AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,34

sur 64 notes
5
4 avis
4
11 avis
3
5 avis
2
4 avis
1
0 avis
DoggerlandElisabeth Filhol

La tempête Xaver vient d'aborder l'archipel des Hébrides, au nord-ouest de la Grande-Bretagne et va traverser l'Ecosse, le Norfolk en direction de la Scandinavie (cette tempête de 2013 a réellement existé et a fait de nombreux dégâts à l'instar de celle que nous avons connue en France en 1999).

Le Doggerland était une grande île, il y a de ça huit mille ans et elle s'étendait au milieu de la mer du Nord aujourd'hui enseveli sous cinq à dix mètres de dépôts marins.

Après un reportage sur le sujet, l'auteure a choisi d'écrire un livre où elle fait naître Margaret, géologue, et Marc cadre dans l'industrie pétrolière. Tous deux doivent se rendre à un congrès, mais c'est sans compter les trois jours d'états-d'âme sur leurs vies et sur la dégradation du climat.

La mer terrasse l'histoire et les éléments incontrôlables qui viennent s'emboîter avec leurs parts sauvages et dévastatrices. Un livre qui peut faire penser à faire bouger les choses dans la douceur du mois de décembre dernier et des vents assoiffés de conquête.

Je décrirai ce livre d'un roman-étude tant il décrit un phénomène d'actualité avec du vocabulaire adapté. Malheureusement, le narratif prédomine avec des explications qui prennent le dessus et perdent parfois l'histoire des protagonistes dans de longues phrases interminables. Néanmoins, on retrouve sur la fin des échanges plus chaleureux.
Commenter  J’apprécie          20
La Mer du Nord comme vous ne l'avez jamais lue ...
Il est des lectures qui vous laissent avec l'impression d'être, pendant quelques heures, un peu plus intelligent.
Doggerland est de ces bouquins.
La magie du titre choisi par la française Elisabeth Filhol évoque celle des litanies hypnotiques des bulletins de la météo marine : Humber, Fisher, German, Dogger, …
Le Dogger Bank c'est en effet ce gigantesque banc de sable entre Ecosse et Pays-Bas, vestige des moraines glacières d'il y a quelques milliers d'années : vingt mètres de fond seulement, convoités par les chalutiers jadis, par les compagnies pétrolières aujourd'hui et demain par les planteurs d'éoliennes géantes.
Un territoire régulièrement chahuté par les tempêtes hivernales comme celle de décembre 2013, Xaver, que l'on va suivre tout au long de ces pages.
Attention tout de même : qu'elle nous explique les phénomènes scientifiques à l'oeuvre ou qu'elle explore les sentiments de ses personnages, Elisabeth Filhol est bien fidèle à sa tête de premier de la classe et sa prose est donc exigeante qui allonge de longues phrases, parsemées de détours explicatifs et de virgules respiratoires, enrichies d'argumentations et de circonvolutions qui finissent par former une savante musique à laquelle il faut habituer notre oreille, par composer un rythme que notre oeil doit apprivoiser.
Comme le grand tableau noir où la craie fiévreuse du scientifique gribouille et enchevêtre des formules interminables et complexes mais d'où soudain émerge la compréhension.
Avec cet étrange roman, entre fiction scientifique et romance amoureuse, Elisabeth Filhol tente de faire revivre l'Atlantide du nord ...
C'est aussi un bouquin à ranger dans notre rayon cli-fi (climate-fiction) histoire de nous habituer peu à peu, à l'inexorable montée des eaux qui ont déjà submergé nos lointains ancêtres du Doggerland.
Pour celles et ceux qui attendent la fin du monde.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.com/..
Commenter  J’apprécie          30
Ouvrir Doggerland d'Elisabeth Filhol et voir d'abord ce mot, Dogger, qui évoque les bulletins de météo marine.
Puis le Doggerland, cette terre immergée entre l'Angleterre et le Danemark qui était très certainement habitée il y a quelques 8 millions d'années.
Enfin, cet avis de tempête en mer du Nord, et la rencontre improbable de deux personnes qui se sont perdues de vue depuis trop longtemps.

Margaret et Marc doivent se rendre à un congrès annuel d'archéologie sous-marine. Ils ne se sont pas revus depuis 22 ans, lorsque Marc avait quitté Margaret de façon assez abrupte. Depuis, leurs vies se sont déroulées chacun de leur côté, mariage et enfant pour l'une, travail, voyages et fuite en avant pour l'autre. Chacun sait que l'autre sera présent, chacun redoute, espère ou craint la rencontre improbable qui va forcément arriver.

L'auteur a une façon incroyable de nous plonger dans cet avis de tempête et de nous immerger autant dans les strates qui composent le sous-sol de la mer du Nord que dans les couches successives qui composent également la vie de ses deux principaux protagonistes. Croisement de deux vies, mais avant tout explications techniques, descriptions sur le climat, la géologie, l'économie, l'exploitation des hydrocarbures, puis, comme en analogie subtile, l'exploitation des sentiments, la façon dont ils émergent ou se perdent à jamais. Décisions, destin, choix, comment chacun compose du mieux qu'il peut et avance.

chronique complète en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/07/22/doggerland-elisabeth-filhol/
Lien : https://domiclire.wordpress...
Commenter  J’apprécie          40
Un livre passionnant où se mêlent la poésie, la science et la croyance sous la plume d'une très grande romancière. Elisabeth Fiilhol après le succès de la Centrale récidive. Une nouvelle fois la dégradation de l'environnement, au coeur du livre, ne détruit pas la passion des hommes mais au contraire l'entretient. Je me suis laissé entrainer en Écosse, à St Andrews, dans les traces régulières de Margaret et de Stephen. J'ai partagé le stress de Marc, la richesse de la vie mesurée en adrénaline. J'étais là quand ces géologues expliquaient comment la région de l'Europe du Nord s'est transformée depuis l'ère primaire jusqu'à nos jours. J'ai traversé à gué le Doggerland, pour rejoindre le Jutland. J'ai rêvé et imaginé le tsunami dans le lointain, sa force de destruction, jusqu'à ce que cette image me transporte au musée ; alors je sus que je ne rêvais pas.
Commenter  J’apprécie          90
Tempête sur cotes de la mer du Nord et dans les têtes. Je reste un peu sur ma faim mais l'écriture est belle et les sentiments exprimés résonnent en moi.
Commenter  J’apprécie          50
Une lecture intéressante et originale pour le sujet. La géologie est bien présente, les conséquences des ravages de l'exploitation pétrolière , sont expliquées.
Le début est assez dynamique puis un grand vide oups j'ai pas tout compris, mais j'ai tenu bon et je me suis émerveillée par l'épilogue.
C'est certain ce n'est pas un roman qu'on peut lire comme tant d'autres. Il faut avoir un brin d'intérêt pour le sujet ou être comme moi curieuse de découvrir un terrain inconnu. Pourquoi vous connaissiez vous le Doggerland ? ben pas moi ! une sorte Atlantide de la mer du Nord. Combien de terres sont englouties dans les profondeurs des mers et océans ? Nul ne le sait.
Un peu déçue car j'aurai voulu en savoir plus sur cette terre disparue. Trop peu à mon goût et trop de blabla sur la vie des autres sans grand intérêt.
Commenter  J’apprécie          190
Il y a 3 personnages dans ce roman. Margaret est une scientifique, académique, qui étudie les sols dans une perspective archéologique. Marc est un géologue français qui étudie les sols sous-marins, mais pour y trouver du pétrole. Xaver est une tempête qui va balayer le nord de l'Europe du 5 au 7 décembre 2013. C'est à ce moment que Margaret et Marc doivent se rendre séparément à une conférence à Esbjerg au Danemark. Séparément, car Margaret est mariée à Stephen. Marc est célibataire. Il n'a jamais vraiment oublié Margaret, dont il était amoureux fou 20 ans plus tôt.

Ecosse-Danemark, c'est le trajet de Xaver. C'est aussi celui de Margaret. Et c'est le point de chute de Marc.

Ces trois jours sont mis à profit par les deux protagonistes pour repenser au passé et à ce qui pourrait peut-être encore se produire. On découvre peu à peu le rôle "protecteur" joué par le frère de Margaret qui a éloigné Marc. Xaver joue le rôle (en 2013) de déclencheur, de rapprocheur, via des éléments d'un passé encore plus lointain... Il y a 8000 ans, la mer du Nord était une île, une plaine fertile, que les scientifiques nomment Dogger Bank ou Doggerland. Maintenant, c'est un champ de plates-formes de forage sur un des gisements les plus importants du monde.

Et si un séisme d'amplitude importante venait frapper cette région? Cela provoquerait un tsunami d'une force comparable à celui qui a dévasté la plaine habitée 8000 ans plus tôt...

Ce sont tous ces éléments qu'Elisabeth Filhol tente de mettre ensemble de manière cohérente. L'écriture en narrateur omniscient (ou presque) rend la lecture pesante, ampoulée et confuse la plupart du temps. Les meilleurs passages, vifs et rythmés, sont ceux constitués de dialogues. Mais ils sont rares. Au final, sur une bonne idée, avec un gros travail de recherche de l'auteure (on apprend plein de choses, clairement), on a un roman poussif et peu emballant, fort peu original, centré sur deux personnes qui s'aiment et se sont quittées 20 ans plus tôt sans aucune raison (et se retrouvent sans aucune raison non plus).
Commenter  J’apprécie          50
Après avoir inscrit son premier roman La Centrale au coeur de l'industrie nucléaire, Élisabeth Filhol nous livre cette fois avec Doggerland une saga géologique.
Doggerland est le nom donné par les géologues à l'étendue de terre qui, il y a plus de huit mille ans, se situait dans la moitié sud de l'actuelle mer du Nord, reliant la Grande-Bretagne au reste de l'Europe.
La dernière grande île du Doggerland aurait été inondée suite à un glissement de terrain qui s'était produit en Norvège, suivi d'un tsunami immergeant brutalement, définitivement, forêts, marais, animaux et hommes, toute une civilisation.
À la fin de ses études, dans les années quatre-vingts, Margareth, géologue, a choisi ce territoire mystérieux, comme sujet d'études. Quant à Marc Berthelot, très lié à Margareth, il a brutalement quitté le département de géologie pour être ingénieur pétrolier sur les plateformes offshore.
Vingt ans après, une occasion de se revoir, se présente à eux, lors d'un congrès à Esbjerg, au Danemark. Mais la tempête Xaver, véritable ouragan va s'inviter également en déboulant sur l'Europe du nord.
C'est un roman où sont présents la géologie bien sûr mais aussi la physique, la préhistoire, l'économie, l'écologie, un roman politique. En évoquant cette terrible tempête, l'auteure souligne les immenses dangers que court notre planète et met en question le développement à outrance des plateformes pétrolières, des ressources naturelles, des parcs éoliens pour des profits financiers ne tenant nullement compte des terribles menaces environnementales. Ce qui relie les personnages de ce roman, ces scientifiques, c'est leur fascination pour ces mondes disparus ou en danger de l'être, et leur dépendance vis à vis des géants du pétrole. Mais ce qui plane d'un bout à l'autre de Doggerland, c'est vraiment la menace pour notre planète.
Ce livre m'a beaucoup appris sur ce fameux territoire qu'était le doggerland et j'ai trouvé judicieux et réaliste de faire côtoyer chercheurs géophysiciens et ingénieurs de plateformes pétrolières. Il permet également une approche de la réalité basée sur une formidable précision documentaire. Élisabeth Filhol nous offre un fascinant thriller scientifique dans lequel j'ai cependant parfois trouvé quelques longueurs

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          715
Voilà un livre qui m'a donné un très vif plaisir de lecture cet été.
Un livre foisonnant, avec plusieurs couches successives, à l'image du paysage qui donne son titre au roman.
Mais commençons par les personnages principaux : ils sont deux. Deux personnages principaux qui vont occuper le devant de la scène : Margaret, l'écossaise et Marc, le français.
Elle, c'est Margaret. A la fin de ses études, elle s'est dirigée vers une voie très particulière : géologue, elle se passionne pour la Mer du Nord et ses hauts fonds qui, il y a encore 8000 ans, était une terre émergée, habitée, une île presque aussi grande que la Sicile. Les archéologues lui ont donné un nom : le Doggerland.
Lui c'est Marc Berthelot. Un Français qui a fait ses études de géologue à Aberdeen avec Margaret. Mais attiré par le nouvel eldorado que constitue les réserves pétrolifères de la Mer du Nord, à une époque où l'exploitation des hydrocarbures en mer du Nord est à son apogée, il a suivi une voix radicalement différente.
Et puis tout de suite, dès l'introduction, le paysage surgit. Parce que la nature, les « éléments » comme on les appelle souvent, ne sont jamais très loin dans les romans d'Élisabeth Filhol. Et là, dès ce premier chapitre mené tambour battant, c'est une tempête – baptisée « Xaver » - qui va se déchaîner sur cette Mer du Nord, une mer qui s'étire d'Aberdeen en Écosse où habite Margaret avec son mari Stephen, et un peu plus loin son frère Ted, météorologue jusqu'à Esbjerg, une petite ville danoise située dans le sud-ouest de la péninsule du Jutland, où est supposé se dérouler le Colloque qui est censé permettre à Marc de retrouver Margaret.
Tout au long de ce récit on va suivre l'épisode météo d'une exceptionnelle intensité, comme un contre-chant à l'aventure de Margaret et de Marc, sur qui le récit va porter successivement.
On épouse tout d'abord le point de vue de Margaret, qui est une femme équilibrée, carrée, bien campée et qui suit son chemin : à une époque où personne ne s'intéressait à cette zone émergée, Margaret a réussi à en faire un sujet d'enquête solide. Ancrée à Aberdeen, une ville dont l'auteure va nous livrer un portrait saisissant, on l'imagine très bien dans ses habits un peu démodés.
Une chance, d'ailleurs, cette grande tempête. Conjuguée à de forts coefficients de marée, des professionnels ou de simples amateurs entament leurs recherches « là où l'épaisse couche de sable qui les recouvrait la veille a été emportée, des forêts apparaissent ». Mais une malchance aussi. Faut-il écouter les conseils de son frère Ted, omniprésent sur les écrans des télévisions des chaînes d'info continues pour suivre la progression de « Xaver » ? Les retrouvailles lors du colloque pourraient se retrouver compromises …

Marc, lui, est son double ou son opposé – c'est selon. Ils ont fait leurs études ensemble, mais après une déconvenue professionnelle – ou bien pour une autre raison qu'on découvrira au cours du récit – il va partir subitement courir le monde, toujours en mouvement au creux de cette houle mondialisée avec ses hauts et ses bas qui le porte d'une plateforme offshore à une autre. Il faut dire qu'il est arrivé en pleine période thatchérienne, à une époque où la mondialisation balayait l'Angleterre comme une tempête sauvage, détruisant toute protection sociale comme un fétu de paille. Et il a surfé sur la vague, passant d'un continent à l'autre pour se vendre au plus offrant.

Et puis Marc et Margaret se sont éloignés l'un de l'autre à la manière de cette tectonique des plaques qui éloignent les continents les uns des autres. Pourtant on le sent dès les premières pages ils étaient très liés l'un à l'autre, à l'image de cette terre, le Doggerland, reliant la Grande-Bretagne au reste de l'Europe durant les glaciations quaternaires. Un mystérieux fil les relit, à l'image de cette terre immergée sur laquelle Margaret enquête.
Mais Marc n'a-t-il perdu toute possibilité désormais de s'arrimer, de se stabiliser et de vivre en continu une relation dans un même lieu ?
C'est paradoxalement cette petite ville d'Esbjerg, où a lieu le Colloque de scientifiques où ils sont tous deux invités à intervenir, qui est son point d'attache. Là où, entre deux missions, Marc a trouvé la poitrine généreuse d'une propriétaire d'une maison d'hôte pour l'accueillir. »La figure de Pia Andersen, telle un abri de marin. » Parce que ce mouvement perpétuel, engendré par le flux de la mondialisation, a des conséquences perverses sur la personnalité de ceux qui s'y adonnent –un libéralisme pur et dur aux séquelles puissantes qu'Élisabeth Filhol dépeint très bien.
De l'autre côté il y a ces fouilles archéologiques que mène Margaret et son équipe pour mettre à jour le « Dogger Bank » : Élisabeth file la métaphore en utilisant les soubresauts d'une tempête ou les paysages malmenés par l'homme moderne pour décrire ce qui se passe au-dedans de nous.
Car le danger guète. A force de perforer des terres immergées dans une zone à risques, on peut déclencher des catastrophes, comme cela a failli être le cas lors de l'accident d'Elgin le 25 mars 2012, qui aurait pu être très meurtrier si le vent n'avait pas été favorable ce jour-là.

Écriture au présent, avec de longues et belles phrases qui se déroulent comme un beau fil à dénouer, « Doggerland » est en définitive un livre puissamment politique, dans le bon sens du terme. La question de l'environnement y est omniprésente, mais sans être un pensum : elle aurait pu nous écrire un essai sur les risques liés à l'exploitation démesurée des hydrocarbures en Mer du Nord (tout est méticuleusement documenté) mais elle a choisi plutôt un récit captivant pour nous faire passer son message.
Oui « Doggerland » est un livre foisonnant, parce que les thèmes qu'il aborde se révèlent les uns après les autres. Comment l'auteure réussit-elle à nous captiver en nous parlant d'activité pétrolifère offshore ? Et encore plus pour qu'on suive les découvertes archéologiques à propos de cette terre émergée entre l'Angleterre et le Danemark datant il y a 8 000 ans ? Mystère. Et on pourtant on est bel et bien sous le charme de cette écriture ensorcelante, fascinante, et enthousiasmante.
On ne dira rien de l'affrontement final entre les deux protagonistes qui ont réussi à se frayer un passage par-dessus la Mer du Nord pour se rejoindre.
Ni rien de l'épilogue final, qui se situe 6 150 ans avant Jésus-Christ.
On dira juste encore une fois qu'il faut se précipiter sur le roman de « Doggerland ».
En espérant que vous y trouverez autant de plaisir que j'en ai eu pour ma part.
Commenter  J’apprécie          260
S'il y a bien des lois que je respecte, ce sont celles de la parité et celle de l'alternance. Surtout en ce qui concerne mes lectures.
Une bouse, une perle, une bouse, une perle, une… comment dire pour définir Doggerland. Bouse serait injuste car le sujet prête à réfléchir et que l'intérêt pointe le bout de son museau au bout d'un temps certain, mais l'accouchement fut difficile et loin d'être sans douleur. Pour tout dire j'ai voulu abandonner plus d'une fois tant l'écriture d'Elisabeth Filhol m'a ennuyé, tant j'ai été largué dans ses phrases interminables. La Bretonne m'a obligé à le finir, j'ai pas une vie facile j'vous dis.

Bon y a quand même un truc qui m'a fait marrer, une sorte d'hommage à Bigard et à sa chauve souris enragée :

« Longtemps Esbjerg a été ce point particulier sur la carte qui lui tenait lieu de repère, qui avait valeur de point d'ancrage. Il bénit la Prusse, il remercie les Prussiens. Parce que, imaginons qu'ils n'aient pas gagné, que le Danemark n'ait pas été réduit ce jour-là à la portion congrue, cantonné à ses ports de la Baltique, Aarhus, Copenhague, sans rien de véritablement convaincant de l'autre coté, coté mer du nord ; imaginons qu'ils n'aient pas perdu le Schleswig-Holstein et son ouverture vers la mer, eux les Danois, ils n'auraient pas fondé Esbjerg. Leur parlement n'aurait pas voté en 1868 le creusement d'un grand port de commerce en lieu et place d'un embryon de quai et dix cabanes de pêcheurs à cet endroit. Et les champs derrière le port n'auraient pas été lotis puis des dizaines de rues tracées à angle droit, dans un périmètre d'environ deux kilomètres par trois qui délimite aujourd'hui le centre historique.»
Dans la famille « si ma tante en avait… », je veux bien Madame Filhol. Bonne pioche.

Je vais vous épargner la suite parce que j'ai cru que j'allais manquer d'air. La phrase suivante commence sept lignes avant le bas de la page 169 et se termine un peu après le milieu de la page 171. J'ai aimé « le grand bleu » mais mes capacités en apnée se sont révélées ridicules. Déjà mi page 170, j'avais commencé à prendre une teinte Schtroumpf. Faut dire aussi tout l'intérêt de ce passage.
L'idée, toujours la même. Si les Prussiens blablabla, et les danois n'auraient pas construit le restaurant parce que la ville n'aurait pas existée et que machin n'aurait donc pas pu y manger son fish and chips mais que c'est pas pour ça que les poissons s'en seraient tirés parce que rien ne dit qu'un pêcheur ne les aurait pas pêché quand même et qu'ils auraient peut être fini en poissons panés, servis avec de la purée dans un collège d'une ville construite grâce à la victoires des abeilles sur les Mayas. Bref, ça fait bien flipper tout ça.
Je pourrai citer aussi d'autres grands moments de solitude du lecteur avec des passages où il est question de valise avec la poignée en position levée, pis un peu plus loin la même poignée de la même valise ( si si la même, j'ai relu plusieurs fois pour être sur) en position baissée ou encore ce moment où avec la main droite (on ne sait pas ce qu'elle fait de la gauche à ce moment là, on reste dans le flou) elle saisie la télécommande ou encore quand elle est pieds nus sur cette belle moquette orange et grise en laine de chez Saint Maclou (je dis Saint Maclou parce que j'ai pas retenu tout le pédigrée) qui l'a faite fabriquer à partir de laine de mouton de l'élevage du mec qui fournit aussi le fabricant de gilets pour berger de la pub d'un fromage de brebis.
Oh j'allais oublier, je m'en serais voulu, probablement le plus grand moment où je me suis dit qu'elle n'allait pas faire ça madame Filhol. Mais qu'est ce qu'elle a donc fait ? Suspens suspens.
Page 186 à 188, elle nous raconte Bip Bip et le coyote. Tout est décortiqué, expliqué. Si vous n'avez pas compris un épisode du dessin animé, lisez « Doggerland », tout deviendra limpide.
Euh, l'histoire ?
Ah oui, je ne vous ai pas dit. Alors c'est l'histoire de Ted qui bosse au météo France local et qui flippe pour sa tite soeur Margaret géologue de son état qui, en compagnie de son mari Stephen (chercheur de pétrole, gaz etc) doit se rendre à Esbjerg (le truc des Prussiens, souvenez vous) pour une conférence où elle va retrouver Marc, son ex (trouveur de pétrole) perdu de vu depuis plus de vingt ans.
Pourquoi qu'y flippe Ted ? Tadadam, parce que se prépare la tempête du siècle, que dis je, du millénaire, en mer du Nord et que prendre l'avion depuis Aberdeen pour rejoindre Esbjerg (nan c'est pas en Prussie) c'est un peu être comme un crocodile qui entrerait dans une maroquinerie, vous voyez l'idée, c'est pas fin.
Deux cent cinquante pages où chaque geste est décortiqué, on se croirait sur canal plus avec le but de Neymar vu au ralenti sous 75 angles différents, deux cent cinquante pages ou le néolithique et tous les âges qui tiquent me les ont brisé menues. Une punition.
Alors pourquoi pas une bouse ?
Parce qu'en toile de fond, il y a notre planète qui se révolte. Il suffirait de peu de choses pour qu'elle expulse les locataires de passage que nous sommes. Séismes sous marins, tsunamis, quelques secondes et la terre retrouve la paix.
Les cent dernières pages changent un peu de ton. Les retrouvailles des ex avec les explications, les regrets, les espoirs. On est pas chez Harlequin même si on se doute de ce qui va se passer (non ils ne couchent pas, m'enfin) mais ça fait presque du bien de sortir du mode descriptif à outrance.

Vous l'aurez peut être compris, j'ai apprécié moyen moins quand même.
Je ne suis pas un littéraire et certaines subtilités m'échappent peut être mais mettre des mots pour faire du volume, y a un moment où ça ce voit.
Pas sur de me pencher sur l'oeuvre littéraire de madame Filhol, ni de lui envoyer mon CV pour un poste d'attaché de presse, je suis pas sur que j'aurais mes chances.
Commenter  J’apprécie          5518




Lecteurs (147) Voir plus



Quiz Voir plus

Pas de sciences sans savoir (quiz complètement loufoque)

Présent - 1ère personne du pluriel :

Nous savons.
Nous savonnons (surtout à Marseille).

10 questions
414 lecteurs ont répondu
Thèmes : science , savoir , conjugaison , humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}