Citations sur Les chemins qui montent (32)
Les femmes ,fouettées par l 'air frais du matin ,remontaient de la fontaine ,la cruche mouillée ,les pieds mouillées ,le teint rose ,jacassantes et gaies .
Cependant , Dahbia continuait de serrer les papiers . Ses seins se durcissent peu à peu . Il lui sembla qu 'Amer s 'était glissé près d 'elle tout en souriant . Il penchait son visage , ouvrait ses bras ...Soudain , elle reconnut le regard perçant de Mokrane , le regard plein de désir et le sourire cruel de sa grande bouche .Elle se mordit les lèvres . Non ! c 'était lui qui la mordait .Elle desserra ses bras croisés sur sa poitrine , se sentit faible et lourde , tandis
qu 'une interminable vague qui l 'enveloppait toute entière , la berçait , l 'engourdissait , l 'emportait tout doucement . Elle se laissa partir .
Alors j'ai compris que j'avais un pays et qu'en dehors de ce pays je ne serais jamais qu'un étranger. Il m'a fallu vingt ans pour découvrir cette vérité subtile. En suite j'ai eu hâte de partir, d'aller le revoir, pour en prendre possession, le fouler de mes pieds, emplir mes yeux de ses différents horizons, respirer son ai chaud, recevoir son soleil brûlant, avaler sa poussière blanche, dévorer à plein dents ses fruits sucrés, courir après ses filles brunes, et j'ai pris le train pour Marseille. Et le bateau pour Alger.
Lorsque j 'avais ma carte, j 'aimais discuter de ces choses avec mes camarades Je posais chaque fois le problème avec une clarté déconcertante, je m 'installé dans un cercle d 'où aucune dialectique ne pouvais me sortir .
Ce chemin que tu voulais tracer aura beau monter, il ne sera pas pénible pour nous deux.
"la neige souffre d'un mauvais préjugé chez nous, c'est pourquoi je l'aime en secret"
Dieu m'est témoin que j'étais sincère, prêt à lui donner mon affection, ma Vie, quej etais heureux, que mille projets se formaient dans ma tete, que tout m'apparaissait limpide, que je decouvrais tout d'un coup pourquoi j étais là à lghil-Nezman, pourquoi j'étais seul, pourquoi j avais vingt-cing ans, pourquoi j' étais beau et fort et tendre. Tout cela c était pour Dehbia.J'étais fait spécialement pour elle et je la découvrais au moment précis ou je me trouvais devant un mur où jétais las de tout et de moi-méme, comme si le mur avait disparu par enchantement, comme si l'horizon bouché s'était découvert d'un seul coup pour faire miroiter à mes regards un univers radieux.
Alger est perdue au loin dans la brume. La mer est bleue, presque noire. Au-dessus de ce bleu sombre, là-bas, à I horizon, une bande plus Claire, presque verdâtre. Au-dessus encore, une trainée rose qui va s'estompant pour se confondre avec le bleu pâle du ciel. Du côté de la pleine mer il fait presque clair tandis que les contours de la Côte algerienne deviennent de plus en plus sombres. La mer est très calme. A peine un léger tremblement du liquide noirâtre comme si nous nous trouvions sur un gigantesque tapis de velours qui remuerait mollement une invisible main. Le navire y trace un large sillon d'argent qui se forme et se détruit sans elle tel un rêve fugitif.
A vos pieds, ce sol aride qui apparaît sous les herbes maigres, cette terre pâle, blanche ou jaune - sable ou schiste - sur quoi poussent des hommes maigres, des chacals maigres, des chèvres maigres.