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Citations sur Lumière d'août (100)

[...] ... Et ce fut la dernière fois qu'on vit [Brown] à la scierie. Mais Byron connaît, et se rappelle maintenant, l'automobile neuve (dont un pare-chocs ou deux furent tout de suite faussés.) On la voyait sans cesse errer par la ville, oisive, sans but, avec Brown qui se prélassait au volant, sans trop bien savoir comment jouer son rôle d'homme oisif, dissolu, enviable. Il arrivait parfois que Christmas fût avec lui ; mais c'était rare. Et maintenant, leur occupation n'avait plus rien de secret. Tous les jeunes gens savent (et même les enfants) qu'on peut acheter du whiskey à Brown à n'importe quel moment ; et la ville s'attend chaque jour à sa capture, à le voir en sortir une bouteille de dessous son imperméable et l'offrir à un agent en civil. On n'est pas encore très sûr que Christmas soit de mèche avec lui, bien que personne ne croit Brown assez intelligent pour pouvoir faire à lui seul des bénéfices avec l'alcool de contrebande ; et il y en a qui savent que Christmas et Brown habitent ensemble dans une cabane, dans la propriété Burden. Mais, même ces gens-là ne savent pas si Miss Burden le sait ou non. Du reste, ils ne le lui diraient pas. C'est une femme entre deux âges qui habite seule dans la grande maison. Elle habite dans la maison depuis sa naissance, et cependant, on la considère toujours comme une étrangère dont les parents sont arrivés du Nord, pendant la Reconstruction. Une Yankee, une négrophile, sur laquelle la ville fait encore courir des bruits d'étranges relations avec des noirs de la ville et d'ailleurs. Cependant, il y a bientôt soixante ans que son père et son frère furent tués, sur la grande place, par un ex-propriétaire d'esclaves pour une question de vote des Noirs aux élections d'Etat. Mais quelque chose d'étrange, de sombre, d'inquiétant, plane encore sur elle et sur sa maison, bien qu'elle ne soit qu'une femme, et la descendante de ces gens que les ancêtres de la ville avait de bonnes raisons (ou le croyaient, du moins), de haïr et de craindre. Mais le fait est là : les descendants des deux partis face à face avec leurs fantômes réciproques, et toujours séparés par le spectre du même sang versé, la vieille horreur, la colère et la peur. ... [...]
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L'homme sait si peu de chose sur son prochain. À nos yeux, hommes et femmes agissent toujours pour les mêmes motifs qui nous pousseraient nous-mêmes si nous étions assez fous pour agir comme eux.
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Immobile, debout, haletant, il (Christmas) regardait de tous côtés. Grâce à la lueur vague et fumeuse des lampes à pétrole, les cases, autour de lui, se détachaient sur les ténèbres. De tous côtés, même en lui-même, murmuraient les voix incorporelles, fécondes et moelleuses des femmes noires. C’était comme si lui-même et toute la vie mâle autour de lui étaient rentrés dans les ténèbres chaudes, les ténèbres humides de la Femelle originelle. Les yeux luisants, les dents brillantes, un souffle froid sur ses dents et sur ses lèvres sèches, il se mit à courir jusqu’au réverbère le plus proche. Au-dessous de ce réverbère, une ruelle étroite et défoncée tournait et montait de l’obscurité des bas-fonds jusqu’à la rue parallèle. Il s’y engagea en courant et, le cœur battant, s’élança sur la pente escarpée jusqu’à la rue supérieure. Il s’arrêta alors, oppressé, les yeux étincelants, le cœur battant, comme si ce cœur ne pouvait croire, ne voulait croire encore que l’air était, à présent, l’air dur et froid de la ville blanche.

(p. 149)
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Alors, il lui sembla qu'il pouvait la distinguer. Quelque chose d'étalé, d'abject ; ses yeux peut-être. En se penchant, il crut regarder dans un puits noir, et, tout au fond, il vit deux lueurs, comme le reflet d'étoiles mortes. Il avançait car il la heurta du pied. Puis il la toucha de nouveau, lui donna un coup de pied. Il la frappa violemment, frappant dans et à travers un gémissement étouffé de surprise et de peur. Elle se mit à hurler tandis qu'il la faisait relever, la secouant par le bras, lui lançant de grands coups sauvages, frappant la voix peut-être, mais, en tous cas, sentant la chair, prisonnier de la femme-négresse et de sa hâte.
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Il court après ces mille dollars. C'est drôle de le voir. Il a l'air d'un homme qui, incapable de jouer un air, souffle bien fort dans une trompette dans l'espoir que, dans une minute, ça deviendra de la musique.
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Je suppose qu'au bout de trente ans la machine à espérer a besoin de plus de vingt-quatre heures pour se remettre à démarrer, se remettre à marcher.
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Ils le feront avec joie, car, avoir pitié de lui serait admettre le doute d'eux-mêmes, l'espoir, le besoin de la pitié pour eux-mêmes. Ils le feront donc avec joie. Et c'est pourquoi cela est si terrible, si terrible, si terrible…
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Et après tout, j'ai payé. J'ai acheté mon spectre même si j'ai dû payer avec ma vie. Et qui pourrait m'en empêcher ? Tout homme a le privilège de se détruire lui-même pourvu qu'il ne fasse de mal à personne, et moyennant qu'il vive pour lui-même et de lui-même...
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Mais il commença à se voir lui-même, de loin pour ainsi dire, sous les traits d'un homme attiré par un gouffre sans fond.
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Alors, tandis qu’il jetait un de ces coups d’oeil brusques, rapides, circulaires comme si ses yeux ne pouvaient retarder la complète inspection de la chambre, il s’arrêta pétrifié. De son lit, Léna vit la cicatrice blanche au coin de la bouche s’évanouir complètement.
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