Citations sur La femme à la fenêtre (50)
Devrais-je lui demander de déposer la boîte dans le vestibule? Ce n'est sans doute pas la façon la plus cordiale d'accueillir un voisin, mais je ne me suis pas lavée depuis deux jours....
- Entrez, dis-je finalement, en appuyant sur la touche d'ouverture.
Je songe à mon disque dur, rempli d’images volées. Et à Jane Russel qui m’a regardée sans ciller. Je ne suis pas invisible. Je ne suis pas morte. Je suis en vie, exposée, et honteuse.
Une réplique du Dr Brulov dans la Maison du docteur Edwardes me revient : « Ma chère petite, il est inutile de se cogner la tête contre les réalités et de prétendre qu’elles n’existent pas. »
Je me rends compte que je ne sais pas trop comment parler à un adolescent, ; les plus âgés de mes jeunes patients n'avaient que douze ans.
- Et si j'allumais cette bougie ?
Ethan hausse les épaules. Sourit.
- Si vous voulez.
Je me lève pour aller chercher une boite d'allumettes. J'en trouve une dans le bureau, rouge vif, avec les mots "The Red Cat" inscrits en travers. C'est le nom d'un restaurant où j'avais dîné avec Ed plus de deux ans auparavant. Trois, peut-être. Nous avions pris une tajine de poulet, me semble-t-il, et il avait beaucoup apprécié le vin. Je ne buvais pas autant, à l'époque.
J'oriente le viseur vers sa tête. Mon Nikon D5500, équipé d'une lentille Opteka, ne rate pas grand chose : tignasse grisonnante en bataille, fines lunettes bon marché, îlots de barbe naissante dans le creux de ses joues. Il apporte indéniablement plus de soin à ses chaussures qu'à son apparence.
Retour au 212, où Rita et l'artisan sont en train de se dévêtir en toute hâte. Je pourrais appeler les Renseignements, téléphoner chez elle et la prévenir... Je ne le ferai pas. Observer les autres, c'est comme tourner un documentaire animalier : on ne se mêle pas de la vie des bêtes.
Durant tout le trajet, ses doigts m'enserrent le bras, comme un tensiomètre. J'iamgine qu'il perçoit la circulation du sang dans les veines. C'est étrange d'être escortée ainsi; j'ai l'impression d'être une vieille dame. Je voudrais ouvrir les yeux et regarder son visage. Je n'en fais rien.
Qui suis-je pour vouloir expliquer aux autres comment surmonter leurs problèmes ?
[ psychothérapie ]
« Ne soyez pas en retard », c'était la règle numéro un aux yeux de Wesley.
« Pour certains de nos patients, ce sont les cinquante minutes les plus importantes de toute la semaine, me répétait-il souvent. Alors, de grâce, quoi que vous fassiez ou quoi que vous n'ayez pas eu le temps de faire, ne soyez pas en retard. »
Intéressée, moi, je le suis. Beaucoup. Pas par son corps – chaque fois que j’aperçois dans le viseur de mon appareil photo la ligne pâle de sa colonne vertébrale, ses omoplates saillantes, pareilles à deux moignons d’ailes ou le soutien-gorge bleu pastel emprisonnant ses seins, je détourne les yeux –, mais par la façon dont elle mène sa vie. Ses vies, plus exactement : elle en a deux de plus que moi.
Son mari a débouché au coin de la rue il y a quelques minutes, peu après midi. Il n’y avait pas longtemps que sa femme avait refermé la portée d’entrée sur elle et l’artisan. Ce retour impromptu relève de l’anomalie : le dimanche, M. Miller revient toujours chez lui à trois heures et quart. Il est réglé comme une horloge.
Je soulève ma tête de l’oreiller sans pouvoir réprimer un gémissement et m’efforce d’aspirer de courtes bouffées d’air. En même temps, la colère me gagne. De quel droit se permet-il de dire comment je me sens ? Il ne me connaît même pas, ce flic ! D’ailleurs, ai-je déjà rencontré un flic ? Oui, sans doute, à l’occasion d’une contravention…
La caractéristique essentielle de l’agoraphobie est une anxiété liée au fait de se trouver dans des endroits d’où il pourrait être difficile (ou gênant) de s’échapper… Elle conduit typiquement à un évitement envahissant de nombreuses situations pouvant inclure le fait d’être seul hors de son domicile ou d’être seul chez soi ; d’être dans une foule ; de voyager en voiture, en bus ou en avion ; ou d’être sur un pont ou dans un ascenseur.