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4,02

sur 433 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un premier roman de très grande qualité. Court, percutant à la fois intime et universel.

Dans cette ferme qu'on devine dans la Haute-Loire, dans ce coin reculé, isolé l'hiver par la neige et le gel, vit une famille. Et ce depuis des générations. Et à côté des humains, avec eux, entre les deux habitations, vivent les vaches. C'est la vie dure et silencieuse des éleveurs, la vie rythmée par le labeur quotidien, par les naissances et par les décès. C'est la vie dans laquelle arrive la gamine, comme on l'appelle. Y'a la mémé, fripée mais encore active, le pépé, le frère du pépé, le père, la mère, l'orphelin récupéré par la famille, tous taillé dans le même bois. Tout ce petit monde vit ensemble, avec pour voisinage d'autres familles qui vivent comme eux. Mais ce mode de vie rural et montagnard qui a transcendé les générations est-il voué à se perpétuer encore et encore ?

Marion Fayolle nous montre des caractères. Et avec quelle maîtrise elle le fait ! C'est vite lu mais c'est riche, c'est creusé, c'est évocatif. L'art de raconter est ici au service de l'oeuvre. On plonge complétement dans cet univers.

Bref, un coup de coeur pour cet excellent livre.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Révélation ! ! ! Il est des livres, comme ça, qui laissent le lecteur tout chose après en avoir terminé la lecture, tout déçu que ce soit déjà fini. Celui-ci s'étend alors un moment sur son canapé, le livre ouvert à l'envers sur son coeur, les yeux perdus dans le vague du plafond blanc et il s'abandonne à la rêverie, prolongeant ainsi en une délicieuse extase l'atmosphère magique des pages qu'il vient de lire d'une traite. C'est le cas du texte magnifique de Marion Fayolle, qui avec une langue simple mais ô combien poétique et imagée, emporte le lecteur dans un monde pur et serein, et pour moi infiniment nostalgique, car il est celui des fermes de ma jeunesse, du Morvan, de Bresse et du Jura, chez mes cousins, mes amis et mes beaux-parents. Là où vivaient autrefois en harmonie, sous un même toit, les bêtes et les gens. En lisant « du même bois », j'ai humé à nouveau les odeurs à la fois subtiles et fortes de la campagne, j'ai revécu pendant quelques heures certains épisodes lointains de mon passé, caressant à nouveau le cul des vaches dans l'étable, brouettant bottes aux pieds le fumier, conduisant le tracteur, guidant les petits veaux jusqu'à leurs mères, regardant d'un oeil amusé ces derniers découvrir, au printemps tout neuf, la nature tellement différente de l'espace étriqué et sombre de l'étable, le pré tendre et lumineux où l'on peut gambader, sauter, courir, manger le sol… En lisant Marion, je les voyais de nouveau, les petits veaux de ma jeunesse.
Celle-ci a réussi à réaliser, à travers la vie de cette famille de paysans si attachants, un admirable album d'images que l'on feuillette avec ravissement, et où les mots justes, alignés sur une centaine de pages, pallient avec bonheur l'absence de crayons, de feutres et de pinceaux.
Quatre générations de personnages se succèdent, de la mémé si dévouée pour tout le monde au petit dernier capricieux, le Petitou, en passant par la mère courageuse et la gamine fragile et trop imaginative, le pépé trop vieux qui perd la tête, le beau-frère « pas fini » qui s'est entiché d'une faisane et qui boit beaucoup trop, mais aussi tous ceux d'avant qui dorment désormais sous la dalle du caveau au cimetière, une galerie de portraits subtils et tellement vrais qu'on se demande si cet ouvrage est bien tout à fait de la fiction…

Un livre qui fait oublier, le temps de sa lecture, notre monde actuel et détestable, ce monde du fric, de l'artificiel, du superficiel, de l'individualisme, des réseaux sociaux et des maudits smartphones qui ont tué à jamais les échanges.
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Les bêtes sont là, dans l'étable, les vaches et leurs veaux, entre le logement des jeunes et celui des anciens, depuis des générations.

Un cycle de vie immuable, où les savoirs paysans se transmettent aux enfants dès leur plus jeune âge, pour qu'ils prennent un jour la place de leurs parents, qu'ils deviennent à leur tour des fermiers comme c'est la tradition dans la famille.

La Gamine n'est pas comme les autres, elle a « cette petite tâche en dedans » que certains ont déjà eue dans la famille et qui la rend coléreuse, parfois, incontrôlable. Alors tous font avec, parce que qu'ils l'ont toujours fait et qu'ils connaissent cette folie qui touche, de temps en temps, un des leurs.

Mais contrairement à ceux qui vont fuir la ferme pour partir à la ville, parce que c'est dans l'air du temps, elle se sent bien au milieu des bêtes, habitée par cet esprit rural que lui ont transmis les siens.

L'authenticité du regard, la justesse de la démarche, la poésie des mots, tout contribue à faire de ce roman une ode à un monde paysan que l'on voit s'effriter sous nos yeux, emporté dans le tourbillon du modernisme mais qui restera gravé dans le coeur et dans l'âme de ceux qui sont faits de ce bois.

Marion Fayolle nous dépeint l'image d'un monde sur le déclin et elle nous offre, avec ce roman d'une grande beauté, le saisissant constat de la fin d'une agriculture ancestrale qui se meurt.
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Il s'agit du premier roman de cette autrice qui est par ailleurs illustratrice. Il y est question d'une ferme avec une habitation à gauche où on naît, où on travaille, où on meurt, avec une étable pour les bêtes et une habitation à droite qu'on rejoint l'âge venant et où on meurt. C'est l'histoire d'une famille qui vit et travaille là depuis des générations. Les enfants s'appellent les petitous car ils sont un peu de tous ceux qui les ont précédés. La gamine est un peu particulière car, comme son père, son esprit n'est jamais en repos. Toute petite déjà elle entrait dans des colères noires. Pour elle les bêtes ne sont pas seulement dans l'étable mais aussi dans sa tête et elles sont difficiles à dompter. Dans ce roman court, l'autrice recréée tout un monde. Son écriture est quasiment poétique. On n'est pas surpris qu'elle soit dessinatrice car elle semble en effet peindre sous nos yeux cette histoire qui est celle de sa famille et ces images restent profondément imprimées chez le lecteur. Une réussite en tout point.
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C'est l'histoire d'une ferme. Ou plutôt, c'est l'histoire d'une famille. Et comme dans un jeu des sept familles, on n'a pas besoin des prénoms. Il y a le pépé sous les myosotis, la mémé qui avance à tout petits pas, le beau-frère un peu fou, la gamine et ses colères. “Ici, on fait toute sa vie sous la même toiture, on naît dans le lit de gauche, on meurt dans celui de droite et entre-temps, on s'occupe des bêtes à l'étable.”

Ils l'ont tous en eux, la ferme. Dans la poitrine et sous les ongles, les bêtes, les odeurs, le bois, les cris des veaux. Même la gamine, qui avance tant bien que mal, chargée d'une grogne qui n'est pas la sienne. “C'est pas toujours facile d'être un petit tout, d'avoir en soi autant d'histoires, autant de gens, de réussir à les faire taire pour inventer encore une petite chose à soi.”

Elle a beau s'éloigner du troupeau, la gamine, partir étudier de l'autre côté des montagnes, elle n'y peut rien. Elle leur ressemble. La mémé, la mère, la gamine, de plus en plus les mêmes, comme un dégradé. Et on ne sait plus quelle tasse est à qui, dans les grandes tablées.

“C'est trop tentant d'aller interroger les pierres, de braconner le passé, d'en remplir des brouettes.” Dans ce livre à l'écriture terreuse, il y a l'espoir de l'avenir dessiné dans ce qui précède. Malgré les échardes.
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Rien de nouveau sous le soleil pourrait-on dire, c'est la vie à la campagne autrefois…Mais l'écriture magnifique de cette nouvelle auteure donne toute sa valeur à ce roman.
D'autres se sont essayé à écrire la vie de leurs parents paysans à la campagne avec un brin de nostalgie du temps passé…mais ici l'histoire se déroule par petits tableaux, des petits coups de crayons, des images, par petites touches qui donnent vie à ses personnages. « On ne remarque même plus que, dans son regard, il manque des lumières. Sa peine est trop épaisse. Une peinture mal diluée, opaque, étalée en plusieurs couches. »
Cette vie dure que les nouvelles générations ont voulu abandonner, pour une maison moderne avec salle de bain et surtout plus l'odeur des vaches (et la contrainte des traites). La contrepartie c'est que nous ne savons plus rien faire par nous-mêmes, tout doit être acheté, à courir après « métro-boulot-dodo », jongler avec les activités des enfants que nous poussons, parfois, au maximum pour qu'ils puissent se faire une place au soleil…. Reprendre une ferme c'est difficile, mal rémunéré…on pense qu'ailleurs l'herbe est plus verte…
Que nous reste-il de ces temps anciens ? des photos, en noir et blanc le plus souvent, ne relatent pas les odeurs, la fatigue, les soucis et les peines.
Marion Fayolle évoque ici la rupture avec le sol, la transmission intergénérationnelle, reprendre ou pas le flambeau de ceux qui ont "défriché" avant nous, avoir envie ou pas d'endosser la vie des autres pour le "petitout", le savoir-faire, la génétique, ce que l'on transmet à nos enfants : aura-il les yeux bleus ? sera-t-elle grande ? seront-ils exempts de maladies génétiques ? « sa mère était comme ça » ou « c'est son père tout craché »….
Des phrases puissantes qui arrivent comme des flèches. : « Elle, elle ne cherche pas à rester jeune, elle sait qu'au bout d'un moment la vie tue. » ou « Il est mort à l'entrée de l'automne, on l'a dispersé là, à l'entrée du bois. » » Sortir le paysage de son amnésie »
Alors si le fond n'a rien d'extraordinaire, J'ai bien aimé la construction de certaines phrases, le choix des mots et des images, des virgules, des ruptures dans la phrase…Son style d'écriture, plein de tendresse, est innovant et magnifique !
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Elles sont faites "du même bois" les femmes et les bêtes qui vivent à la ferme, elles franchissent les mêmes étapes, de la naissance à la mort. La dernière "la gamine" va porter en elle tous les paysages, tous les labeurs, toutes les failles des générations précédentes.
Marion Fayolle évoque la ruralité d'autrefois, la vie à la ferme de 3 générations quand bêtes et gens habitaient le même toit, partageaient les mêmes rigueurs climatiques et le même respect du vivant.
Bel hommage à ses grands-parents et à ce monde paysan disparu.


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Ça commence par un alignement de culs, tous les mêmes presque. Mais le papi il sait les reconnaître car se sont ses vaches à lui. Dans cette ferme familiale, se sont des générations qui ont pataugé dans cette même terre humide devant ce décor immensément merveilleux.

Des terrains sur des hectares, seule. La ferme couve sous ses ailes les grands parents à droite, les parents et les enfants à gauche. On nait dans le lit de gauche et on meurt dans le lit de droite.

C'était comme cela jusqu'à cette génération qui rêve d'ailleurs, qui veut faire des études et sortir de cette spirale de dos cassés, d'hiver trop froid, de travail sans vacances, de décor inchangé.

Les culs disparaissent sous les larmes du pépé pour laisser, peut être, une autre famille s'installer.

Ce roman construit de souvenirs trace la lignée, la marque, ce trait de terre qui reste même si on essaie de le cacher, de le renier. Ces morceaux de vie reliés par du papier, comme un album photo, marquent la tragédie d'une fin de transmission. Là où la valeur de la terre, l'amour des bêtes, le bonheur de l'immensité comblaient les vivants ; ils sont aujourd'hui réduit à des labeurs trop difficiles pour (sur)vivre.

La fin de la ferme, aussi triste que cela puisse être pour celui qui observe la passation, n'est pas la fin d'une transmission car il reste en chaque membre de cette famille, un élément commun, un fil rouge, un bout de terre ou plutôt, un bout de bois.

Ce livre est doucement mélancolique, un recueil d'émotions crues, de maladresses et d'amour. Beaucoup d'amour.
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Marion Fayolle m'a plongée dans l'intimité d'une famille de fermiers, où les générations se succèdent et se ressemblent. A travers des descriptions minutieuses et des dialogues percutants, l'autrice dépeint la vie quotidienne de ces hommes et femmes qui vivent au rythme des saisons et des bêtes.

Les personnages du roman sont complexes et tourmentés. Ils portent en eux le poids des aïeuls et des secrets de famille. Les relations entre les membres de cette famille sont tendues, empreintes de non-dits et de rancoeurs, mais aussi de tendresse et de solidarité. Marion Fayolle parvient à sublimer ces relations complexes pour en faire des tableaux touchants et bouleversants.

L'écriture est poétique tout en étant brutale, elle révèle la beauté et la violence de la vie à la campagne. Les descriptions des paysages, des animaux et des gestes quotidiens sont d'une grande précision, nous plongeant au coeur de cette ferme qui semble être un personnage à part entière.

"Du même bois", c'est un roman profond et émouvant, à la fois sombre et lumineux. Marion Fayolle est parvenue à saisir l'essence même de la vie à la campagne, avec ses joies et ses peines, ses espoirs et ses désillusions. Une très belle lecture, à lire absolument pour voyager dans un univers singulier et poétique, où chaque mot est comme sculpté dans le bois ancestral de la famille.
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Il y a plusieurs semaines j'avais vu ( sur Babelio bien sûr) une critique sur ce livre et ce que j'y avais lu m'avait fait immédiatement inscrire ce titre sur ma liste et voilà que cet après-midi, je tombe par hasard sur YouTube sur une lecture scénarisée de ce texte par l'autrice associée à un musicien .
C'était un spectacle à la maison de la poésie et c'est le bon endroit car ce récit est tellement poétique !

Je vient de passer 1h15 dans cette ferme, avec ces générations successives, ces vies de travail accordées à la nature, cette organisation du temps, des tâches et des places qui paraît immuable. " On naît dans le lit de gauche et on meurt dans le lit de droite".
Et cette immobilité est sans doute "enfermante" mais aussi contenante.
...Et puis la vie change au fil des générations et finalement personne ne reprend la ferme. "Heureusement que le pépé n'est plus là pour voir ça "

Même si mes racines ne sont pas ariegeoises mais limousines, j'ai complètement retrouvé cet univers de travail, de la nature à la fois rude et protectrice, de l'amour des animaux, de l'entraide entre générations, entre voisins... Non, tout n'était pas mieux avant mais ces valeurs transmises constituaient une colonne vertébrale.
Et puis, même si ça pouvait être douloureux pour les anciens de voir les plus jeunes changer radicalement d'univers, ils nous renvoyaient plutôt de l'admiration que des reproches pour peu que l'on ne les prenne pas de haut et qu'on leur montre que malgré tout on restait dans la continuité, c'est-à-dire qu'on ajoutait d'autres connaissances, codes sociaux, etc mais sans s'amputer de ces racines pleines de savoirs sur la Vie et la Mort ( c'est très important ce rapport naturel à la mort ). En d'autres termes qu'on restait "du même bois "

L'auteur, la gamine, rend un bel hommage à sa famille, assure la pérennité du souvenir des personnes et de ce mode de vie qu'elle ne magnifie pas mais auquel elle montre beaucoup de respect .
Et le petitou peut lui dire " maman, quand tu seras morte, ce qui sera bien c'est que je pourrai lire tes livres pour penser à toi "

Enfin, quelques mots sur l'écriture : fluide simple, très évocatrice et éminemment poétique.

Bref, j'ai été séduite tant par le fond que par la forme.

Je vous souhaite un beau moment de lecture...
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