"[...] la vie est d'une incroyable richesse, et si nous n'y trouvons rien il ne faut pas en accuser la vie, mais nous en accuser nous-mêmes."
'Il avait bien fallu comprendre que le mariage exigeait un difficile ajustement de deux existences qui devaient se plier l'une à l'autre, et que l'amour n'occupait qu'une place fort restreinte, dans une longue, très longue journée de vie commune."
_"J'ai perdu un certain nombre de choses, à la guerre, reprit Charley, d'une voix qui tremblait légèrement. Oui, des choses qui faisaient partie de moi, que j'essaie de retrouver. Mais elles sont vraiment perdues. C'était ma guerre, en quelque sorte, et tu ne peux pas haïr quelque chose qui est à toi."
"Les êtres sensibles et intelligents, qui passent leur temps à aider les autres, n'ont peut-être jamais le temps de chercher le bonheur pour eux-mêmes."
Si les gens vieillissent, c'est qu'ils réfléchissent trop.
"Il fallait qu'il vienne en aide à Charley Hart parce que la vie serait intolérable si personne n'aidait jamais personne, si un être humain pouvait se trouver aussi affreusement seul, aussi affreusement abandonné que Charley Hart l'avait été ce soir-là."
"[...] tout avait basculé dans les profondeurs de la nuit, qui efface toute distance, toute différence, toute importance, rend tout semblable, comme la mort."
Il prit l'un des cigares que lui offrait Abercrombie, en tira une longue bouffée, puis regarda se faner l'or du ciel, se déployer le rideau gris du crépuscule - et son visage fatigué laissait croire qu'il était plongé dans de profondes réflexions. Ils étaient tous partis : le petit garçon et sa bicyclette, la petite Noire, le bébé, le chaton. Du fond des misérables bungalows, on entendait les notes graves des pianos, qui poussaient les grillons à leur faire concurrence. Des gramophones aigrelets y mêlaient par à-coups des fragments de rag-times plaintifs - et c'était comme si chaque maison de la rue s'était ouverte sur la nuit.
Il avait quarante-six ans. Il travaillait dur. Il était marié à une femme qui avait vécu ses meilleures années dans sa prime jeunesse, ce qui est sans doute, dans une démocratie, la définition même de la misère.