AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,61

sur 32 notes
5
0 avis
4
2 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est au château de Combourg (demeure de la famille Chateaubriand) que j'ai découvert ce récit de voyage. La Bretagne, ça vous gagne (et Flaubert aussi finalement), pour parodier un slogan publicitaire, aussi ai-je entrepris cette lecture après mes vacances… en Bretagne.

« Nulle route, nul sentier ne s'ouvrait devant nous; nous allions à l'aventure par les champs et par les grèves, trouvant notre chemin comme nous le pouvions, sautant de prairie en prairie, marchant dans ces terrains où nos pieds enfonçaient, écrasant les joncs qui criaient sous nos pas et rencontrant quelques troupeaux de maigres vaches conduits par des femmes déguenillées qui nous regardaient curieusement passer. »

A nos yeux de 2023, ce voyage paraît extraordinaire : pour nos deux Normands, la Bretagne est un vrai dépaysement et ils vont la parcourir en bateau, en voiture à cheval et surtout à pied. Ils sont jeunes (Flaubert a 26 ans et son ami du Camp 25 – ne pas se fier à la photo de Flaubert sur la couverture) et pleins d'énergie, de curiosité, capables de supporter de mauvais lits et de mauvais repas mais appréciant grandement une hospitalité de qualité. Ils partiront du sud de la région, Vannes et Auray, Carnac, Belle-Ile en Mer, et remonteront vers le Finistère, par Quimper, Concarneau, la Pointe du Raz, Brest, Fouesnant, Douarnenez, les monts d'Arrhée, Saint-Brieuc, Saint-Malo et Cancale, Dol-de-Bretagne, Combourg, Dinan et j'en passe, pour terminer à Fougères. Les deux compères vont nous conter et nous décrire par le menu leurs visites d'églises (très nombreuses – et, malgré tout mon respect pour les églises, un peu ennuyeuses à la longue) mais aussi de vestiges celtiques et de châteaux pour la plupart en ruines, leur tour pédestre de Belle-ïle en quatorze heures (quel courage !), des épisodes de « folklore » local comme les processions et les pardons, un spectacle de cirque ambulant, les quartiers chauds de Brest, une folle et sauvage équipée à la Pointe du Raz, leur recherche émouvante des traces De Chateaubriand à Combourg et sur le Grand Bé à Saint-Malo, et bien d'autres choses.

Il faut avouer que Flaubert et du Camp ont sans doute un a priori sur les Bretons, surtout ceux du Sud et du Finistère, qu'ils estiment très pauvres et bas du plafond. Il est vrai que la Bretagne à l'époque était une région pauvre et très indépendante et il faut attendre les Côtes-d'Armor et l'Ille-et-Vilaine pour trouver plus d'aisance financière, n'empêche qu'ils expriment parfois un mépris surprenant. Ceci dit, j'ai apprécié leur sens de l'observation et la finesse de leurs descriptions (j'ai bien aimé leur critique des alignements de Carnac). Ils aiment marcher, voyager mais aussi prendre leur temps et se reposer, ils aiment la nature, « aller à l'aventure, par les champs et par les grèves » et certaines de leurs remarques valent encore pour notre époque.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
Commenter  J’apprécie          120
A lire comme on déguste un plat du terroir finement cuisiné, parfumé d'iode et accompagné d'une tranche de pain bis au beurre salé.
Nous suivons nos deux compères dans leurs errances sur les landes et les rivages, frottés d'herbes sauvages, enivrés d'air et d'espace, vagabonds crottés avides de sensations, imperméables au pittoresque facile et aux attraits poussiéreux des bourgades endormies. Méprisant le folklore druidique aussi bien que les traditions locales, les deux insolents marcheurs avancent au gré de leur fantaisie, sous un soleil qui donne soif.
Mais qu'importe leur parcours, toute la saveur est dans la façon dont ils racontent. Un récit qui fait de chaque anecdote, de chaque rencontre, de chaque paysage une sorte de tableau impressionniste. Des touches de couleurs qui créent une atmosphère, un sentiment de liberté, de mystère, de fusion avec les éléments, air, mer, lumière, rochers, sable et coquillages.
Et puis des remarques sur les habitudes de la campagne, la façon d'indiquer le chemin: "En face de cette hauteur où nous étions, Plouharnel se montrant sur la côte opposée, le clocher de son église, certes, paraissait facile à atteindre, il n'y avait qu'à suivre "tout droit" ainsi que disent les paysans. Comme si c'était chose fort aisée à faire que de suivre tout droit n'importe quoi, même quand on a devant les yeux un clocher ou une girouette." Dans un autre récit écrit un siècle et demi plus tard, Axel Kahn note exactement la même chose: que veut dire "aller tout droit" quand tout le relief est sinueux, courbe ou vallonné?
Inutile d'essayer de suivre leur parcours sur google map. Ce qui est à retenir, ce n'est pas l'adresse d'une auberge gastronomique à Quiberon, c'est le plaisir d'arpenter un territoire suspendu entre ciel et mer, entre champs d'orge et falaises battues par les vagues, entre le chant des alouettes et les cris de goélands.
Commenter  J’apprécie          120


Lecteurs (110) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Éducation Sentimentale

Fumichon, concernant la propriété, évoque les arguments d'un homme politique dont Flaubert parle en ces terme dans une lettre à George Sand: "Peut-on voir un plus triomphant imbécile, un croûtard plus abject, un plus étroniforme bourgeois! Non! Rien ne peut donner l'idée du vomissement que m'inspire ce vieux melon diplomatique, arrondissant sa bêtise sur le fumier de la Bourgeoisie!". De qui s'agit-il?

Benjamin Constant
Adolphe Thiers
Proudhon
Frédéric Bastiat
Turgot

8 questions
174 lecteurs ont répondu
Thème : L'Education sentimentale de Gustave FlaubertCréer un quiz sur ce livre

{* *}