AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,1

sur 51 notes
5
0 avis
4
6 avis
3
2 avis
2
3 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A paraitre le 19 aout 2015.

Fasciné par Sandrine Broussard qu'il a rencontrée dans une soirée, le narrateur raconte son histoire. La jeune femme vit en Belgique sous un faux nom parce qu'elle est recherchée en France. Oh, pas de crimes, non, mais des petits délits. Sandrine arnaque les hommes en utilisant les petites annonces et, avec son compagnon Julien, elle utilise des chèques volés, menant grande vie le temps d'un repas dans un restaurant étoilé. Elle encaisse les mandats que des hommes amoureux lui envoient, en renvoie certains quand sa victime est trop éplorée. Sandrine n'est pas mauvaise, mais elle veut profiter autant que possible de son ascendant sur les hommes, se prouver qu'elle plaît et repousser l'image qu'elle s'est construite au contact d'une mère qui ne l'a jamais trouvée belle.

La peur aux trousses, Sandrine sait que la police est sur ses traces. La prison, elle y a déjà goûté et elle ne veut jamais y retourner. Gavée d'amphétamines et d'alcool qui lui font croire qu'elle vit plus intensément, elle veut oublier son adolescence et se construire une vie faite de luxe et de mode. « Dans cette vie clandestine, quelque chose protégeait Sandrine Broussard : être passée maître dans l'art de ne pas être elle-même. » (p. 91) En changeant sans cesse d'identités, elle pense pouvoir s'inventer une vie. Et c'est là le drame de Sandrine : au lieu de vivre la vie qui lui a été donnée, elle se réfugie dans des chimères et des rêves inconsistants. Les années passant, la fuite l'épuise et Sandrine aspire à retrouver son nom, sa vie, son identité.

Ce roman repose largement sur des faits réels. La fascination du narrateur/auteur pour Sandrine est palpable, lui qui n'a pas connu la clandestinité et la culpabilité. « J'aurais aimé accomplir ce que Sandrine avait réussi sous l'empire de la nécessité : me glisser sous l'épiderme d'un autre, à qui, sans mobile – comme une manière de crime parfait – j'aurais dérobé l'identité par intermittence. » (p. 115) Mais Sandrine le comprend après des années de cavale, les magouilles et la dissimulation ne fondent pas une existence et ne peuvent pas effacer la détresse héritée de l'adolescence. Alors, oui, il faut tenter de vivre et pas seulement de survivre.

Avec son titre emprunté à un poème de Paul Valéry, ce roman se lit comme un conte initiatique. Il est impossible de trouver Sandrine antipathique : oui, elle est hors-la-loi ; oui, elle se met dans des situations impossibles. Mais elle est très attachante : en tant que femme, je me suis reconnue dans ce personnage sur la brèche qui, pour se trouver, a d'abord tenté de se perdre. Cette histoire est charmante, délicate, délicieuse.
Commenter  J’apprécie          220
Je ne me souvenais plus de Sandrine Broussard ni de ses arnaques, j'étais peut-être trop jeune ou trop peu intéressée par les infos du JT. Et j'ai plongé dans ce roman qui prévient en exergue qu'il n'en est peut-être pas un pour découvrir l'histoire de cette jeune fille du Nord, tellement moi quand j'avais 20 ans (sans les dérives !), tellement fragile, tellement en quête...
J'ai lu ce bouquin d'une traite, d'une part parce que sa prose est brillante, simple et sincère, et d'autre part parce que je n'ai pas pu m'empêcher d'être touchée par Sandrine, un peu perdue, et si pleine de rêves et d'absolu.
C'est finalement une jeune fille attachante, une jeune fille presque ordinaire, jamais sûre de l'amour qu'on lui porte (ou en demande de beaucoup plus, de preuves) et le narrateur, à la manière journalistique, se pose en observateur, jamais en juge et si l'on peut se poser la question de l'autofiction comme point de vue, on se rend compte qu'au-delà du fait divers, Eric Faye nous offre un récit-roman en forme de rédemption.
J'ai aimé tant le fond que la forme, j'ai eu envie d'être encore plus proche de cette jeune femme et j'ai trouvé que l'auteur lui offrait, en quelque sorte, les clés de la liberté !
Commenter  J’apprécie          120
Jeune, l’auteur fit la connaissance, par l’intermédiaire d’un cercle d’amis, de Sandrine Broussard.
Au 1er regard, il fût envouté par cette jeune femme vivant au jour le jour et constamment sur le fil du rasoir. Il fût fasciné car elle était son exact contraire … le fantasme de quelqu’un qu’il n’a peut-être pas eu le courage de devenir.
Les premières pages, d’une beauté remarquable, plonge d’emblée le lecteur dans cette connivence et cette relation étrange entre l’auteur et son personnage.
A partir de cette rencontre et de la vie mouvementée de Sandrine qu’il a suivi de loin, l’auteur a donc décidé de mener une enquête personnelle afin de révéler ses différentes facettes. Qui est-elle réellement ? La question de l’identité (et de la réalité d’ailleurs aussi) se pose clairement pour parler de ce personnage.
Sandrine B. n’est pas du genre à se projeter, elle se jette brutalement dans la vie, elle réagit d’instinct, elle survit plus qu’elle ne vit en montant des arnaques pour attirer des hommes seuls en leur soutirant de l’argent. Que fait-elle de cet argent ? Elle le dépense immédiatement dans des restaurants de luxe ou des fringues. Aussitôt que la roue tourne, elle s’enfuit vers le sud, invente de nouvelles escroqueries à la petite semaine, revient dans le nord, s’improvise pute de luxe, change d’identité… et s’en sort constamment comme cela… « Dans cette vie clandestine, quelque chose protégeait Sandrine Broussard : être passée maître dans l’art de ne pas être elle-même » (p. 91).
La fascination de l’auteur va au-delà de cette vie marginale, il cherche à comprendre comment s’est construit ce personnage, dès son plus jeune âge.
D’où une empathie assumée, résumée par le titre magnifique emprunté à une citation de Paul Valéry. Cette empathie permet également de voir Sandrine B. sous un regard différent et de découvrir un personnage plus complexe qu’il n’y parait.
J’ai beaucoup aimé ce roman car j’y ai retrouvé, comme dans « Nagasaki », le côté étrange et fantomatique de ce personnage fuyant, et vivant en marge de la réalité.
Il règne, l’air de rien, une forme de suspens dans cette fuite en avant du personnage qui va évidemment faire l’objet d’une enquête. Mais c’est plus l’enquête personnelle de l’auteur, sa fascination, et son style qui trouble et capte l’attention que la vraie enquête policière.
Le style, justement, mérite d’être évoqué. Abordant ainsi un personnage à fleur de peau, écorchée, presque irréel, l’auteur sert justement son propos par une écriture à la fois fine, percutante, concise, et imagée, parfois emportée…
Nombreuses sont par exemple les citations que l’on garde en mémoire : « Je me sentais inguérissablement de son côté de la vie. Elle n'était pas Robin des Bois, elle n'avait pas non plus la trempe ni le goût du sang de Bonnie Parker. Elle était ce qu'elle était ».
Hypnotisé, je l’ai été autant par ce roman qu’Eric Faye par son personnage, ou presque, sinon j’aurais tenté d’en faire un roman !
Commenter  J’apprécie          70
En rencontrant Sandrine Broussard soeur de son ami Théo, le narrateur écrivain a trouvé un véritable personnage de roman.
A la suite d'une soirée elle va lui raconter sa vie. Sa jeunesse entre un père terne et une mère à moitié folle obsédée par les camps et l 'Allemagne nazie mais aussi sa rencontre avec les hommes ayant jalonné son chemin.
De l'escroquerie à la prostitution en passant par la case prison Sandrine se dévoile et lui livre ses tourments.
Un agréable roman sur un parcours de femme qui tente de se reconstruire et comme l'écrit Eric Faye cherche à s'accepter.
Commenter  J’apprécie          40
On avait beaucoup aimé Nagasaki, un court roman (couronné du Grand prix du roman de l'Académie française en 2010) dans lequel Eric Faye racontait, d'après un fait réel survenu au Japon, l'histoire incroyable d'un homme qui découvre grâce à une caméra cachée qu'il a installée dans sa maison, qu'une femme s'incruste et vit chez pendant son absence.
Cette fois, changement d'ambiance, changement de décor. Ici, l'auteur, ici dans la peau du narrateur, évoque sa rencontre, par hasard, dans les années 90, avec une jeune femme en cavale. La demoiselle en question s'appelle Sandrine Broussard. Elle et son petit copain sont recherchés pour avoir escroqué un paquet de types en manque d'amour qui avaient répondu à de fausses petites annonces dans lesquelles Sandrine leur demandait de lui envoyer de l'argent pour quelle puisse prendre l'avion afin de les rejoindre et vivre des jours heureux.
Mais les choses étant allées trop loin, Sandrine a dit stop et est repartie vers d'autres affaires plus ou moins louches, plus ou moins légales, toujours pour fuir, pour fuir une famille qui l'a détruite psychologiquement, pour tenter d‘exister dans un monde où elle n'a pas encore trouvé sa place, pour mettre le feu à une vie sans projet, sans passion. Malgré les tentatives de vivre « normalement », malgré de belles rencontres, Sandrine, trop instable, replonge à chaque fois et doit se cacher, changer d'identité, vivre à crédit, dans la clandestinité.
Il règne tout au long de ce roman passionnant, qui se lit comme un thriller, une ambiance modianesque, de par la manière un peu mystérieuse dont est racontée l'histoire mais aussi de par le côté obscur et insaisissable de cette fille. L'écriture d'Eric Faye, simple, concise, précise, épurée, ne laisse aucune place à la facilité, à ce qui consisterait à appuyer sur l'aspect aussi tragique que bouleversant du destin de cette femme pleine de failles dont perçoit bien tout au long du livre la souffrance et les errements. Remarquable.


Lien : https://www.benzinemag.net/2..
Commenter  J’apprécie          30
roman enquête sur Sandrine Broussard qui essaie de vivre dans le luxe après avoir passé une enfance auprès d'une mère stricte, obsédée par les camps de concentration, et autoritaire. Elle veut tout : devenir belle, riche et ressembler à Sylvie Vartan son idole. Des escroqueries, un bref séjour en prison, prostituée dans une boite belge... son parcours avant d'arriver une certaine sérénité.

Commenter  J’apprécie          30


Lecteurs (113) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3685 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}