Ma première approche du fantastique au quotidien de
Mélanie Fazi...
Honte à moi, je n'ai longtemps connu
Mélanie Fazi qu'en tant que traductrice (et critique de rock indé occasionnelle et inspirée !). Ayant lu et fort apprécié certaines de ses
nouvelles parues en revue ou en anthologie, son second roman, paru en 2004, était une bonne occasion d'en savoir plus.
Histoire brève d'un garçon de 11 ans, trouvé par des forains et vivant au milieu d'eux, lancé brutalement sur la piste du secret de ses origines, «
Arlis des Forains » impose un style de fantastique du quotidien, insidieux, par lequel le lecteur doute en même temps que les protagonistes, où la part du « réel » et du « rêvé » est toujours mise en question, avec une noirceur toujours tapie à proximité... Si la quatrième de couverture de l'édition Folio invoque à raison
Stephen King et
Ray Bradbury, le calme du récit dans la tourmente des événements ((avec la construction d'un magnifique crescendo) évoque aussi l'art précis de
Theodore Sturgeon, et les fausses évidences vertigineuses d'un
E.T.A. Hoffmann. On y trouvera aussi un bel écho (voire un hommage ?) au
Francis Berthelot du « Jongleur interrompu ».
Seul bémol : proche par sa taille et sa construction d'une longue nouvelle, le roman est un peu trop vite refermé, et ouvre l'appétit au risque d'une certaine frustration. Heureusement, il y en a d'autres, et plusieurs recueils de
nouvelles, sur lesquels je vais de ce pas me précipiter...