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Citations sur Les nuits de San Francisco (16)

Nulle part s'appelait San Francisco. Une lente dérive vers l'ouest, le Pacifique si mal nommé, autre grand cassé du rêve américain. Sam avait atterri là comme on s'échoue, grossissant les rangs des milliers de homeless qui déambulaient, hagards, dans un downtown dont ils ne voyaient plus les tours.
Homeless : plus de noms, d'histoire, l'identité partie, chariots de feu dans les collines de la ville, tout au fond du brouillard, là-haut – quelque part.
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La guerre de Sécession terminée et la frontière ouverte à l'ouest, Custer avait pensé qu'un bon massacre d'Indiens lui donnerait une image de présidentiable : Lakota et Cheyenne l'avaient scalpé à Little Big Horn, lui et tous les soldats de son 7e régiment de cavalerie.
« Une autre vie ! », braillait Sam dans ses rebuffades éthyliques.
Car la terre des ancêtres était maudite. Il suffisait d'y grandir. Terres incultes, chômage endémique, l'alcool interdit mais tout le monde bourré du matin au soir ; une réserve, comme disaient les Wasichu. Sam avait vu son père se détruire sous ses yeux et n'avait rien fait pour l'en empêcher. Leurs ancêtres n'étaient pas de ceux qui avaient écrasé l'armée de Custer à Little Big Horn : non, Sam et son père étaient de ceux que ce même 7e de cavalerie reconstitué avait massacrés dix ans plus tard, à Wounded Knee, des centaines de Sioux oglala passés à la mitrailleuse au cœur de l'hiver, en majorité des femmes, des enfants et des vieillards qu'on avait achevés au sabre, pour se venger de l'humiliation. On disait que les « tuniques bleues » avaient éventré les femmes pour clouer leurs fœtus sur les tipis, qu'ils avaient achevé le vieux chef qui les guidait jusqu'au campement d'hiver ; ils l'avaient tué comme du bétail avant d'incendier leurs biens, leurs animaux…
Wounded Knee : Sam avait ce sang sur le visage.
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"Nous ne savions pas mentir : nous n'étions pas encore civilisés".
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Pauvreté, désœuvrement, alcool, chômage, fuite. À mettre dans l’ordre que tu veux… Mon histoire est tellement banale qu’elle ne vaut pas une ligne, dans aucun livre, ni même que je te la raconte. (p. 56)
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La journée, les défoncés dorment à l’ombre des bagnoles, les abris de bus, ils ne sont pas dangereux. C’est la nuit que sortent les zombis : anciens du Vietnam ou d’Irak, orphelins, maltraités, schizophrènes, débiles légers, ça déambule dès la nuit tombée ; aussi des groupes de femmes, celles qui souvent braillent le plus, des psychotiques jamais redescendus, des légumes confits et des ordures mouvantes, tête basse pour ne pas marcher sur un autre, une harde en haillons, à majorité noire… (p. 29-30)
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Les ouvriers dormaient dans des baraquements à distance des avenues touristiques, dans une banlieue morne où s'entassaient les précaires. Vegas, la ville du jeu. Le leur consistait à tenir en équilibre au-dessus du vide, à enfoncer les rivets géants à coups de marteau et à redescendre, cuits par le soleil, vivants. Après quoi, c'était la débandade - biture, herbe, héro, selon le degré d'ancienneté.
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