Facilement lu, ode à la musique, à la passion, au génie, à la folie et à Venise, ce récit ne s'oublie pas facilement. Je l'ai admiré et aimé à la fois.
La simplicité de l'intrigue fait partie de sa beauté. En 45 chapitres, aussi courts que de la poésie en prose, l'auteur évoque la vie d'un violoniste de génie, resté méconnu, Johannes Karelsky, qui n'eut jamais d'autre but dans l'existence que de changer sa vie en musique.
En 1795, à trente et un ans, il atteignit la plénitude de son art. Il lui restait trente et un an à vivre.
Son seul but dans l'existence était de composer un opéra si sublime qu'il s'adresserait au ciel et parlerait à Dieu.
Enfant prodige jusqu'à ses dix-sept ans, il fut exhibé devant toutes les cours d'Europe mais à la mort de sa mère, lassé de cette vie de singe savant, il se fixa à Paris où il dut enseigner le violon pour se consacrer à la composition de son oeuvre personnelle. Les guerres napoléoniennes le rattrapèrent. Il devint soldat malgré lui, reçut une terrible blessure, fut sauvé par une cavalière à la voix d'ange mais des soldats brisèrent son violon.
Ce fut la fin de la première partie de sa vie.
L'intermède le plus heureux se passa à Venise où l'armée française pénétra le 16 mai 1797. Ce n'était pas une simple ville pour lui mais un songe posé sur le bord de la mer , un endroit des plus silencieux où il resta six mois, un lieu béni pour retrouver la musique.
Sa chance fut d'être logé chez Erasmus, le meilleur luthier de son époque, élève , à Crémone, du fils de Stradivarius qui disait posséder trois choses lui procurant trois dons exceptionnels: un violon noir, au son étrange, un échiquier magique et une eau-de-vie hors d'âge.
Ils devinrent amis. Ils avaient aussi en commun d'avoir entendu une même voix de femme extraordinaire qui suffisait à leur bonheur.
Le reste de l'histoire dépend de cette relation entre deux artistes, deux artisans de génie qui ne vivaient que pour leur art, dans le dénuement le plus quotidien et des rêves magiques les rendant fantastiquement heureux.
La fin aussi est particulièrement simple et superbe.
Encore une fois, j'ai beaucoup aimé cette lecture.
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