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4,06

sur 1550 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Peut-être est-ce parce que j'ai déjà lu plusieurs romans (policiers ou non) sur l'Argentine, peut-être est-ce parce que ce pays m'attire, peut-être suis-je trop exigeante en matière de romans noirs, peut-être est-ce parce que j'avais beaucoup aimé "Zulu", un autre livre de Caryl Férey, en tout cas j'attendais beaucoup de ce livre de cet auteur sur ce pays. Et souvent, c'est quand on espère trop qu'on est déçu. Ça n'a pas manqué en ce qui me concerne.

Or donc, nous avons d'un côté Jana, sculptrice appartenant au groupe ethnique des Mapuche, jeune et pourtant déjà salement meurtrie par la vie, squattant un hangar désaffecté à Buenos Aires. Quand Paula, son amie travestie, déboule paniquée parce qu'un autre trav' de ses amis a disparu, Jana décide de faire appel à un détective privé.

Et nous avons donc, de l'autre côté, Rubén, beau et ténébreux quarantenaire, rescapé des geôles de la dictature où il a été torturé alors qu'il était à peine adolescent. Depuis lors, il consacre sa vie à enquêter sur les exactions de la junte, ses victimes et ses tortionnaires. La disparition d'un travesti n'est donc pas son coeur de métier. Jusqu'à ce qu'il s'aperçoive que l'histoire que lui raconte Jana est liée à l'affaire dont il s'occupe au même moment, à savoir la disparition de la fille d'un riche entrepreneur, soutien financier d'un futur candidat à la présidence de l'Argentine. Et voici Rubén et Jana lancés dans une enquête dangereuse qui les amène à plonger dans le passé nauséabond d'un pays qui n'en finit pas de régler ses comptes avec lui-même.

Tout est très bien documenté, et si vous n'avez jamais rien lu sur l'histoire récente de l'Argentine, vous allez en prendre et en apprendre pour votre argent. Sur la dictature et son régime de terreur, les arrestations arbitraires, les tortures, les disparitions, les vols de la mort, l'appropriation des enfants de prisonniers par des familles proches du régime, la résistance des "folles" de la Plaza de Mayo, la mascarade de la Coupe du Monde de football 1978, la guerre des Malouines qui précipite la fin de la junte, la survivance, au-delà du retour de la démocratie, de certaines "amitiés" tissées pendant ces heures noires et qui continuent à mener la danse politique en coulisses.

Tout cela donne un thriller très sanglant et très violent, un peu trop même (rien à redire sur la cruauté avérée de la dictature, mais fallait-il faire dans la surenchère gratuite pour les péripéties de l'enquête actuelle ?). Et ce goût de "too much" ne s'arrête pas à la débauche d'hémoglobine, il concerne aussi le style : beaucoup de métaphores douteuses ou de formules alambiquées plombent le récit (il "riait avec l'élégance d'un semi-remorque sous la pluie", "la honte allait la déminéraliser", "Parise empoigna le corps avec des frissons de lépreux", "le monde était là, avec ses poumons de pétrole"...).

A ce thriller moyennement efficace et vraisemblable, l'auteur ajoute une histoire d'amour assez mièvre (trop de poésie massacre la poésie) et prévisible, et une sorte de vengeance par-delà les siècles des Esprits indigènes massacrés par les conquistadors espagnols. Et surtout il veut montrer qu'il connaît l'Argentine aussi bien qu'un autochtone, et nous sert, tout en parsemant son texte de mots en espagnol pour démontrer sa maîtrise du sujet, une foule d'informations sur, pêle-mêle, le foot, le tango, l'asado du dimanche, le vin argentin, le boeuf argentin, la pampa, la cordillère des Andes, l'immigration européenne au début du 20ème siècle, la crise financière des années 2000, la corruption, le milieu culturel de Buenos Aires. Et encore, le maté n'arrive que dans la deuxième moitié du bouquin. C'est intéressant, certes, mais dommage que ce soit plaqué sur l'histoire un peu artificiellement, façon extraits de pages Wikipédia insérés entre deux avancées de l'enquête, sans réel liant entre tous ces ingrédients. Un condensé d'Argentine en 550 pages, c'est ambitieux, mais pour moi ça n'a pas pris.

Bon j'arrête de faire ma mauvaise tête et je passe à autre chose.

PS : pour des histoires sur l'Argentine par des auteurs argentins, lire entre autres "Le baiser de la femme-araignée" (M. Puig), "Luz ou le temps sauvage" et "Double fond" (E. Osorio), "L'échange" (E. Almeida) ou "Les eaux troubles du Tigre" (A. Plante).
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Âpre, noir, plein de désespoir, reflet en cela de la situation dans laquelle se trouvent les Argentins depuis la crise économique, Mapuche est la quête de deux personnages, Jana et Rubén, qui cherchent la vérité sur deux histoires qui semblent éloignées de prime abord : la première, jeune femme Mapuche ayant connu beaucoup trop d'épreuves dans sa jeune vie, qui tente malgré tout de se reconstruire en devenant artiste plasticienne, veut savoir qui a tué Luz, son amie travestie, dont le corps a été retrouvé dans les eaux boueuses de la Riachuelo, tandis que le second, rescapé des geôles où il a été emprisonné et torturé pendant la Dictature alors qu'il n'était qu'un adolescent, devenu aujourd'hui détective privé spécialisé dans les disparitions liées à cette période, mène une enquête sur la disparition de Maria Victoria Campallo, la fille d'un riche homme d'affaire argentin, mêlé probablement à des affaires de corruption.
Ces deux affaires vont bien sûr rapidement se mêler, pour un voyage qui mènera ces deux personnages dans un enfer semé de morts, car si la Dictature est officiellement terminée, ses principaux acteurs sont toujours actifs et détestent que la boue soit remuée…

Mapuche est un roman noir, très noir, doublé d'un thriller redoutablement efficace. On est accroché par l'histoire, on craint pour ses personnages qui subissent ou créent les rebondissements de l'histoire, bref, on vit le roman, comme dans un film (Caryl Férey est également scénariste, et ça se sent).
Cary Férey réussit également l'exploit de raconter des pans de l'histoire argentine avec brio, pédagogie et engagement, sans jamais lasser, et d'une manière qui prend aux tripes (si on ne sait pas que l'auteur est français, on pourrait presque se demander s'il n'est pas argentin !). Cela va sonner terriblement naïf mais j'ai été effarée de découvrir l'ampleur des horreurs que la Dictature a fait subir au peuple argentin et que, même si cette période est proclamée « révolue », autant de gens continuent d'en souffrir au quotidien. Les pages dédiées aux Grands-mères de la place de Mai est magnifique, et amplement méritée tellement ces femmes sont courageuses et forcent le respect.

La seule chose qui m'a gênée, c'est le style de l'auteur, qui parfois n'est pas très bon. Certaines répliques sont un peu faiblardes, pas très crédibles, mal écrites et tranchent de ce fait assez avec le reste de l'ouvrage, créant une discordance pas très harmonieuse (mais cela va de mieux en mieux au fil des ouvrages que Caryl Férey publie). Mais cela n'empêche pas la lecture d'être très agréable, même si on est malmené par la noirceur de l'ensemble, et que je recommande vivement.


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J'étais assez impatiente de découvrir enfin un des célèbres polars de Caryl Férey dont j'ai entendu et lu tant d'éloges un peu partout. J'y ai vu l'occasion de me réconcilier définitivement avec le genre polar. Et puis, il faut dire que Caryl Férey s'est fait une spécialité de traiter des minorités et d'imbriquer ses histoires dans la grande Histoire, ce qu'il fallait donc pour m'attirer.
Avec Mapuche, c'est de l'histoire de l'Argentine qu'il s'agit, de la dictature des militaires, de la répression sur la population, des nombreuses disparitions, tortures d'opposants, enlèvements d'enfants.
Beaucoup ont déploré la grosse part accordée par Caryl Férey à la grande Histoire au détriment de son intrigue, ce sont pourtant les passages que j'ai préféré et je les ai trouvés bien plus passionnants que l'intrigue elle-même.
Cependant, je ne vais pas dire que j'ai appris beaucoup grâce à ma lecture car j'ai trouvé que c'était trop embrouillé pour que je puisse m'y retrouver. J'ai du me référer à des recherches sur internet pour y voir plus clair car, niveau chronologie des évènements, personnages, j'étais dans le flou. Néanmoins, c'est une excellente invitation à en apprendre plus et c'est bien ce que j'ai l'intention de faire.
J'ai apprécié aussi l'ambiance, l'atmosphère de Buenos Aires et des paysages argentins retranscrits par Caryl Férey. J'ai vraiment eu l'impression d'y être. Il brosse un portrait saisissant de la société argentine et particulièrement la plus pauvre, tout en faisant la corrélation avec l'histoire du pays et tout en montrant le décalage entre l'univers du touriste venu en Argentine et la triste réalité. Les problèmes et les enjeux liés à l'économie du pays sont également évoqués et expliqués ( notamment à propos du vin, de l'immobilier et du foncier). On sent que l'auteur s'est documenté et c'est très appréciable. ( et on a une bibliographie en fin d'ouvrage).

Maintenant, concernant l'intrigue, je peux vous dire que ma réconciliation avec le polar n'est pas pour tout de suite.
Les personnages sont stéréotypés à en pleurer.
Le héros principal qui est trop trop beau mais qui a trop trop souffert de la dictature, bouh hou hou !
L'héroïne principale, issue du peuple mapuche, qui a trop trop souffert des méchants occidentaux qui ont massacré son peuple et sa famille, bouh hou hou !
Mais ils vont s'aimer et faire l'amour comme des bêtes, ouaiiiiiiiiiiiis !!
Mais il y a les vilains méchants attention ! La vilaine grosse brute épaisse, il est pas beau, trop bête et il mange salement ( merci encore le cliché sur les personnes fortes automatiquement assimilées à l'image du porc qui se goinfre et qui n'a rien dans la tête) assisté du grand tout maigre ( « émacié » il faut dire, ça fait mieux) plus intelligent, froid et spécialiste de la torture.
Ajoutez à ça que nos héros mi-devins mi-magiciens vous font des déductions tout droit sorties de leur chapeau magique. le tout servi par un style que je n'ai pas apprécié du tout qui se la veut « cool » parce que c'est un polar yeah ! Faut faire rock n'roll ! Alors je n'ai rien contre mais là ça ne fait pas naturel.

Donc, plutôt déçue par ma lecture dont j'attendais beaucoup mieux. C'est d'autant plus dommage que le concept de Caryl Férey est excellent et original mais ça pèche selon moi au niveau du style et des personnages surtout. Mapuche reste néanmoins un assez bon divertissement mais ce n'est pas suffisant pour m'encourager à poursuivre avec cet auteur.

Lien : http://0z.fr/ez2sU
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Retour de lecture sur "Mapuche", un polar écrit par Caryl Férey et publié en 2012. Ce livre raconte l'histoire de Ruben, fils d'un célèbre poète assassiné dans les prisons de la dictature argentine, rescapé lui-même de ces mêmes prisons et de la torture. Il croise la route d'une jeune sculptrice Jana, issue du peuple indien Mapuche de Patagonie qui fut massacré par des colonisateurs, qui lui demande de l'aider et d'enquèter sur le meurtre crapuleux de son ami, un travesti nommé Luz. Ces deux personnages seront réunis dans une même douleur et révolte, pour mener une enquête dangereuse qui les emmènera dans le passé le plus sombre, le plus glauque de ce pays, les années de la dictature qui débutèrent en 1976 avec leur lot d'arrestations arbitraires, de tortures, de disparitions, d'appropriation d'enfants, etc…. L'auteur nous livre là un polar très noir, violent, sur un fond historique très dense et bien documenté. La violence, qui peut paraître exagérée, colle plutôt bien avec le propos et avec ce régime de terreur instauré par les généraux dans ces années. Ce livre, dépaysant, commence plutôt bien, l'intrigue semble assez intéressante, et on se laisse embarquer assez facilement dans cette histoire, même si elle est très sombre. Les références historiques sont elles aussi intéressantes, on a l'impression de voyager dans un autre pays, de découvrir son histoire récente et une autre culture. Mais cette bonne impression ne dure pas bien longtemps. Je n'ai absolument pas été convaincu par ce personnage principal, beau et ténébreux, la quarantaine, fils d'un grand poète du pays, qui est en même temps, excusez du peu, spécialiste en armes et en combats rapprochés. Sa faculté à sortir plusieurs fois vivant d'affrontements avec un groupe de barbouzes surarmés, sans scrupules, fait perdre une bonne partie de sa crédibilité à ce récit. Autant cela ne me gêne pas dans un livre de pur divertissement, pour lequel on sait qu'il vaut mieux débrancher son cerveau, autant dans ce cas c'est un peu décevant et place le livre dans un registre pas forcément attendu. le côté historique du roman s'essouffle également, et celui-ci devient de plus en plus invraisemblable au fur et à mesure qu'on avance dans le roman. L'auteur a tellement voulu intégrer d'éléments de l'histoire et de la culture Argentine; les généraux de la guerre des Malouines, les tortionnaires de la junte militaire, les politiciens corrompus, les mères de la place de mai, le développement d'une grande ville comme Buenos-Aires, le développement viticole, l'immigration, le foot, le tango, que même si ça nous renseigne sur le contexte global, c'est tellement intégré dans le récit de manière artificielle, que celui-ci perd toute crédibilité. On a la désagréable impression de lire un livre qui pourrait s'intituler “L'Argentine pour les nuls”. Une autre difficulté que Caryl Férey n'a pas surmonté est celle de rendre vraisemblable son histoire d'un point de vue temporel et géographique. Les personnages principaux arrivent à localiser des cadavres enterrés depuis plus de 30 ans dans la cambrousse, au milieu des Andes, sans indications précises, avec autant de facilité que si cela avait été dans le jardin du voisin. Tout le récit est basé sur un enchaînement de coïncidences assez improbable et tout le monde se retrouve toujours au bon endroit, au bon moment, un peu partout dans les quatres coins de cet immense pays qui fait cinq fois la France. Cela en devient presque risible dans la dernière scène. Il reste ensuite une histoire d'amour plutôt mièvre et le côté thriller, qui lui est plutôt efficace, entretient un certain rythme même s'il est souvent prévisible. Au final, un livre qui est donc assez agréable à lire et divertissant, mais qui reste quand même très moyen, et plutôt décevant, pour quelqu'un comme moi, très regardant sur la vraisemblance de l'histoire.

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"Les femmes s'étaient réunies devant l'obélisque, un lange de bébé sur la tête, le panuelo, comme symbole de leurs enfants volés.
Défiant ouvertement le pouvoir, les Mères réclamaient l'"apparition en vie" de leurs proches, refusant le deuil sur ce principe: les enfants étaient partis vivants et, aussi longtemps que les tortionnaires n'auraient pas avoué leurs crimes, ces "disparus" resteraient vivants."
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Fort, prenant, plein de haine, de colère, de douleur!!!.. comment des êtres humains peuvent supporter de vivre l'indicible, de subir la cruauté et la déshumanisation et continuer à se battre, à y croire.

Une belle leçon d'histoire et une plongée dans un enfer qui ne nous laisse pas indifférents.

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Mapuche est un roman fort, d'autant plus fort qu'il s'appuie sur des évènements réels, servis par une documentation précise, notamment l'enlèvement d'environ 500 enfants durant la dictature en Argentine :

« Parmi les cinq cents bébés volés durant la dictature, beaucoup n'étaient pas répertoriés à la BNDG, la banque génétique.

La plupart de leurs parents n'avaient jamais réapparu, pulvérisés à la dynamite, brûlés dans des centres clandestins, incinérés dans les cimetières, coulés dans le béton, jetés des avions : sans corps exhumés ni recherchés par les familles, ces enfants resteraient à jamais des fantômes.

On confiait les bébés à des couples stériles, proches du pouvoir, officiers, policiers, parfois même aux tortionnaires, faux documents à l'appui. » (p. 157)

Ces enfants n'ont pas accès à leur histoire, on leur a volée sans espoir de retrouver la vérité et la trace de leurs véritables parents. Caryl Ferey a imaginé qu'un microfilm existait répertoriant tous les renseignements sur ces enlèvements, et permettant enfin aux grands-mères d'espérer que la vérité soit révélée :

"Pas seulement la vérité sur ce qui était arrivé à leurs enfants et leurs maris : la vérité sur le disparition des trente mille personnes enlevées par la dictature, ce qu'on avait fait de leurs dépouilles, cette aprt volée de l'Histoire argentine." (p. 424)

Cela leur permet de commencer le travail de deuil, de combler les vides et d'espérer se reconstruire.

"Un pays sans vérité est un pays sans mémoire." (p. 425)

Jana et Ruben, réunis pour éclaircir la disparition d'un travesti et de la fille d'un des proches du pouvoir, vont rapidement relier ces disparitions à cette affaire des bébés enlevés, et comme les grands-mères, vont lutter pour que la vérité éclate, sans jamais abandonner. Ils iront jusqu'au bout de leur quête, au péril de leur vie souvent ! Les scènes de ce fait très violentes sont atrocement réalistes, comme pour mieux montrer que l'abandon et la demi-mesure n'est guère possible dans ce monde-là.

« Les Grands-Mères se battraient jusqu'à leur dernier souffle, sans esprit de vengeance mais sans pardon, ni oubli. « Ils ont peut-être réussi à tuer nos maris et nos enfants, mais ils n'ont pas réussi à tuer notre amour. » répétaient-elles. (p. 193)
Par contre quelques réserves :
Ames sensibles, s'abstenir, les scènes de torture sont… des scènes de torture ! Rien n'est édulcoré et c'est aussi ce qui fait la force de ce roman !

L'entrelacement entre l'histoire de l'Argentine et l'intrigue n'est pas totalement fondu, certains paragraphes arrivent en début de chapitres, comme une introduction quelque peu artificielle.

Le style oscille entre envolées lyriques presque naïves quand il s'agit de l'idylle des protagonistes et passages plus basiques, sans recherche particulière :

« Jana éparpilla ses lèvres sur sa bouche et se sentit fondre comme un bonbon quand il enroula sa langue à la sienne. » (p. 142) « Il lui avait donné le baiser le plus sensuel de sa vie, avant de la planter comme une conne, devant l'aviateur au sourire déboulonné. » (p. 169)

Ces petits défauts s'effacent néanmoins devant la puissance du sujet...
Lien : http://www.lecturissime.com/..
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C'est évidemment un bon polar. Primé.
Et Caryl Férey décrit avec brio toute l'horreur et la dureté, la violence de cet univers Argentin. Tout un pays maltraité, exsangue, anarchique et dictatorial, plein de douleurs et de vengeances...
Si dans une certaine partie de l'Europe Occidentale, on se vante de ne plus vivre de guerre depuis 45, partout ailleurs l'humain continue, d'une façon ou d'une autre. L'Argentine sans être en guerre, est en guerre. En tout cas encore à l'époque récente dans laquelle se déroule les événements du livre.
Les enfants volés, les parents volatilisés... Les peuples détruits... Les opposants détruits... Destruction partout.
Bref, l'écriture de Férey est incisive et sans aucune concession. C'est très réussi. le côté historique est sans doute juste, et on dirait que Férey est un local. (L'Argentine avait-elle besoin qu'un Français l'écrive...) (Enfin, soit, Férey est bon.)
Cela dit, après 200 pages j'avais ressenti l'essentiel et l'histoire en tant que telle ne m'a plus passionné. Je ne trouve pas que le thrill tienne. La façon de composer de Férey, avec quelques moments simultanés relaté-écrit nécessairement l'un après l'autre et qui se recroisent ne font pas un suspens haletant pour moi. C'est même une mécanique qui devient prévisible. Puis, surtout, ce n'est jamais qu'un enchaînement d'horreurs. Mais le livre en compte 549. du coup, les étoiles s'envolent aussi.
Je ne suis pas un fan de polar, je le rappelle.
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Férey écrit bien, Férey fait un travail de recherche incroyable, il y a de jolies tournures de phrases, une Histoire exhaustive des sujets qu'il traite, renseigné, impliqué, etc. Mais c'est toujours au dépend de ses personnages. C'est dommage, parce que si c'avait été le premier de lui que j'avais lu, j'aurais mis 4 étoiles - mais, entre Mapuche, Condor et Paz, je n'ai pas l'impression d'avoir vu des personnages réellement différents, des relations différentes, des schémas de personnages différents, même le type d'animaux domestique est le même à chaque fois.

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J'avais adoré Utu et Zulu. Mais, dans Mapuche, Caryl Ferey réutilise les mêmes codes et l'intrigue est, sur de nombreux points, semblable aux autres romans de l'auteur.
Une trentaine d'années après la dictature militaire argentine, un travesti est retrouvé assassiné dans les milieux interlopes de Buenos Aires. Jana, jeune sculptrice Mapuche, et son ami Paula, travesti qui vit avec sa mère dévote, se rapprochent du détective privé Rùben Calderon pour enquêter sur ce meurtre. L'enquête les mènera dans les déserts et les montagnes de l'Amérique latine, sur le passé de la dictature militaire et des enlèvements d'enfants institutionnalisés.
A l'instar d'Utu et Zulu, Mapuche joue sur une histoire nationale trouble, des clivages sociaux exacerbés et sur la dénonciation des 'élites" en place.
J'ai été déçu par Mapuche car il ne m'a pas surpris. J'ai eu l'impression de relire un remake des autres romans de Ferey.
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Mapuche, raconte la rencontre entre deux êtres cassés par la vie sur un fond d'enquête policière/amoureuse. Les deux héros, subtilement bien écrits, gravitent dans une société gangrénée, dans des milieux rejetés. A la différence des très nombreux thrillers policiers qui inondent les rayons, Mapuche a le mérite de sélectionner un pays peu représenté (l'Argentine) et de nous en faire un portrait glacial. Rapt d'enfant, police corrompue, peuple indigène supprimé… L'histoire suit son cours habilement, avec son lot de facilités et de violence, mais le roman a le mérite d'être historiquement intéressant
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