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Critique de Fandol


Rentrée littéraire 2023.

Être en train de lire le dernier roman de Caryl Férey, Okavango, et me retrouver devant l'auteur intervenant pendant les Correspondances de Manosque, ce fut un moment privilégié, émouvant et très instructif à la fois.
Après Mapuche, Zulu, Condor, Paz, Lëd et Norilsk, me voilà à nouveau captivé par l'écriture de Caryl Férey. Non seulement, il fait preuve d'imagination, sait ménager le suspense, intriguer, émouvoir aussi mais, en plus, il nous rappelle le drame de la disparition des animaux sauvages dans cette Afrique qui fut le berceau de notre humanité.
Autour de John Latham et Solanah Betwase, il bâtit une histoire passionnante qui se passe principalement en Namibie en y incluant la KaZa (Conservation transfrontalière du Kavango-Zambèze). Cinq pays sont concernés : l'Angola, la Namibie, le Bostwana, le Zimbabwe et la Zambie et cela devrait protéger la faune sauvage tout en favorisant le tourisme…
Quand débute Okavango, du nom de ce fleuve qui se termine par un delta sans se jeter dans une mer ou un océan mais dans le désert du Kalahari, je suis dans la réserve Wild Bunch appartenant à John Latham dont le passé sera révélé au fil des pages.
En Afrique australe où, depuis le milieu du XXe siècle, quand ont été créées les premières réserves, le braconnage n'a pas cessé, bien au contraire. Les rhinocéros et les éléphants en sont les premières victimes pour le commerce de l'ivoire mais lions, panthères, guépards et bien d'autres ne sont pas épargnés pour… le plaisir d'afficher un tableau de chasse qui devrait faire honte à leurs auteurs.
Comme nous l'affirme avec humour Caryl Férey, les Asiatiques, principalement, sont persuadés que la corne de rhinocéros peut raffermir leur virilité alors que ces cornes sont constituées de kératine que l'on trouve tout simplement dans nos ongles, nos cheveux…
Tout en suivant le travail de Solanah, ranger à Kundu, l'auteur distille quantité d'informations sur la vie des peuples San ou Bochimans, Khoï (hommes du désert) et autres ethnies, des gens vivant dans la misère et prêts à tout pour gagner un peu d'argent. Ils sont une proie facile pour les trafiquants comme ce Rainer du Plessis et ses sbires qui s'enrichissent honteusement tout en détruisant la vie en Afrique australe.
Il se trouve que le corps d'un jeune Ovambo vient d'être découvert à Wild Bunch. Cela déclenche aussitôt une enquête de la part des rangers de Rundu et c'est Solanah qui s'en occupe Elle vient au lodge interroger N/Kon, l'intendant de John, pas bavard. Justement, John Latham est là et ne laisse pas Solanah insensible. Ici, Caryl Férey, comme à son habitude, livre des descriptions claires, détaillées, précises.
Pour préserver sa réserve du braconnage, John a fait installer un système de vidéo surveillance sophistiqué mais, bizarrement, il semble y avoir quelques lacunes. Les rapports compliqués entre les divers protagonistes de l'histoire et les malheurs causés aux animaux par la concupiscence des hommes et leur goût immodéré pour les plaisirs factices causent beaucoup de péripéties.
Cette lecture addictive d'Okavango me mène de surprise en coup de théâtre, de révélations surprenantes en scènes d'amour relaxantes mais je n'oublie pas les trafiquants, ce fameux Scorpion qui tire les ficelles sans le moindre scrupule, sans aucun respect pour la vie, animale ou humaine.
Okavango est vraiment un magnifique roman qui va bien au-delà du thriller car il comporte une part importante destinée à ouvrir les consciences grâce aux précisions détaillées données par l'auteur. C'est intense, prenant, palpitant comme cette scène émouvante de l'accouchement du bébé rhinocéros avec l'aide de John !
Caryl Férey apporte aussi d'intéressantes précisions sur la réalité de la vie agricole en Namibie, les rapports entre les éleveurs et les animaux sauvages – tiens, cela me fait penser à quelques polémiques qui agitent régulièrement l'actualité de nos régions… Il souligne aussi le rôle de l'Afrique du Sud de l'apartheid dans ces pays d'Afrique australe. Il offre même une visite intéressante de Windhoek, la capitale de la Namibie.
Pour vivre au plus près de la nature, des moeurs des animaux sauvages, partager aussi la vie des gens qui peuplent depuis longtemps ces contrées et surtout, vibrer jusqu'à la dernière ligne d'un final palpitant : lisez Okavango !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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