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3,65

sur 672 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nous sommes à Nagasaki, de nos jours. Monsieur Shimura, 56 ans, célibataire, météorologiste, est un homme solitaire. Sa vie est morne, son physique même est quelconque, il est somme toute assez transparent. Vivant dans un quartier tranquille peuplé de vieilles voisines qui veillent, il a confiance et ne ferme pas sa porte à clé pour aller au boulot.
Mais depuis quelque temps, il a l'impression que "quelqu'un" se sert discrètement dans son frigo...A l'aide d'une webcam, il va piéger ce qui se révèle être une femme qu'il ne connaît pas. Arrêtée par la police, elle a 58 ans et avouera avoir visité cet appartement très régulièrement, jusqu'à littéralement y vivre, dans l'armoire d'une pièce non occupée, pendant un an.

Pourquoi un tel comportement ? Est-elle folle ? A-t-elle des motivations matérielles, financières...un attachement sentimental particulier pour le propriétaire ou son bien ?

A partir d'un fait divers réel, Eric Faye nous livre un court roman de 80 pages, narrant une histoire peu banale. Sans dévoiler le fond, notamment les réponses aux questions posées précédemment, on peut dire que la construction formelle est solide. On suit pendant longtemps le point de vue du narrateur Shimura, dont on perçoit peu à peu les sentiments ambivalents, partagé qu'il est entre colère d'avoir vu son intimité violée, et une forme de compassion pour l'intruse face à une condamnation assez dure. Et puis brutalement, l'auteur fait parler la femme...qui va nous révéler ses étonnantes motivations.

La surprise est totale lorsque le lecteur comprend finalement que l'intrus dans cette maison n'était pas forcément celle qu'on croyait, les rôles étant finalement renversés. Chasseur chassé, arroseur arrosé, coupable victime...Eric Faye va chercher la réponse à cette énigme dans le passé et la mémoire de cette femme, ainsi que dans l'histoire de Nagasaki et du Japon depuis la bombe du 9 août 1945.

C'est bien écrit, l'intrigue est intéressante, on ne s'ennuie pas une seconde vu le format plutôt novella. L'auteur est passionné par le Japon, et ça se sent, il connaît parfaitement les goûts alimentaires des japonais, et nous fait ressentir avec subtilité certains traits de leur mentalité et de leur mode de vie en général, mais aussi du mal-être de plus en plus général lié notamment à cette crise économique interminable, mais aussi sociétale.

J'ai quand même regretté fortement une fin en accéléré, comme tronquée, les révélations sur les motivations de cette femme se succédant, s'accumulant dans les toutes dernières pages jusqu'à une fin assez brutale, avec un fort goût d'inachevé. Clairement ça coûte la 5ème étoile.

Dommage, mais c'est quand même une lecture qui vaut la peine à mon humble avis !
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Sur la solitude déshumanisante et celle en quête d'humanité... Une rencontre impossible...A méditer.
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Je découvre tardivement ce court roman, grand prix du roman de l'académie Française 2010, Nagasaki est une histoire courte, très courte.
La narration est effectuée par deux protagonistes, à travers leur improbable relation. l'histoire s'effectue tout d'abord du point de vue d'un cinquentenaire seul (célibataire), sans aspérité : "l'homme des masses" qui habite une maison à Nagasaki. Il a une vie paisible, sans vague, mais une petite contrariété arrive. Il commence à avoir des soupçons: quelqu'un se sert dans sa cuisine! Pourtant , il part tous les matins au travail en fermant sa porte à clé derrière lui. Il installe une webcam pour débusquer l'intrus.
Et ce qu'il découvrira va le déstabiliser, joie, étonnement, empathie, puis apparaît un soupçon de compassion sur cette inconnue.
Puis c'est l'histoire d'une chômeuse de longue durée, d'une durée si longue qu'elle était arrivée en fin de droit, qui avait du tout abandonnée, pour se métamorphoser en petite souris.

Cette rencontre qui va avoir lieu entre ces deux personnages est la rencontre de deux solitudes, peut-être même de deux exclusions: une involontaire, une par dépit, l'autre par une sorte d'évanouissement vis à vis de ses proches, par incompréhension envers ses collègues.

Cette histoire vraie, ne laisse pas indifférent. Elle commence sur un ton humoristique mais s'enfonce rapidement dans la réalité, un peu sordide d'une exclue de la société. le sujet est intéressant, l'histoire se passe à Nagasaki, mais pourrait se passer dans n'importe quelle autre métropole. J'aurais aimé connaître la suite de ces vies : celle de Shimura Kobo.
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Coup de coeur pour ce court roman, plein de sensibilité et de poésie qui nous dit avec une grande pudeur la vie de deux quinquagénaires , deux solitudes,dont la «  rencontre » est tout à fait inattendue.
Eric Faye part d'un fait divers pour créer cette courte histoire.Shimura célibataire travaille à la station météo de Nagasaki. Il s'aperçoit que des aliments disparaissent de son réfrigérateur à plusieurs reprises et décide d'installer une webcam chez lui. de son travail, il
surveille sa cuisine et voit l'ombre d'une femme, puis quand il l'entrevoit cuisant du riz il fait venir la police qui découvre l'inconnue tapie dans une pièce.L'intruse a 58 ans., elle est « installée «  chez son hôte, à son insu depuis un an.
Qui est-elle vraiment ? L'auteur fait pour la suite des choix narratifs surprenants, il ne choisit pas de donner suite au destin …
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Monsieur Shimura, un homme, la cinquantaine, célibataire, météorologue, avec une vie bien réglée...
Il vit dans un quartier tranquille de Nagasaki...
Mais depuis quelque temps, des choses étranges se produisent : un yaourt en moins dans le frigo, la bouilloire pas tout à fait à la même place que le matin même... Comme si un esprit lui jouait des tours...
Une caméra installée plus tard, surprise ! Une femme chez lui !
Que fait-elle là ? Que lui veut-elle ?
Simple : elle vit là, tapie dans un placard, depuis un an !!

Une plongée dans la solitude, les habitudes, les peurs, les angoisses d'êtres ordinaires...
La poésie tristement réaliste d'une vie sans saveur...
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Japon : Nagasaki, un fait divers, un homme à la cinquantaine étonnée et solitaire, une ombre d'abord, une silhouette ensuite, une femme finalement.

Miroir : solitude, engagement, non-dit, famille éclatée, éloignée.

Un style : des ricochets de mots, des allitérations souriantes, de l'humour léger, des comparaisons renouvelées, le peu pour le plus, provocation imaginative.

Un univers vital : fantastique, absurde, cruel, déstabilisant, futuriste.

Une histoire : étonnante, époustouflante, brûlante sans avoir l'air d'y toucher.

Une psychologie : tréfonds de l'âme, banalités, interrogations, vie fondue, confondue.

Un bilan : exister pour ne pas disparaître complètement.

Un livre court : tout est dit, le point de non-retour.

L'homme : amertume, déstabilisé, en questionnement, culpabilisé.

La femme : amertume, déstabilisée, en questionnement, culpabilisée.

Le lecteur : suspense, compassion, réflexion, échos.
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Un joli et court roman qui sait aller à l'essentiel en peu de pages. L'histoire de cet homme qui vit de regrets, jusqu'à celui d'avoir épié et fait arrêter l'intruse qui vivait chez lui sans qu'il le sache, rejoint habilement celle d'une femme devenue SDF en gardant une délicatesse et une attitude très noble. On aurait pu imaginer une autre fin avec la rencontre et, peut-être, l'union de deux êtres qui se seront cotôyés sans se voir. L'ensemble dans le contexte feutré mais néanmoins plein de violence diffuse du Japon.
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C'est l'histoire d'une intrusion mais c'est surtout, me semble-t-il, l'histoire d'une solitude ou plutôt de deux solitudes, l'une choisie (on peut le penser, quoi que… n'est-elle pas plutôt subie), l'autre suite à une dépossession. C'est aussi un roman sur la mémoire, les souvenirs, ceux qui nous pétrissent et ne nous quittent jamais, ceux qui font qu'on est celui-là et pas un autre. J'ai aimé le ton du livre, ses mots, la tristesse qui en émane et aussi l'amertume, la douce amertume.

C'est tout simplement un beau texte, troublant.
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Eric Faye, né en 1963 à Limoges, est un écrivain français. Il publie nouvelles et romans depuis 1991. Nagasaki, roman paru en 2010, a obtenu le Grand prix de l'Académie française. Pour écrire ce livre, Eric Faye s'est inspiré d'un fait divers relaté par la presse et s'étant réellement produit au Japon au printemps 2008.
A Nagasaki, un célibataire réalise que de temps en temps, des aliments disparaissent de son réfrigérateur ou que parfois des objets semblent avoir légèrement changé de place. Alarmé, il décide d'installer une webcam dans sa cuisine afin de surveiller son intérieur, du bureau où il travaille comme ingénieur météorologue. Sur son écran d'ordinateur, un jour, apparaît une femme, quinquagénaire, qui vaque dans la cuisine comme si elle était chez elle. L'homme alerte la police qui intervient à son domicile et arrête la femme.
Un délicieux roman que ce Nagasaki. Tout y est à l'unisson, que ce soit l'écriture délicate, parfois poétique, bien dans la manière des auteurs japonais classiques au point qu'on pourrait penser qu'il s'agit d'une traduction d'un texte nippon, que ce soit le format du roman, très court, qui incite le lecteur à trainer en route puisqu'il arrivera bien vite à la fin, tout ceci se mariant parfaitement avec le thème du bouquin où l'on retrouve l'esprit de cette littérature du pays du soleil levant.
Le livre débute avec cette légère touche fantastique, un pot de yaourt qui disparait du réfrigérateur, l'installation de la webcam avec l'apparition furtive d'abord, une ombre, un esprit ? Puis la certitude d'une présence humaine. Viendront ensuite les tourments pour cet homme solitaire. le trouble, car cette femme a vécu chez lui, à son insu durant un an, avant d'être démasquée. Imaginez, comme notre héros, tous ces jours où vous vous pensiez seul(e) chez vous, en fait votre intimité était violée par une inconnue, détestable sensation à postériori. « J'ignore tout de son passé et de ses pulsions, des raisons qui l'ont conduite à prendre racine ici puis à souiller mes draps, s'essuyer avec mes serviettes et à chier dans mes chiottes, et je lui en veux. » Notre célibataire néanmoins, est un brave homme, aussi il ne veut pas de mal à cette pauvresse ayant trouvé un abri chez lui, les scrupules l'assaillent.
Emouvantes solitudes, deux êtres humains très seuls qui auront vécu une année entière sous le même toit sans se voir, si proches et si loin, tout à la fois. le roman s'achève très joliment par la confession de cette femme, une révélation étonnante, qui le clôt magistralement en une boucle de vie.
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Shimura-San est un quinquagénaire célibataire, actif et vivant à la frange de Nagasaki dans un grand appartement. Tout est ritualisé dans sa vie tranquille.

Ainsi, il lui est facile de constater que des changements étranges ont lieu dans son lieu de vie. Il est vrai qu'il ne ferme pas à clé ! Peu à peu cela le trouble au point qu'il installe une webcam dans sa cuisine et il se met à surveiller son domicile depuis son lieu de travail.

Assez rapidement, une silhouette apparait dans sa cuisine. Elle semble à l'aise, comme si elle connaissait les lieux. le narrateur appelle la police.

Une femme est trouvée dans une pièce inutilisée, littéralement dans un placard !

Tout bascule : elle est arrêtée après avoir vécu 1 an dans cet appartement et dans deux autres. On déroule le fil de sa vie, chaotique, les impressions de Shimura-San sur cette intrusion et les conséquences sur son bien-être... Elle prend la parole aussi.

Mais en réalité le lien qui unit cette femme et le narrateur est plus ténu qu'il n'y paraît.

Roman de l'intimité et de l'intrusion, du chez-soi et de l'appartenance, de l'ancrage aussi.







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