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Critique de Charybde2


En moins de 100 pages ancrées dans l'héritage de Fredric Jameson et de Slavoj Žižek comme dans une pop culture foisonnante et active, une redoutable analyse de ce que nous fait le capitalisme contemporain, en profondeur.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/02/02/note-de-lecture-le-realisme-capitaliste-mark-fisher/

C'est grâce à l'épisode 3 de Planète B (à regarder ici), l'émission science-fiction et politique de Blast proposée par La Volte, la librairie Charybde et Antoine Daer (St.Epondyle) que je me suis plongé dans cet essai incisif publié par le philosophe Mark Fisher en 2009, alors qu'il bloguait depuis déjà six ans des billets de théorie culturelle sous le pseudonyme déjà célèbre de k-punk. Avec son sous-titre « N'y a-t-il aucune alternative ? », il a été traduit en français en 2018 par Julien Guazzini aux éditions Entremonde.

De filiation philosophique marxiste, adversaire résolu du néo-libéralisme, il ancre son défi spéculatif et alerte lancé à la vulgate thatchérienne et à son appel à surtout ne pas imaginer pour mieux obéir aux diktats qui font le profit de quelques-uns, le confort d'un nombre un peu plus grand, et la pauvreté de la plupart des autres, il s'appuie sans hésiter sur les travaux antérieurs de Slavoj Žižek et de Fredric Jameson, friands comme lui d'extraction de sens politique pertinent à partir de motifs issus de la pop culture ambiante, à l'image du parcours, cité ci-dessus, au sein des « Fils de l'homme » (les pages où il justifie respectueusement sa préférence pour le terme de « réalisme capitaliste » plutôt que celui de « postmodernisme » au sens jamesonien, justement, sont à elles seules déjà captivantes).

En à peine 100 pages, et en mobilisant des sources et références aussi diverses que Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mike Davis, Judith Butler ou David Harvey, du côté théorique, ou que William Gibson, Ursula K. le Guin, Francis Ford Coppola ou Robert Ludlum, du côté pop culturel, et pour n'en citer que quelques-unes, il élabore avec un grand brio des concepts aussi robustes et précieux que l'illusionnisme capitaliste tardif, le stalinisme de marché, l'antiproduction bureaucratique, le travail du rêve et le trouble de la mémoire, l'absence de centralité et les errements de la fluidité survalorisée. En neuf chapitres analytiques, il propose autant de pistes et de questions destinées à alimenter une résistance authentique et une échappée productive hors des filets pourtant si bien tendus. Mark Fisher nous offre ainsi un bréviaire particulièrement précieux pour continuer à avancer en dépit des obstacles, une paradoxale bouffée d'espoir pourtant conçue par un dépressif chronique, tragiquement décédé à 48 ans.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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