Je me souviens de l'imperméable rouge que je portais l'été de mes vingt ans

Je me souviens que les mots -habit, habitation et habitude- partagent une commune étymologie. (p. 178)

Je me souviens qu'il m'est impossible de porter certaines tenues associées à de mauvais souvenirs. (p. 185)

Je me souviens que, jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, le vêtement devait être un signe transparent et désigner explicitement la classe, le rang, l'âge, le genre de la personne qui le portait. (p. 74)

Je me souviens des magasins de lingerie Lindsor créés par mon oncle Jo. Lorsqu'il m'avait demandé si je voulais entrer à mon tour dans l'entreprise familiale, j'avais refusé Je préférais les textes aux textiles. (Je me suis parfois posé la question, bien plus tard, de savoir quelle vie j'aurais eue si j'avais dit oui.) (p.86)

Je me souviens que ma mère prononçait des mots merveilleux comme crêpe de Chine, fil d'Ecosse, ciel de lit, ceinture coulissante, gros- grain, échancrure, pattemouille. (p. 19)

Je me souviens que sous les pseudonymes de Marguerite de Ponty ou Miss Satin, Mallarmé fut le directeur et l'unique rédacteur de " La Dernière Mode. Gazette du monde et de la famille ".

Je me souviens qu'Yves Saint Laurent a imaginé le smoking féminin. Ce fut un scandale. Des femmes habillées par le couturier furent interdites d'entrer dans de grands hôtels ou palaces réputés. C'était en 1966.

Je me souviens que le mot tirette pour fermeture Eclair est un belgicisme. Lichette aussi.

Je me souviens que Mary Quant avait inventé la minijupe pour que les femmes puissent courir et attraper le bus.

Je me souviens que Barbey d'Aurevilly ironisait: "Les femmes qui écrivent ne sont plus des femmes. Ce sont des hommes-du moins de prétention-, et manqués ! Ce sont des bas-bleus." (p. 56)