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"Lumière d'août" est le premier roman de Faulkner que je lis et si j'en retire des sentiments mitigés du moins je reste profondément marquée par ce qui s'en dégage.

Plusieurs personnages très distincts et pas forcément directement liés sont tour à tour pris dans la focale de l'auteur. C'est le patchwork qu'ils forment, les regards qu'ils suscitent, les pensées qui les traversent, le langage qu'ils emploient, qui forment très nettement une réalité des États du Sud.

Le temps y semble lent, à l'image du périple de la jeune Lena. Suffisamment confiante en son destin, elle s'aventure à l'aveuglette sur les routes dans l'espoir de retrouver le père de son enfant à naître, feignant d'ignorer que le départ de celui-ci avait tout d'une fuite. Mais si la belle d'Alabama semble flotter en marge de l'agitation, son passage à Jefferson sera un théâtre de violence et de mort.

Une maison en flamme, le cadavre d'une sexagénaire blanche, un coupable désigné, son jeune amant qui aurait du sang noir. Il n'en faut pas plus pour échauffer les esprits puritains.

Mais qui est-il ce John Christmas dont le nom est sur toutes les lèvres ? Sans famille, sans racines, noir parmi les blancs, blanc parmis les noirs. L'esprit perturbé par la réalité même de son existence.

Faulkner semble s'aventurer avec facilité dans des psychologies complexes (et pas seulement celle de Christmas, même si on ne va pas se mentir c'est certainement la plus passionnante) dans lesquelles on se plaît à plonger. de même, la construction du texte est remarquable, empreinte de mysticisme et de fatalité.

Pourtant, il y a ce petit caillou dans la chaussure, ce je-ne-sais-quoi qui en fait a mes yeux un archétype du roman d'homme blanc. Je perçois  une volonté antiraciste mais qui a du mal à revendiquer une franche égalité. Je ressens aussi une zone sombre qui rôde autour du féminin et que j'aurais du mal à définir mais qui dénote le manque de porosité flagrant entre le monde des hommes et celui des femmes. Elles semblent être à mi-chemin entre la fragilité et la malignité sournoise et manipulatrice.

Je me dois bien évidemment de remettre dans le contexte, Faulkner étant né dans le Mississippi fin XIXeme, et il y a sûrement une grande dose de ressenti personnel car ce sont des sensations diffuses, plus que des éléments précis du texte lui-même, mais ne pas parler de ce qui me dérange serait malhonnête.


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De Faulkner, j'avais seulement lu il y a trois ans le bruit et la fureur, son roman le plus connu, réputé pour son exigence. Je ne dirais pas le contraire, mais malgré l'effort requis, j'avais été séduite par l'écriture, la noirceur du propos et l'ambiance poussiéreuse du sud des États-Unis. Lumière d'août est plus classique dans sa forme, même si la narration reste assez complexe, et les thèmes sont toujours aussi puissants.

Il s'agit d'une grande tragédie américaine aux accents bibliques. le personnage central se nomme Joe Christmas. Bâtard à la peau blanche, il est damné dès sa naissance par le sang noir qui coule dans ses veines et son existence est toute tracée, tel un chemin de croix. Autour de lui, Lena, la figure de la Vierge Marie, sur qui le roman s'ouvre et se referme, Hightower, le révérend déchu, et bien d'autres personnages qui traînent comme un boulet le poids de leurs ancêtres, de l'esclavagisme et du puritanisme.

Le style est intense, spectaculaire et protéiforme. L'histoire est tantôt racontée selon le point de vue des protagonistes, tantôt selon celui de témoins directs ou indirects des événements. Les temporalités s'entrecroisent. Malgré quelques moments d'égarements, surtout en compagnie du mystique Hightower, je ressors estomaquée de cette lecture, une de mes meilleures cette année.
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Ouahhh ! Quel livre ! J'avais déjà essayé de lire du Faulkner sans jamais y parvenir, sans jamais accrocher au début du récit. Mais là, le début du récit m'a littéralement subjuguée, avec le cheminement de Lena sur les routes de l'Alabama. Et à partir de là je n'ai plus décroché, j'ai adoré l'écriture, la structure du récit avec l'entrelacement des histoires de tous ces personnages. L'histoire avance et en même temps certains événements nous sont montrés par des points de vue différents sans pour autant lasser. L'histoire familiale de différents personnages est explorée et montre le poids du passé sur le présent pour les uns et les autres. Mais que c'est sombre, d'une noirceur que n'évoque guère la lumière du titre ! Par contre je ne sais pas si je me replongerais de nouveau dans un Faulkner car j'ai trouvé sa vision de la femme pessimiste et si j'ai adoré me perdre dans les méandres des pensées des divers protagonistes, je dois avouer qu'ils me sont restés assez étrangers du point de vue de leur état d'esprit, tous trop imprégnés d'une vision du monde influencée avant tout, sinon seulement, par la religiosité.Totalement étrangère à tout ce puritanisme j'avais du mal à comprendre les personnages, dont certains sont de véritables fanatiques (McEachern et Hines) sans que cela choque vraiment leur entourage, d'autres comme Joanna Burden tombe dans une sorte de délire mystique qui me paraît incompréhensible, sans parler du révérend Hightower !. Entouré de près par ces personnages Christmas n'avait pas la moindre chance, victime prise au piège d'un labyrinthe ou d'une toile d'araignée.C'est ce personnage peu sympathique, pétri de haine que j'ai le mieux compris, tant tout son parcours, de sa naissance jusqu'à sa mort est d'une logique implacable. Il y a quelque chose de la toile d'araignée dans la construction concentrique du récit. C'est fabuleux ! Mais en même temps ce qui m'a gêné c'est que malgré tout ce fatalisme, tout ce puritanisme, tout ce poids du passé et des vieilles haines (haine du nègre, haine du Yankee) mis en évidence, je n'ai pas pour autant bien compris où l'auteur voulait en venir. Sauf à avoir juste voulu dépeindre l'atmosphère poisseuse du Sud. Un chef d'oeuvre pour la forme qui je l'avoue m'a quelque peu échappé pour le sens.
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Il y a dix ans, dans une petite ville (Banff) de Colombie-Britannique, je suis entré dans une librairie de belles dimensions et j'ai demandé ce qu'ils pouvaient me proposer de Faulkner
Je m'attendais à ce qu'on me dirige vers un présentoir, voire une salle, dédié à Faulkner. L'on me regarda avec curiosité. Faulkner? J'épelai puis écrivis le nom en majuscules d'imprimerie. La vendeuse consulta son logiciel et trouva ce nom, puis alla me chercher l'unique exemplaire dont elle disposât : Lumière d'août.
Mes relations avec Faulkner commençaient mal.
Elles devaient ne pas s'améliorer car la lecture (en anglais, pour éviter les déformations dues à une traduction possiblement mauvaise) en fut très difficile et… j'abandonnai en route.
Alors je ne vais pas mettre ici une mauvaise critique, mais je comprends bien ceux qui s'en tiennent à deux, voire une étoile.
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Qui peut lire encore du Faulkner?
Les amoureux de la littérature exigente certainement!
C'est prodigieux, lent, lourd et puissant.
Ce n'est assurèment pas moderne, et il ets extrèmemement probable que ça passe de plus en plus dans les oubliettes de l'oubli. Mais heureusement que Faulkner existe. Il est comme Homère et Maugham, Shopenhauer (je parle de l'écriture) et de Goethe. Il se prenait pour un Dieu et quelque part certaines de ses créations sont vriament divines. Ce livre est le moins"indigeste" de ce qu'il a fait. Il aura plus de chance d'être luque le bruit et la fureur par exemple.
Est-ce que je recommande? ça dépend du type de lecteur
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Avec la publication en très peu de temps, entre 1929 et 1936, de cinq romans qui resteront parmi les plus marquants de la littérature américaine du XXème siècle (Le Bruit et la Fureur, Sanctuaire, Tandis que j'agonise, Absalon ! Absalon !, et Lumière d'Août), William Faulkner provoquera une onde de choc dans les milieux littéraires de son pays, transformant le génial écrivain sudiste en véritable icône, à l'aune duquel tout auteur ayant l'ambition de faire de la grande littérature ne pourrait désormais éviter de se mesurer, «ombre gigantesque » (selon l'expression de l'écrivain William Styron, dans une interview accordé au Monde en 1994) à laquelle à un moment ou un autre, il faudrait pouvoir se soustraire pour «tenter de s'accomplir soi-même».
LUMIERE D'AOUT est souvent considéré comme l'une de ses fictions les plus abouties. Un récit s'inscrivant dans la tradition du roman noir américain et qui, adoptant au démarrage un point de vue omniscient assez classique (en apparence seulement, le lecteur s'en rendra rapidement compte !), cherchera à retracer le parcours erratique de Joe Christmas, métis au sang noir et cependant blanc de peau, et auteur de l'homicide volontaire d'une femme blanche. Crime d'autant plus odieux et inexpliqué que cette dernière, Joanna Burden, en digne descendante d'une lignée d'Yankees égarés dans le deep south, fervents défenseurs des droits civiques des noirs affranchis et victimes à leur tour de l'hostilité de la communauté de Jefferson (ville fictive créée et située par Faulkner à proximité de Memphis), aura dédié l'essentiel de sa vie à elle à soutenir l'émancipation de la communauté afro-américaine abandonnée à son sort depuis la défaite sudiste de 1865. Meurtre sans aucun autre mobile possible que l'histoire elle-même, la psychologie, les traumatismes et humiliations subis par Joseph Christmas dans le contexte d'extrême violence raciale en vigueur dans les Etats du sud, ici le Mississipi natal de l'écrivain, où son personnage avait vu le jour, avant d'être rejeté et abandonné par la famille blanche de sa mère. Climat de violence encouragé enfin par la vague de puritanisme qui avait déferlé dans tout le pays, ayant abouti entre autres, durant les années 1920, à la Prohibition, à l'âge d'or des bootleggers, du crime organisé et du Ku Klux Klan.
On pourrait donc s'imaginer d'emblée que LUMIERE D'AOUT serait supporté par une intrigue somme toute relativement simple, ou en tout cas facilement repérable par le lecteur. Ce serait alors sans compter sur le talent et le style incomparables de l'auteur qui, selon la formule consacrée d'André Malraux, avait réussi à «introduire la tragédie grecque dans le roman policier». Faulkner, en effet, réussit somptueusement à transformer un propos ancré dans un territoire délimité, dans une contexte historique et socio-culturel particuliers, en quelque sorte régional, pourrait-on dire, en un récit grandiose, universel, exalté et indéniablement biblique. Il l'érige en tragédie aux accents antiques où le dénouement fatidique est déjà écrit, d'entrée de jeu et contre toute logique purement humaine, nourri par une autre, aux dimensions transcendantales et implacables, tissée sur ce même métier du fatum dont se servaient les antiques Parques. Où une galerie de personnages remarquablement dessinés (le révérend Hightower, Byron Bunch, le père McEachern, Doc Hines, Lena Grove..) par l'évocation de leurs trajectoires parallèles, croisées dans un désordre savamment orchestré par l'auteur, représenteraient également une sorte de choeur antique, chargé d'illustrer et de répercuter la descente aux enfers de l'héros tragique. Ou encore, si l'on veut bien, de la via crucis de Joe Christmas, personnage au patronyme ô combien symbolique et prémonitoire, monstre désigné (ce mot qu'il faut également entendre ici dans son sens étymologique premier : celui qui montre, révèle quelque chose au grand jour) dépassé par sa destinée, privé de tout libre-arbitre, et en même temps martyre sacrificiel, expiatoire, voué à la damnation par cette même communauté humaine qui l'avait engendré et exclu.
Summum absolu de la noirceur, rarement approché dans la littérature moderne, la lecture d'un roman comme LUMIERE D'AOUT est une expérience unique et éprouvante. A l'instar de ces rêves où l'on n'avance pas, ou alors péniblement, au ralenti, dans une quête effrénée d'abri contre une menace terrifiante et imminente, enfermés dans une atmosphère dense, hors temps, sentant le souffle ardent de notre perdition annoncée se rapprocher dangereusement derrière nous, nous espérons en vain la grâce d'une rédemption qui n'arrivera pas. Chez Faulkner aussi, le temps semble s'être figé en un seul bloc ; passé, présent et futur s'entrelacent, indissociables, se fondent, se confondent, à coup d'analepses récurrentes et tortueuses qui constitueront l'essentiel de la narration. de même pour le cheminement subjectif et la temporalité psychologique des personnages, systématiquement distordus, superposés, obturés ou, dans le meilleur des cas pour eux, carrément abolis.
«Rien n'advient -disait Sartre-, l'histoire ne se déroule pas chez Faulkner : on la découvre sous chaque mot, comme une présence encombrante et obscène, plus ou moins condensée selon les cas.» Ainsi, Christmas, quinze ans après avoir réussi à rompre avec les liens empreints de violence de son passé, avec ses parents adoptifs et son premier et malheureux amour de jeunesse, gardera-t-il le sentiment d'emprunter toujours la même rue où il s'était engagé après avoir passé définitivement la porte et avoir un instant espéré pouvoir changer sa vie. «La rue passa à travers les Etats d'Oklahoma et du Missouri, descendit au sud, jusqu'à Mexico, puis remonta au nord, à Chicago et à Détroit avant de redescendre encore pour s'arrêter enfin dans l'Etat de Mississipi».
Comment décrire l'envoutement trouble provoqué par ce récit crépusculaire, déroutant sans cesse le lecteur, tant par ses constructions de phrases vertigineuses, tournoyantes, que par ses formules lapidaires en suspension, par ses sous-entendus elliptiques, par se points de fuite multiples, la troisième personne de narration glissant à tout moment imperceptiblement pour s'enchevêtrer au flux de conscience des personnages, par les mises à distance récurrentes et en trompe l'oeil du narrateur, quand celui-ci, par exemple, se déchargeant de toute omniscience, finit par douter lui-même des raisons ou motivations qu'il leur attribuait, les abandonnant à leur propre mystère.
Si la négativité semble s'imposer comme un principe général chez Faulkner, si dans sa vision du monde aucun mouvement ne paraît susceptible de conduire à une transformation radicale des rôles qui nous ont été préalablement assignés sur l'échiquier visible du réel, c'est en même temps par ce même principe de négation, à condition que nous puissions réaliser et accepter qu'il est totalement vain de se battre contre ce qui aura toujours été là, que nous pourrions trouver une possibilité de rédemption à notre portée, ou tout au moins d'apaisement face au « bruit et à la fureur » shakespearien intrinsèques à la construction humaine -«Life is a tale, told by un idiot, full of sound and fury signifying nothing»-, ritournelle obsédante chez Faulkner ayant donné le titre et servi d'exergue à un de ses romans les plus célèbres.
C'est en fuyant à travers champs la traque implacable lancée contre lui après le meurtre qu'il a commis, que Joe Christmas, « courant sans but », se sentira pour la première fois de son existence « léger, impondérable» : «il ne pouvait jamais savoir quand il passerait de la nuit au jour, quand il s'apercevrait avoir dormi sans se rappeler s'être couché, ou quand il se trouverait en marche sans se rappeler qu'il avait cessé de dormir». Progresser enfin en toute légèreté, «au hasard, exprès, sur une terre sans consistance». Ici et maintenant : plus de mémoire, plus de conscience, plus de temps. Lumière d'août éclairant les ténèbres, permettant enfin de triompher sur sa destinée tragique avant le baisser de rideau. The rest is silence.
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Première rencontre avec cet écrivain, très talentueux, qu'est William Faulkner.
Plusieurs de ses romans avaient attisé ma curiosité, par leurs résumés, leurs difficultés.

Après quelques recherches, j'ai décidé de commencer à parcourir sa bibliographie par "Lumière d'aout". Sans m'en rendre compte, le hasard a fait que je l'ai ouvert durant ce même mois !

Très rapidement, j'ai été subjugué par l'écriture de Faulkner. Une originalité propre à lui, des personnages riches et très profonds.
En ce qui concerne l'histoire du roman, je pourrais la résumer très brièvement : Un métisse, nommé Christmas, assassine une femme blanche dans un pays (États-Unis au 20 ème siècles) où il y a de fortes tensions raciales et sociales.

Faulkner va alors nous proposer de plonger dans le passé de cet individu, au parcours très atypique. Il va nous retranscrire ses traumatismes, ses errances, son contexte familiale et ses rencontres. On le suivra petit à petit jusqu'à ce fameux drame.
On suivra également l'histoire de plusieurs autres personnages (Lena, une jeune femme enceinte à la recherche de l'homme qu'elle aimerait alors épouser. L'histoire d'Hightower, un prêtre rejeté par sa ville en raison de son passé familiale ainsi que de sa femme adultère et suicidée).

Ces histoires vont se chevaucher, vous allez alors les vivres dans la peau et l'âme de plusieurs personnages. C'est un point que j'ai particulièrement apprécié, le fait d'être immiscé dans plusieurs personnages pour une même scène. Cela rajoute beaucoup de richesses à cette scène.

Une lecture à recommander pour les plus frileux, elle en vaut clairement la peine.
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Un roman superbe, mais qui secoue.

Superbe par le savoir faire romanesque dont fait preuve Faulkner, qui refusant la linéarité de l'intrigue, bouscule le temps et l'espace, fait se croiser des personnages, des générations, tout en conservant au roman unité et équilibre interne.
Superbe par l'écriture dense, qui fait parfois se superposer, au sein d'une même phrase, le présent d'une action, le passé qui l'explique et ce qu'il en adviendra dans le futur; ou fait se mêler ce que sait un personnage et ce qu'il ignore, permettant ainsi au lecteur de saisir tout ce qui détermine les démons intérieurs de ce personnage .
Superbe aussi par la richesse des notations sensorielles. Faulkner y révèle comment la perception d'une situation s'effectue par les sens en éveil et se répercute dans l'ensemble du corps.

Roman magistral et qui a le pouvoir de réveiller la conscience.
Le lecteur y entend la voix collective de ce Sud des Etats Unis où le plus obscur des puritanismes prêche la haine et la discrimination.
Cette voix collective fait du Noir l'être qui porte sur son corps, tel un stigmate « la noire malédiction du Dieu Tout –puissant ».
Elle ne voit dans la femme qu'une source de péché, une femelle dont la chair est « le signe de l'abomination divine », « la forme ambulante de la chiennerie », dont l'esprit est porteur de « l'instinct de dissimulation et l'infaillibilité pour concevoir le Mal »,
Femme que le révérend Hightower réduit à l'état de « Chose passive et anonyme que Dieu avait créée pour être non seulement le récipient, le réceptacle de la semence de son corps mais également de son esprit qui est Vérité »
Il octroie à l'homme - le mâle-, le droit de faire « couler le sang, à la manière des inquisiteurs », le droit d'être l'instrument de la volonté de Dieu, un Dieu de colère, de vengeance et de haine .
Tant de mal au nom de Dieu !

Une saison en enfer, dans un monde de fous mystiques, de redresseur de torts figés dans la certitude inébranlable du bien fondé de leurs actions.

En contrepoint, les passages où apparaît le personnage de Léna, dont la candeur rayonne et suscite autour d'elle des comportements de bons samaritains, ménagent des moments de respiration et projettent sur cet univers sombre comme une lumière d'août bienvenue.

Un roman qui en dépit de son titre m'est apparu comme celui d'un monde étouffant et d'une noirceur absolue.

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Faulkner fait partie des grands auteurs américains du 20ème siècle dont il faut avoir lu quelques oeuvres. Je n'avais encore jamais rien lu de lui et il me paraissait nécessaire de combler cette lacune. J'ai eu l'occasion d'emprunter « Lumière d'août » à la médiathèque. Impressionnant pavé de 528 pages qui raconte la vie d'un jeune métis qui va devenir un meurtrier, et en parallèle celle d'une adolescente enceinte puis jeune mère qui va partir à la recherche du père de son enfant. La plus grande partie de l'histoire se déroule dans un petit village où il y a une scierie. Les deux protagonistes principaux vont s'y trouver en même temps sans jamais se rencontrer. L'écriture de Faulkner est très descriptive tant pour les sites que pour les personnages et les comportements de ceux-ci. On n'est plus du tout habitué à ce genre de texte détaillé qui paraît parfois un peu long pour nous conduire jusqu'à l'évènement attendu. Un auteur contemporain aurait sans doute raconté la même histoire en 250 pages, mais l'écriture de Faulkner nous fait vraiment partager et ressentir la façon de vivre et de se comporter des américaine de l'époque qu'il décrit.
Contente d'avoir fait connaissance avec Faulkner.
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Un grand talent. William Faulkner a révolutionné la littérature. Dans la forme et le fond. Des digressions incroyables qui nous font aimer davantage la vie et le livre. A lire et relire, à des moments différents de sa vie. Tandis que j'agonise, Sartoris, Les Palmiers sauvages et bien d'autres titres marqueront à jamais l'histoire du roman. le lecteur jubile et en sort grandi. Nombre de romanciers l'ont imité sans pour autant l'égaler. Et les traductions en français sont le plus souvent sublimes, à la fois respectueuses et inventives.
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