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2,4

sur 95 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'OUBLI - Jamais les pensées n'avaient fusé à ce point

Ce livre m'a impressionnée. du haut de mes quatorze ans, il m'a captivée, intéressée, fait réfléchir. Je pense que personne ne peut remettre en cause le talent de Frederika Amalia Finkelstein, cette jeune auteure de vingt-trois ans qui a réussi à jouer avec les mots et ses pensées - sans les apprivoiser pour autant.

Ce roman aux allures d'essai philosophique s'est révélé être, à mon sens, une autobiographie. Nous suivons Alma, avatar de l'auteure, qui erre dans Saint-Germain-des-Prés pendant l'une de ses insomnies. Alma écrira au rythme de ses pensées sur la seconde guerre mondiale, Hitler et l'oubli - le devoir de mémoire, durant ce laps de temps. Au cours du roman, on apprendra que son grand-père "n'est pas mort à Auschwitz mais à Buchenwald", pour ensuite découvrir qu'il a échappé de justesse aux camps de concentration. "L'oubli" est un "cri" lancé à l'humanité, qui paradoxalement appelle au devoir de mémoire, qui dénonce par moments une réalité cruelle, qui assène des vérités qui font peur. L'auteure se cache parfois derrière une attitude froide et implacable, mais je n'ai à aucun moment trouvé que cette façade était déplacée ; Frederika Amalia Finkelstein plaçait juste des mots sur un sujet sombre.

Une des originalités de ce livre est la forme. L'auteure écrit ses réflexions dans un désordre ahurissant ; elle écrit au fil de ses pensées. Cela m'a d'ailleurs rappelé Claude Simon, un des fondateurs de ce genre de récits. Cette forme rend le roman très réaliste ; lorsque l'on pense, rien n'est structuré. En réalité, nos pensées sont emmêlées et entremêlées dans un chaos innommable. Et c'est pour cela que je trouve cette forme très pertinente ; ce n'est pas par facilité que l'auteure a écrit ainsi mais, à mon sens, pour rendre son livre plus réaliste, pour mieux exprimer son malaise d'avoir échappé à l'horreur de la seconde guerre mondiale, de la Shoah, de la mort omniprésente - son malaise de pouvoir jouer à GTA en buvant du Coca comme n'importe quel adolescent alors qu'une sombre époque l'a précédée. Certes c'était par moments dur à suivre, mais pouvons-nous reprocher à l'auteure d'avoir choisi cette forme plutôt qu'une autre ?

Le récit était pertinent, même si j'avoue ne pas avoir compris certains parallèles utilisés. Les rapports entre Daft Punk, le Pepsi et la seconde guerre mondiale n'était au premier abord pas réellement cohérents, mais ces comparaisons étaient développées durant le livre et cela permettait de comprendre au fur et à mesure la raison de ces parallèles, en découvrant le passé d'Alma. Certaines réflexions étaient subites et tordues, mais je pense qu'a partir du moment où une pensée est écrite, si elle est "vraie" au moment où la personne l'a formulée dans son esprit, on ne peut pas la dénigrer ou la remettre en question, peu importe si elle est justifiée ou argumentée. Alors, malgré certaines pensées étrangers et certains parallèles inattendus, j'ai trouvé le personnage d'Alma tout à fait pertinent.
Lien : https://lecturesbyjuliette.w..
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Une nouvelle façon ( pour moi, en tout cas) de voir l'Holocauste. Sous le titre, Frederika Amalia Finkelstein lance un cri de désespoir : Je veux oublier, dit-elle ; en fait, la "solution finale" lui a enlevé son grand-père et a laissé des stigmates irréversibles dans sa vie. Cette vision de l'horreur a un profond écho dans mon ressenti : je connais les camps d'Auschwitz et j'ai au moins un ami qui y a lui aussi perdu ses grands-parents. Est-ce une plaie dont on peut se guérir ? J'en doute, c'est là où je rejoins l'auteur(e) : on voudrait oublier et apprendre à vivre avec ...
F.A.Finkelstein est déroutante dans son récit, tantôt sauvage, tantôt blessée à mort ; son écriture perturbe, dérange, interpelle : tant mieux, ce sujet ne peut être traité avec désinvolture.
Ce roman (témoignage ??) n'est pas facile, mais on ne doit pas oublier !
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J'ai trouvé ce livre dur, beau, choquant et qui ne peut laisser indifférent. Il y a de la brutalité et de la froideur avec des éclairs de pur génie. Une fois refermé "l'Oubli" m'a laissé dans une impression de malaise. Un livre vrai et douloureux.
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Alma Dorothéa renonce à se souvenir de son grand-père mort à Auschwitz. Elle alimente son oubli avec des jeux vidéo et des bulles de coca-cola. Jusqu'au jour où elle rencontre la petite-fille d'Eichmann, Martha.
Martha ne se souvient pas du nom de ce camp de la mort. Voilà tout le paradoxe. Celle qui aurait mérité d'oublier, se souvient. Celle qui devrait porter la faute n'a pas la mémoire.
Frederika Amalia Finkelstein nous livre un essai ardu sur cette mémoire que l'on ne maitrise pas.
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Alma a 24 ans, la musique de Daft Punk dans les oreilles, une canette de Coca dans la main, elle marche dans les rues de Paris. Oublier est son leitmotiv. Mais cela ne fait que lui faire penser à la shoah.
Elle a rencontré la veille la petite fille d'Adolf Eichmann qui semblait ignorer le nom d'Auschwitz.
Alors Alma est habitée par le souvenir l'holocauste qu'elle n'a pas vécu. Son grand-père qui aurait du mourir comme les autres s'est exilé en Argentine. Que fait Alma dans cette vie où elle aurait pu ne pas vivre ? Alma se souvient, Alma ment, Alma essaye de comprendre ce qui s'est passé pendant la guerre. Avec son intelligence brillante, elle exprime toutes les facettes de ses interrogations.
Cette jeune fille est touchante, on lui pardonne tout : ses mensonges, sa candeur, sa cruauté, ses errances, son déni de la réalité. Elle a du mal à vivre, elle est écrasée par l'histoire. On voudrait la prendre par la main lui donner un cheval gagnant pour l'apaiser un peu, afin qu'elle oublie ses tourments.
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Ce roman est pour moi une grande surprise, je ne m'attendais tout simplement pas à ce que ce livre me touche autant, trouve, avec tant de facilité, le chemin vers mon coeur. L'auteure arrive à mettre des mots sur nos contradictions, nos aspirations et nos hantises. Ayant la vingtaine comme cette jeune auteure, j'ai eu l'impression qu'elle me comprenait parfaitement : elle a mis des mots sur le chaos d'une génération prise en étau entre un passé inhumain et un futur incertain. C'est un livre, c'est un miroir, les deux à la fois.

Le style d'écriture est assez concis, rigoureux : l'auteur fait l'autopsie de ses émotions de manière très rigoureuse. Ses mots, parfois d'une froideur implacable, sont utilisés comme un scalpel sur notre âme analysée et malmenée sans aucune pitié. Mais, malgré ce style très mécanique, l'émotion perce, et à travers des phrases courtes et simples, on ressent tout le bouillonnement, tout le chaos intérieur qu'elle ressent, que nous ressentons.

On ressent dans ce livre tout le poids de l'Histoire, de cette Hisotire qui a tué six millions de juifs, de notre histoire à tout un chacun. Peut-on écrire après la Shoah ? Les années ont passé, oui, mais, est-ce-que cela change quelque chose ? La Shoah reste là, avec son sourire torve, à nous narguer par son horreur même.

Le philosophe Adorno avait évoqué cette impossibilité d'écrire après la Shoah: « Auschwitz a prouvé de façon irréfutable l'échec de la culture », « Toute culture consécutive à Auschwitz, y compris sa critique urgente, n'est qu'un tas d'ordures ».

L'auteure pose ici, sans le dire explicitement, la même question qu'Adorno. Peut-on écrire après la Shoah ? Comment vivre après la Shoah ? Ne serait-il pas plus facile d'oublier ? Pourquoi nous perdons-nous dans les jeux-vidéos, dans les télé-réalités, dans la sur-consommation ? Peut-^tre car nous ne sommes pas capable d'affronter notre propre reflet ? Voilà ce que se demande la narratrice, Alma.

Le sujet est lourd, le style particulier, avec ce livre, c'est un peu le quitte ou double. Mais il faut le tenter!
Lien : http://attrape-mots.blogspot..
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