Après
Neige, que j'avais apprécié, j'ai été très déçue par
Zen qui m'a laissée de marbre pour une partie et m'a gênée voir énervée pour d'autres.
Je déteste la banalisation et validation a posteriori de ce genre de choses:
"La jeune femme est à quelques pas de lui, allongée sur un futon. Seul un drap rouge recouvrant son corps la préserve de la nudité. [...]
Le souffle court, il s'allonge à côté d'elle, pose sa main sur son épaule, qu'il caresse du bout des doigts. Sa main remonte jusqu'à son cou, épouse sa gorge, puis redescend délicatement jusqu'à l'échancrure de ses seins.
Yuna se réveille soudain. Elle est parcourue de frissons. Premiers émois du désir.
Et se tourne vers Maître Kuro :
- Je vous attendais, dit-elle."
On ne vient pas toucher et caresser les seins d'une personne endormie. le "maître" est revenu, il vient là où dort son élève et lui tripote les seins dans son sommeil... ce n'est pas sexy, ou romantique, c'est la description d'une agression sexuelle; mais bien sûr, comme d'habitude, c'est validé après l'action (ah bah finalement elle était d'accord...) ce qui contribue à renforcer ce modèle de culture du viol, de non consentement, etc.
Il y a aussi ce passage qui me pose problème:
"- Pour aujourd'hui, je vais vous demander de délaisser vos pinceaux, et de rester agenouillée, dans un silence absolu, le plus longtemps possible.
|...]
Yuna obéit aussitôt.
Et reste ainsi.
Face au maître.
Dans une immobilité parfaite.
Jusqu'à la nuit tombée.
[...]
La jeune femme acquiesce. Malgré la souffrance de son corps meurtri par des heures de position agenouillée, elle ne se plaint pas. Ni jérémiades ni apitoiement, mais la volonté inflexible d'apprendre. "
et
"Ni rien avouer, jamais, de la faiblesse humaine. "
Ici, l'auteur valorise l'humiliation, l'emprise, la torture (soumission librement consentie). le maître, puissant, impose le silence et la non-écoute du corps. le fait de parler, de dire sa douleur aurait été des "jérémiades".
Je trouve ça profondément malsain et dangereux.
Pour résumer, beaucoup trop de choses problématiques dans un si petit livre. Pour moi ce n'est pas un hymne "à l'art, à la beauté et à l'amour" (comme suggéré sur la couverture), mais plutôt à la violence, l'emprise, et la maltraitance.