La course à l'abîme

Etre persuadé qu'une seule vérité existe, voilà la source de toutes les erreurs.

Un tableau, ajouta mon grand-père ( et je me souviendrais de cet argument pour ma défense quand on accuserait les miens d'impiété), légitime des interprétations quelque fois radicalement divergentes. Plus le tableau est riche, plus le Diable et le bon Dieu ont le plaisir à y cohabiter.

Etre tué avec éclat, qui s'en plaindrait ? Mais tomber inconnu sous une main anonyme, c'est le sort des veaux.

Pas d'accomplissement en dehors du crime, ni d'autre apothéose que dans l'abjection.

Le seul amour qui compte est celui qu’il faut mériter, qui est remis tous les jours en question, qui peut manquer d’un moment à l’autre

L'amour est un pacte qu’il faut renouveler tous les jours, un accord qu’il faut mettre sans cesse à l’épreuve, un bonheur qu’on doit mériter par un effort constant sur soi-même.

L'étable de la Nativité? Chez tous les peintres, sans exception, elle ressemble à la sacristie d'un évêque, bien balayée, bien entretenue, plus qu'elle n'a l'air d'un appentis de campagne où le bœuf à côté de l'âne se vautre dans la paille et la crotte.

Le mot économies n’est pas moins inconnu. Placer son argent passerait pour une folie. Il n’y a pas de banques à Naples, parce que ne pas dépenser tout ce qu’on a, tout de suite, mettre de côté, thésauriser ne viendrait à l’esprit de personne.

L'Amour renverse et piétine toutes les activités qui ne sont pas l’exercice et le triomphe du sexe.

On perd d’autant plus son âme qu’on essaie de la sauver, et on la sauve plus sûrement par la franchise d’une saine débauche que par les grimaces d’une fausse dévotion.