Endossant de manière fort crédible la vie d'une enfant de 10 ans dans les Samoa Occidentales,
Sia Figiel dépeint une société assez éloignée des images paradisiaques d'îles au bout du monde. En l'occurrence,
Sia Figiel se rapproche des reportages sur les aborigènes d'Australie ou de Nouvelle-Zélande.
Entre alcool, consanguinité, inceste, fausses couches, atouchements, décrochage scolaire, chômage, violences intrafamilialles, Samoana, le personnage principal du roman, parle de son vécu, de ses angoisses, de ses peurs, de ses rêves (un peu...). Ce n'est pas toujours très facile d'avancer dans les affres du désespoir d'un peuple. On a fait tout (comme pour les aborigènes) pour que ce peuple déraille. La scène où Samoana et sa meilleure amie "font passer" le foetus de cette dernière, cadeau de "l'homme aux cornets de neige" qui tripotent les gamines en échange de glaces gratuites... n'est pas particulièrement gaie. Et
Sia Figiel adopte avec brio le parler et l'optique d'une gamine de 10 ans, qui n'est plus vraiment une gamine depuis longtemps.
D'autres scènes dépeintes au premier degré émaillent le roman. Les corrections au ceinturon. L'avortement d'un bébé issu d'un inceste. L'alcool mauvais.
Personnellement, j'ai beaucoup apprécié. Même les mots de samoan qui parsèment (largement) le récit ne m'ont pas gêné. On trouve sur le net des sites de vocabulaire, ce qui permet de s'y retrouver (parfois, un peu). Un petit glossaire aurait sans doute été bienvenu, mais cela n'est pas particulièrement rédhibitoire. Une chouette autrice, en tout cas, même si j'avais davantage apprécié
le tatouage inachevé.