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Citations sur La dame de chez Maxim (4)

PETYPON (qui est resté médusé sur place, les yeux fixés sur le canapé et récapitulant) : Elle m’a embrassé dans mon lit !… et je dormais sous le canapé !…
MONGICOURT (dans le même sentiment que Petypon) : Oui !
(L’air concentré, il prend de la main droite la chaise qui est près du canapé et l’amène devant lui.
PETYPON (avec un hochement de la tête) : Comment expliques-tu ça, toi ?
MONGICOURT (écartant de grands bras) : Je cherche ! Il enfourche la chaise et, à califourchon dessus, se met à méditer en se tenant le menton.
PETYPON (brusquement, se laissant tomber sur le canapé) : Mon Dieu ! Est-ce que je serais somnambule ?
(Ils restent un moment dans cette pose méditative, le dos tourné l’un à l’autre, Petypon face à l’avant-scène gauche, Mongicourt à l’avant-scène droite. Tout à coup un long et bruyant bâillement se fait entendre venant de la pièce du fond.)
LA VOIX : Ahouahouahahah !
PETYPON (tournant la tête vers Mongicourt) : Qu’est-ce que tu dis ?
MONGICOURT (tournant la tête vers Petypon) : Moi ? j’ai rien dit !
PETYPON : Tu as fait "ahouahouhahouhah" !
MONGICOURT : C’est pas moi !
PETYPON : Comment, c’est pas toi !
LA VOIX (nouveau bâillement) : Ahouhahah ! aah !
PETYPON (se levant et se tournant dans la direction d’où vient le bruit) : Eh ! tiens !
MONGICOURT : se levant également en enjambant sa chaise. — Eh ! Oui !
LA VOIX : Aouh ! ah ! ouhah !
PETYPON : Mais ça vient de ma chambre !
MONGICOURT : Absolument !
PETYPON (tout en se dirigeant, suivi de Mongicourt, vers la tapisserie du fond) : Je ne rêve pas !… il y a quelqu’un par là !…
(Simultanément ils écartent les deux tapisseries. Petypon en tirant celle de gauche, côté jardin, Mongicourt celle de droite, côté cour. Chacun d’eux fait un bond en arrière en apercevant, couchée dans le lit, en simple chemise de jour, une jeune femme au minois éveillé, aux cheveux blonds et coupés court.)
PETYPON et MONGICOURT : Ah !
LA MÔME (se dressant sur son séant et sur un ton gamin) : Bonjour, les enfants !
PETYPON (ahuri) : Qu’est-ce que c’est que celle-là ?
MONGICOURT (tombant assis, en se tordant de rire, sur la chaise à droite et contre le chambranle de la baie) : Eh ! ben, mon vieux !… tu vas bien !
PETYPON (les cheveux dressés et affolé, au pied du lit) : Hein ! Mais pas du tout !… Qu’est-ce que ça veut dire ?… (À la Môme.) Madame ! Qu’est-ce que ça signifie ?… D’où sortez-vous ?…
LA MÔME (d’une voix amusée) : Comment, d’où que je sors ? Eh bien ! tu le sais bien !
PETYPON (indigné) : Mais je ne vous connais pas !… mais en voilà une idée !… Pourquoi êtes-vous dans mon lit ?
LA MÔME : Comment, pourquoi que j’y suis ?… Non mais, t’en as une santé !… (À Mongicourt.) Dis donc, eh !… l’inconnu ! Il me demande pourquoi que j’y suis, dans son lit !
MONGICOURT (se tordant) : Oui !… Oui !
PETYPON : Mais, absolument ! Quoi ? J’ai le droit de savoir… (Furieux, à Mongicourt.) Mais ne ris donc pas comme ça, toi ! c’est pas drôle ! (À la Môme.) Qui êtes-vous ? Comment êtes-vous ici ?
LA MÔME : Non, mais on se croirait chez le juge d’instruction !… Qui que je suis ?… Eh ! ben, la môme Crevette, parbleu !
MONGICOURT : La danseuse du Moulin-Rouge ?
LA MÔME (de son lit, donnant une tape du plat de la main sur la joue de Mongicourt) : Tu l’as dit, bouffi !

Acte I, Scène 4.
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PETYPON.
vivement.
Hein ?… Madame, euh !… (S’arrêtant court, puis bien froidement.) Madame Mongicourt.
LE GÉNÉRAL.
Ah ! C’est ça !… Oui, oui ! "Mongicourt. ! (Répétant) "Mongicourt ! Je penserai à "gilet".
PETYPON.
le regardant étonné.
A "gilet" ?
LE GÉNÉRAL.
Oui !… "Mon-gilet-est-trop-court"… "Mon-gilet-est-court"… "Mon-gilet-court"… "Mongicourt ! " (Un temps.) J’arrive au nom comme ça.
PETYPON.
Ah ! oui !… (Un temps.) Maintenant, est-ce que vous ne croyez pas que vous auriez plus vite fait de vous rappeler « Mongicourt » tout bonnement ?
LE GÉNÉRAL,
dégageant à gauche.
Oh ! la ! la ! Oh ! non !… Non !… c’est trop compliqué !
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PETYPON.
énergiquement sentencieux.
Les paroles ne signifient rien ! C’est l’intonation qui fait tout !… (Changeant de ton.) Tu lui as peut-être dit ça d’un air provocant ! (la voix doucereuse, l’oeil en coulisse, imitant censément sa femme.) "Je vais voir… (Oeillade raccrocheuse.) si on monte mes malles…" (Nouvelle oeillade à blanc, puis, voix ordinaire.) On peut tout dire avec la voix !… Et c’est souvent quand on ne dit rien que l’on dit le plus de choses !
MADAME PETYPON,
presque larmoyante.
Mais je t’assure que rien dans ma voix !…
PETYPON,
grandiloquent.
Allons donc ! comme il n’y a pas de fumée sans feu… il n’y a pas de feu sans allumage !
MADAME PETYPON,
même jeu.
Je te jure, Lucien, que je n’ai rien allumé !
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ETIENNE.
Ah ! c’est que j’avais entendu : "noceur" !
MONGICOURT.
redescendant même place.
Pardon ! j’ai ajouté. "de carton".
ETIENNE.
Mais, ni de carton, ni autrement ! Ah ! ben, on voit que monsieur ne connaît pas monsieur ! Mais je lui confierais ma femme, monsieur !
MONGICOURT.
Aha ! Vous êtes marié !
ETIENNE.
Moi ? Ah ! non alors !… Mais c’est une façon de parler !… pour dire que s’il n’y a pas plus noceur que monsieur !…
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