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Manushe est une femme de quarante-cinq ans qui vit en homme, elle porte des vêtements d'homme, fait un travail d'homme et est respectée comme un homme dans sa communauté. Trente ans plus tôt, elle a fait le serment de renoncer à sa condition de femme. Mais un jour l'arrivée dans son village de montagne d'Adrian, un être mystérieux et charismatique dont les secrets vont être dévoilés au fil du récit, vient bouleverser la donne... Impossible de dévoiler plus l'intrigue de ce roman où rien n'indique l'époque et le lieu où se déroule l'histoire.

Emmanuelle Favier s'est inspirée des "Vierges jurées", tradition en vigueur en Albanie où des femmes endossent, par choix forcé ou non, le statut d'homme dans leur communauté avec les droits et devoirs afférents à ce statut contre un voeu de chasteté.

Ce roman avait tout pour me plaire avec ce sujet si original et je reste sur un avis plus que mitigé. D'abord, ce roman ne raconte pas comme on pourrait le croire d'après la quatrième de couverture l'histoire de Manushe mais celle d'Adrian... La tradition des "Vierges jurées" n'est pas du tout le thème de ce roman. D'autre part, j'ai trouvé l'écriture d'Emmanuelle Favier certes poétique mais trop travaillée avec un vocabulaire parfois trop recherché. Qui connait la signification du mot "palilalique" par exemple? Par moments l'auteur part vraiment trop dans l'étalage de mots savants...
Au final, pour moi, il y a dans ce roman trop de lyrisme avec des descriptions à n'en plus finir et des digressions fort agaçantes au détriment de l'histoire par ailleurs intéressante mais dont le déroulé reste assez lent avec de multiples rebondissements trop prévisibles. J'ai regretté également que la psychologie des personnages soit si peu développée. La forme a pris le dessus sur le fond dans ce récit...
Cette fable sur le genre, sur l'identité est une déception pour moi mais ce roman plaira certainement aux amateurs d'écritures ultra poétiques.
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Manushe n'a pas consenti au mariage avec un vieux voisin grincheux pourtant accepté par ses parents en utilisant la seule issue de secours des Albanaises : jurer de rester chaste et devenir un garçon qui héritera la maison et le métier de son père.
A 45 ans, elle rencontre le mystérieux Adrian qui s'installe dans son village sans justifier aux yeux de personne son emménagement soudain : tout le monde aime Adrian, immédiatement, c'est une évidence. le chef du village, dépourvu de fils, ressent même des sentiments paternels pour lui.
Le lecteur apprend par bribes le passé d'Adrian et le destin de sa fille Dirina. La grande ville vue par les yeux d'Adrian puis de Dirina n‘est pas complètement la même, cela dépend de ce qu'on est venu y chercher. Vivre dans la nature et l'oppression d'un village, ou se débrouiller dans l'anonymat d'une ville, que vaut-il mieux ? de nombreux personnages ont un secret à cacher, « vierge jurée », homosexuel, comment savoir quand on rencontre un homme célibataire ? Parents biologiques, parents adoptifs ? Malédictions, rites de naissance ?
Le destin de Gisela, prostituée de luxe qui se croit libre d'arrêter, pourrait être semblable dans tous les pays. D'autres scènes ne peuvent se produire que dans quelques pays des Balkans ou d'Asie centrale.
La couleur orange (flammes, cheveux) est souvent liée au Diable, à la tentation, mais aussi parfois à la liberté du lynx.
Le style du roman est poétique, son vocabulaire particulièrement riche, érudit sans lourdeur. Les faits de société sont bien documentés, mais habilement instillés dans le récit. Les scènes intimes sont à la fois très précises physiologiquement et très tendres. C'est avant tout une histoire d'amour ,de fusion des âmes soeurs et de résilience.
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Rares sont les livres qui parviennent à m'envoûter à ce point en seulement quelques mots, quelques phrases. Dès les premières lignes du premier roman d'Emmanuelle Favier, j'ai été captivé par le mystère, l'atmosphère qui se dégage des paysages ouatés et brumeux, des personnages abimés et taiseux. Je ne connaissais absolument pas cette tradition des "vierges jurées", ces femmes qui renoncent à leur condition de femme par serment et s'habillent comme des hommes. L'écriture luxuriante, parfois un peu tortueuse, d'Emmanuelle Favier donne vie avec beaucoup de délicatesse à ces âmes en peine comme Manushe, qui va se voir chamboulée par l'arrivée dans son village d'un nouvel arrivant dans le village, Adrian, au passé compliqué. Ce livre m'a fait l'effet d'un parfum enivrant dont les flagrances restent très longtemps suspendues dans l'air. J'ai vraiment apprécié la narration du récit à la manière d'un conte, qui évolue de façon un peu irréelle et nous prend par la main de façon presque hypnotisante. Un véritable coup de coeur.
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C'est l'histoire de deux femmes qui, pour des raisons différentes, ont été contraintes de s'approprier une existence d'hommes. Progressivement révélée, l'énigme de cette fusion des genres prend sa source dans les relations codifiées, emmurées par des croyances et des coutumes ancestrales, elles-mêmes issues d'une nuit du temps. Temps arrêté des villages perdus où subsiste un mode de vie primitif, temps écoulé dans l'urgence elliptique des activités citadines, temps de l'errance en symbiose avec la nature... ce jeu avec des temporalités imprécises répond au brouillage géographique, qui ne semble se déterminer que par des sensations : l'enfermement étouffant dans un hameau isolé, dans une maisonnette, dans un travestissement forcé, contraste avec l'immensité de paysages naturels où le souffle peut s'échapper sans obstacle.
L'écriture se plie à cette complexité narrative, nous fait arpenter des territoires clandestins sans toujours donner les clés pour y pénétrer. Les fulgurances poétiques m'ont semblé affaiblies par un travail formel parfois trop ostentatoire et par une sorte de volonté délibérée d'accumuler les mystères et les non-dits. Si bien que mon impression reste mitigée : j'ai été sensible à l'originalité et à la force de l'histoire, mais la narration aurait, à mon sens, gagné à être épurée.
Bref, je n'ai pas éprouvé le coup de coeur que j'escomptais à la lecture de ce titre si mélodique et imagé. Un horizon d'attente qui s'est obstrué en quelque sorte !
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http://lechatquilit.e-monsite.com/pages/mes-lectures-2017/le-courage-qu-il-faut-aux-rivieres.html
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J'adore quand le Père Noël passe avant l'heure, à l'improviste !

Après m'être perdue ces derniers jours dans plusieurs romans que je n'ai pas jugé intéressants au point de les partager avec vous, la lecture du premier roman d'Emmanuelle Favier, en même temps que l'arrivée des premiers flocons de neige, est une vraie bouffée d'oxygène, un changement de climat littéraire, un cadeau intellectuel sous le sapin.

Dès le titre, je fus séduite. Dès les premières pages, je fus envoûtée.

Honnêtement, ne trouvez-vous pas que ce titre sonne déjà comme la promesse d'une histoire à creuser et la preuve d'une belle sensibilité au pouvoir d'évocation de la langue française ?

La langue française, justement, Emmanuelle Favier, sait la manier, la ciseler pour créer des métaphores évocatrices pleines d'odeurs, de matières, de sentiments, de mystères.

Le sujet du roman est d'une originalité folle, la manière de le traiter l'est encore plus. Et pourtant, l'auteure touche du doigt une réalité, celle des « vierges jurées ». Si, comme moi, vous ne savez pas qui elles sont , allez-y, faites comme les rivières, creusez pour aller plus loin! Vous allez entrer dans les arcanes du droit coutumier, des dettes de sang, de la vie de clan dans les villages de montagne au nord de l'Albanie.

Mais n'ayez crainte. L'auteure ne commet par l'erreur d'en faire un documentaire car elle tient à « conserver la pleine liberté de l'imaginaire ». Un choix que j'apprécie particulièrement tant je crois en la capacité du roman à nous sensibiliser, bien mieux que n'importe quelle thèse universitaire, aux grandes questions de nos sociétés contemporaines.

En effet, à l'heure des débats sur l'écriture inclusive, Emmanuelle Favier m'a ramenée aux fondamentaux. Qu'est-ce que l'identité ? Comment être une femme, jusqu'où peut-on accepter de ne plus en être une en apparence pour pouvoir survivre dans un monde d'hommes ?

Je ne dirais pas que ce livre est un coup de coeur total car mon enthousiasme est un peu retombé quand l'histoire a ralenti au milieu du livre. Cependant, la belle écriture d'Emmanuelle Favier m'a permis de rester à bord et de patienter, curieuse de voir quel destin elle réservait à ses personnages. Je ne fus pas déçue. Ce qui, dans un autre roman, aurait sonné comme une fin « un peu facile », prend ici une dimension tout autre. La dimension de l'universalité de la femme, de celle qui choisit de se tenir debout, de faire face, de braver la tradition et les interdits.

Et on en revient toujours à la même chose s'il est encore besoin de le redire : être une femme dans un monde d'hommes est un combat permanent.

Un très très bon premier roman. Alors, allez-y, plongez ! La rivière est froide mais vivifiante.


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Pas facile de situer ce livre... le résumer à une histoire d'amour de lesbiennes est un peu réducteur. Cette histoire surprenante à bien des niveaux est étonnante et finalement agréable à lire. A noter un vocabulaire impressionnant... l'auteur est sûrement la fille spirituelle de notre président car elle utile des mots peu usuels dont certains n'étaient totalement inconnus...


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Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître ! Déjà dotée d'un très joli titre, d'une couverture qui attire l'oeil, Emmanuelle Favier, sacrée performance, se révèle aussi une vrai championne en cette rentrée littéraire, évitant tous les écueils du premier roman, à savoir le portrait de sa maman ou de son papa, les souvenirs d'une enfance malheureuse, hautement symbolique ou même banale, le cruel passage de l'adolescence entre scooter et Biactol ou l'amour de sa vie qui l'a quitté à 22 ans. Il est vrai que depuis quelques temps les éditeurs font gaffe et commencent à dédaigner ces récits par trop égocentrés, renvoyant pleurnicher dans leur studio les primos publiants manquant d'originalité.
Quand vous ouvrirez "Le courage qu'il faut aux rivières" , il vous faudra laisser dans son coin toute retenue, tout à priori et vous laissez porter. Vous atterrirez dans une contrée indéterminée, à une époque incertaine. L'écriture se charge avec grâce et finesse de planter le décor, en suivant Manushe, femme à qui on ne peut donner un âge. Vous comprendrez vite que dans le passé elle a fait voeu de chasteté et que cette décision radicale lui confère au sein de la société villageoise qui l'entoure, une certaine aura qui adoucit sans doute des moeurs locales aussi rudes que le climat. L'arrivée soudaine d'un certain Adrian va venir troubler l'ordre établi, surtout dans la vie de Manushe.
Je vous vois lever les yeux au ciel en disant qu'il n'y a rien d'original dans ce scénario, un inconnu qui surgit du fond la nuit et qui va venir troubler une femme, on a déjà lu cela cent fois. Je m'incline devant cette évidence, mais je me redresse aussi vite car rarement ce sujet bateau a été traité de cette façon et pris une telle direction. Laquelle ? Lisez le roman d'Emmanuelle Favier !
Ce que je peux dire par contre, c'est que vous découvrirez une écriture magnifique qui manie poésie, talent de conteuse et aussi un amour très fort du mot juste ( trois ou quatre fois... un froncement de sourcil... un arrêt pour se jeter sur un dictionnaire pour chercher des mots que pour ma part je n'avais jamais rencontré ... "insistance palilalique" par exemple... "ombre halitueuse"...) mais cela ne gêne en rien ce récit passionnant. Je rajouterai aussi que la rigueur du climat et la couche épaisse de vêtements portés par les héros n'empêchent nullement la sensualité de s'exprimer et que c'est même le point central de ce livre, qui, questionnera d'une belle façon la lectrice, le lecteur sur la passion, l'amour que l'on peut porter à une personne au-delà des genres...
La fin sur le blog
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Je suis tout de suite entrée dans ce livre. Me suis laissée emporter.
Dans ces cas-là, je suis toute lecture, je ferme la porte à l'esprit critique.
Cela tient du conte sur fond de traditions, de réalité sociale. Traditions qui perdurent depuis le XV ème siècle.
Les femmes doivent renier leur féminité pour vivre libres et respectées.
Les hommes rustres, alcooliques et violents, pratiquent « le sang ».
Les vengeances se perpétuent.
L'auteur ne s'attarde guère sur eux.
Les deux protagonistes, hommes-femmes, sont attachantes, émouvantes.
Lorsqu'arrive Adrian, beau, mystérieux, fascinant, la féminité niée, avortée de Manushe se révèle peu à peu.

J'ai aimé le parcours d'Adrian, les épreuves endurées, sa détermination. En bref, j'ai moi aussi cédé à son charme.
En revanche, je n'ai pas adhéré aux cauchemars et aux crises de l'enfant.

J'étais attirée par le titre et la photo de couverture : le lynx derrière un tronc d'arbre qui symbolise le côté sauvage de la forêt et, peut-être aussi de l'homme.
Car la nature a une belle part dans ce roman : la montagne, les arbres, le torrent, le lac, « le plateau qui dénudait ses beautés karstiques ». Et là, avec le mot « karstiques », j'ai su qu'on était dans les Balkans.

Encore une lecture plaisante grâce aux « 68 premières fois ».
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Cette histoire semble surgir du fond des âges, d'une société primitive, à peine parvenue à un degré minimal de civilisation.
Pourtant, nous sommes au XXième siècle, dans le Nord-Est de l'Albanie. Mais cela, nous l'apprendrons seulement en lisant les lignes d'Emmanuelle Favier à la fin de son tout premier roman. En découvrant la quête qu'elle aura dû mener au sujet de cette tradition extraordinaire des « vierges jurées » d'Albanie, ou le destin si particulier de ces femmes qui, pour des raisons familiales, sociales, sentimentales parfois, ont renoncé à leur condition de femme et endossé des vêtements d'homme lors d' un serment accompagné d'un rituel où se mêlent le sang (symbole de virilité) et le lait (de féminité) : elles ne transmettront pas ce lait si faible qui coule dans leurs veines, cette faiblesse inhérente à la condition de femme.
Pourquoi ? Parce qu'elles ont la charge de jouer le rôle du garçon dans une famille où il n'y a que des filles et épargner la honte à leurs parents ; parce qu'aucune fille ne pouvant recevoir et transmettre le patrimoine, ce sera à ce faux-garçon de le faire ; parce que, parfois, c'est la seule échappatoire à un mariage arrangé odieux. Parce que nous sommes dans une société patriarcale où il ne fait pas forcément bon d'être une femme. Également parce que les hommes finissent par faire défaut dans cette société où on lave dans le sang la moindre offense. Alors, aux « vierges jurées » de les remplacer pour maintenir l'équilibre social ! Tel est le droit coutumier dans cette région.

Les deux personnages principaux de ce roman sont donc deux femmes : Manushe la « vierge jurée », et Adrian, jeune homme étranger un jour survenu au village qui l'accueille dans le respect de la tradition : tout étranger est un hôte sacré auquel tout un chacun doit montrer la plus grande considération.
Et nous allons découvrir les secrets qui se cachent dans la vie d'Adrian et cette relation sensuelle et intime qui va se nouer entre les deux personnages. le roman foisonne de notations sensorielles, d'observations précises et poétiques à la fois des paysages somptueux qu'offrent les Balkans, d'évocations à la manière d'un peintre paysagiste qui entourent cet amour de beauté, de douceur et d'un charme sensuel infini. Rien de mièvre pourtant dans cette histoire contée en une langue travaillée et fluide à la fois.
Ce livre est une petite merveille de sensibilité, de justesse du regard sur un sujet - celui du genre - à la fois dans l'air du temps et périlleux. Emmanuelle Favier, blogueuse et critique littéraire sur Médiapart par ailleurs, nous offre là quelques heures de pure grâce.
Un très beau premier roman, lu dans le cadre des 68 1ères fois.
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