avance dans cette histoire et on prend conscience qu'on est tombé dans la littérature, qu'il nous est donné par cette lecture une rencontre immense, presque une grâce: je lis Faulkner.
cela peut parfois paraître ardu car ça l'est. mais quel bonheur, quel écrivain, quelle rencontre!
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Choc inouï et jamais renouvelé.
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Je viens de terminer « Le bruit et la fureur » ..... encore une belle folie de Faulkner. C'est incroyable la façon qu'il a de se couler ainsi dans la peau (la psychologie) de ses personnages et d'y entraîner le lecteur qui doit oublier la rationalité de la vie ordinaire.
C'est un livre difficile à lire. Plus d'une fois, quelques lignes suffisent à donner envie de renoncer. Mais un immense plaisir vous attend à la fin, en ayant accompagné la pensée des personnages grâce au génie de Faulkner. A lire loin du bruit et de la fureur de notre quotidien.
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“[...] I was in time again, hearing the watch. It was Grandfather's and when Father gave it to me he said I give you the mausoleum of all hope and desire; it's rather
excruciatingly apt that you will use it to gain the reducto absurdum of all human experience which can fit your individual needs no better than it fitted his or his father's.”
(Je me retrouvais alors dans le temps, et j'entendais la montre. C'était la montre de grand-père et, en me la donnant, mon père m'avait dit : Quentin, je te donne le mausolée de tout espoir et de tout désir. Il est plus que douloureusement probable que tu l'emploieras pour obetenir le reducto absurdum de toute expérience humaine, et tes besoins ne s'en trouveront pas plus satisfaits que ne le furent les siens ou ceux de son père.)

L'expression latine correcte *reductio at absurdum* (“réduit à l'absurde”) fait référence à un mode rhétorique classique de réfutation par lequel on montre qu'un argument, s'il est poussé suffisamment loin, conduit à une absurdité. Mr. Compson et Quentin connaissent bien le latin : M. Compson lisait “des Horaces, des Livies et des Catalines”, et Quentin a eu besoin de l'apprendre pour être admis à Harvard en 1909. La formulation incorrecte est-elle une plaisanterie de la part de Mr. Compson ou de Quentin ? Ou est-ce le fait que Quentin se souvienne de Mr. Compson ivre et donc pas pleinement maître de ses mots ? Il est en tous cas peu probable que ce soit une erreur de la part de Faulkner.

“I give it to you not that you may remember time, but that you might forget it now and then for a moment and not spend all your breath trying to conquer it.”
(Je te le donne, non pour que tu te rappelles le temps, mais pour que tu puisses l'oublier parfois pour un instant, pour éviter que tu ne t'essouffles en essayant de le conquérir.)

Pour Mr. Compson, la mort étant la fin de tout, le temps réduit l'expérience humaine à l'absurdité. C'est seulement en ignorant le temps (et donc la mort) que l'on peut espérer vivre en paix. Ses idées cyniques imprégneront les pensées de Quentin tout au long du monologue, qui, ironiquement, passera une grande partie de sa journée à essayer de “conquérir” le temps.

“Because no battle is ever won he said. They are not even fought. The field only reveals to man his own folly and despair, and victory is an illusion of philosophers and fools.“
(Parce que, dit-il, les batailles ne se gagnent jamais. On ne les livre même pas. le champ de bataille ne fait que révéler à l'homme sa folie et son désespoir, et la victoire n'est jamais que l'illusion des phillosphes et des sots.)

Mr. Compson ridiculise cyniquement l'incapacité de l' être humain à vaincre la mort. Allusion à l'Ecclésiaste 9:11 ? : “J'ai encore vu sous le soleil que la course n'est point aux agiles ni la guerre aux vaillants, ni le pain aux sages, ni la richesse aux intelligents, ni la faveur aux savants; car tout dépend pour eux du temps et des circonstances.”
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