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Citations sur Du même bois (93)

Le corbillard fait le tour de la propriété pour que le pépé puisse saluer une dernière fois ses paysages. Pour que ses paysages puissent le saluer une dernière fois. Ça serre le cœur. Même son chien, ça le fait pleurer, il court derrière la voiture noire, la suit comme il suivait son maître quand il marchait, toujours très droit, dans ses immenses plaines. On aurait dû l’enfermer dans l’étable. Ce chien qui chiale, ça fait trop d’émotion. 
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En revenant, sur le sentier, il trouve des cailloux, les plaque contre son oreille. On l’entend discuter, raconter sa journée. C’est un caillouphone pour appeler les gens qui sont morts ! Tu veux parler à papi ? Allô ? Allô ? Il a raccroché. Peut-être que ça marche qu’avec les enfants. Papi, il dit qu’il n’a plus mal depuis qu’il est mort mais qu’il ne peut pas revenir maintenant qu’il va bien. C’est embêtant. 
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« Les enfants, les bébés, ils les appellent les « petitous ». Et c’est vrai qu’ils sont des petits touts. Qu’ils sont un peu de leur mère, un peu de leur père, un peu des grands-parents, un peu des arrière-grands-parents, un peu de ceux qui sont morts, il y a si longtemps. Des petits touts.
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On n’a jamais vu une gamine comme ça, qui ne veut rien avaler, à qui aucun plat ne fait plaisir, même ceux avec des patates, avec du fromage fondu, avec du sucre. Pour la mémé, manger c’est ce qu’il y a de plus important ; cuisiner c’est une preuve d’amour. Alors ça la désole de voir la gamine rester des heures devant son assiette, à tout trier, à tailler les bords de sa viande parce qu’elle les trouve trop durs, à retirer chaque minuscule nerf. Une bonne viande comme ça, des bêtes de la ferme, qui ont grandi là, qui ont eu tout un paysage à brouter, une vie de travail. Et elle, elle en fait des petits tas, elle perfore la chair, enlevée des liserées, appuie dessus pour faire sortir le jus. Son morceau de viande ressemble au crochet que faisait l’arrière-grand-mère, elle l’ajoure, en picore des tout petits morceaux. On voit bien qu’elle ne le fait pas exprès, qu’elle a un palais trop délicat, mais quand même, c’est tout sa famille qu’elle dissèque, qu’elle décortique dans l’assiette. Le travail de toute une vie qu’elle abîme, qu’elle recrache, qu’elle n’arrive pas à déglutir, tout cet amour qu’elle refuse d’avaler, c’est ça surtout qui fait mal au cœur.
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Les jeunes se donnent rendez-vous dans les bois, se faufilent entre les arbres, cherchent un coin pour leur désir. Ici, c’est bien, on nous voit pas. Tu es sûr ? Ça fait
comme un lit. Et ils s’embrassent avec la langue, et ils la tournent dans tous les sens, et ils se lèchent dans le cou, et ils se mordent les oreilles. Il faudra cacher les suçons. Les mains s’introduisent sous les tissus, partent à la rencontre des seins encore timides, si menus, tout pointus, se glissent sur des tailles douces, défont des nattes rousses, s’attardent sur des ventres brûlants. S’ils n’avaient pas de ceinture, ils iraient plus loin, c’est sûr, mais là, ils font le tour, sans oser s’approcher plus, ils y glissent juste quelques doigts. Ils retirent le haut, se serrent, se respirent, se frottent, gonflent, mouillent. La forêt les regarde, les cache, les tamise, les éclaire en sélectionnant des endroits, la nuque, la cambrure, là où c’est le plus beau. Ils ont des copains qui l’ont déjà fait, comme ça, sans s’aimer, juste pour que ça soit fait. Entre leurs jambes, ça a envie de s’offrir, ça pulse, ça va chercher l’autre, ça ne leur appartient plus, ça devient sauvage. p. 57
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On ne lui a jamais connu de femme. Même pas une comme ça, qui lui aurait expliqué comment ça marche. Il a passé l'age maintenant et, quand il traine au bal, ce n'est plus pour les femmes mais pour les boissons. Dans sa tête c est resté un gamin. Alors vous imaginez bien que ce n' est pas facile quand il y a un si grand écart d'age entre le corps et le dedans.
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Je veux du raisin blanc. Du raisin blanc. Du raisin blanc. Blanc. Il faut sans doute y entendre : je veux de l'attention. De. L'attention. Il n'y a pas de raison pour cela, la gamine le sait, le serre fort contre sa poitrine, consolant son enfant, et dans le même geste la petite fille qu'elle est encore.
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La ferme est vide, comme une dent creuse. Une coquille sans sa bestiole dedans. Une famille qu'on aurait trop taillée, sans plus aucune branche pour continuer l'histoire.
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Mais tant qu’il reste la mémé, ça les rassure, c’est qu’ils ont du temps, encore, devant eux.
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Ils ne sont pas nombreux a avoir leur force de caractère, il en faut pour résister a la solitude et au climat. Ils aiment se rassembler, sentir qu ils ne sont pas seuls, qu il y en a d autres, des gens comme eux. Ils boivent, chantent, certains connaissent un peu la musique les jeunes prennent les anciens par la main pour les faire danser, pour les faire rajeunir. La gamine n a pas le sens du rythme, elle prefere rester en bordure de la fête, sentir juste ses eclaboussures.
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